que siècle, des différens maîtres qui y brillèrent, et les manières distinctes de chaque école.
Ainsi voyons-nous que, dans l’antiquité, le connoisseur discernoit, sans hésiter, le style (εργασια) de l’aucienne école attique, le style de la nouvelle, le style de l’école helladique, le style de l’école de Sicyone, de l’école d’Egine, de l’école de Corinthe, etc. Ainsi, le style de chaque période de l’art se manifestoit clairement. Et encore aujourd’hui, le savoir de l’artiste et de l’archéologue parvient aisément à discerner, au moins les grandes variétés de style qui séparent les productions d’âges distans les uns des autres.
Style est, dans le langage des arts du dessin, très-souvent synonyme de manière, et peut-être pourroit-on, pour trouver une distinction entre ces deux mots, dire, que manière comporteroit une idée plus spécialement applicable, soit à l’exécution de l’ouvrage, soit au talent pratique de l’artiste, lorsque le mot style désigneroit plutôt l’emploi des qualités morales qui déterminent la manière, ou encore le résultat de qualités générales qui influent sur le goût de chaque siècle, de chaque pays, de chaque école, de chaque genre.
Selon cette distinction, si l’on, parle, par exemple, des ouvrages de Raphaël, on dira qu’il a eu trois manières plutôt que trois styles. C’est que l’on compare le plus souvent ses productions, sous un certain rapport technique, qui se fait remarquer sensiblement aux yeux par l’exécution. Mais s’il s’agit de comparer le même maître dans l’ensemble des qualités qui embrassent la conception, la composition, la noblesse des formes, des caractères de tête, des ajustemens, avec Michel Ange, on dira, je pense, que ce dernier eut une manière de dessiner plus savante, une manière plus hardie, mais que Raphaël l’emporte sur lui par le style.
En suivant cette même distinction, si l’on compare l’école vénitienue à l’école romaine, la première sera autant supérieure à l’autre par la manière de peindre et de colorer, qu’elle lui cédera pour la noblesse et la grandeur du style.
Ceci me porte à faire remarquer, qu’on n’use guère du mot style à l’égard de la couleur et de l’harmonie des teintes. On dit le style du dessin, le style de composition, de draperies, etc. , et l’on ne dit pointstyle de couleur, style d’harmonie, mais plutôt manière de colorer, manière de clair-obscur, etc.
Ce qu’un vient de dire des arts d’imitation de la nature corporelle, nous paroît convenir également aux œuvres de l’architecture. Le mot style, en tant qu’il indique, dans cet art, des différences de système, de goût et de physionomie, soit entre les peuples, soit entre les siècles, soit entre les artistes de même époque, prend les mêmes acceptions, reçoit les mêmes distinctions.
Style, dans les monumens de l’art de bâtir,
indique, ce qui forme le trait caractéristique du goût local de chaque pays, ce qui fait que presque personne ne sauroit s’y méprendre. Ainsi le style égyptien se fait reconnoître à l’uniformité de ses masses, à la monotonie de ses détails, à la simplicité de ses lignes et à une grande recherche de solidité. Ainsi le style arabe ou gothique, opposé eu tout au style de l’Egypte, a une physionomie qui ne permet à personne de le méconnoître, au premier aspect.
Nous ne dirons rien ici du style de l’architecture grecque, parce que cet article n’a pas pour objet l’analyse de tous les styles mais seulement l’analyse de la notion, de la signification, el des acceptions du mot style. Nous nous contenterons donc de faire simplement remarquer, que ce mot s’applique aux diverses variétés que l’art de bâtir des Grecs a subies dans le cours des âges. Ainsi les architectes distinguent-ils dans les monumens et dans les variations de leurs goûts, plus d’une diversité de style.
On reconnoît le style antique grec, dans les formes et les proportions de l’ordre dorique sans base.
On reconnoît le style des époques suivantes, à l’alongement même des formes et des proportions du dorique, à l’emploi plus commun de ceux des ordres, qui comportent plus d’ornemens, chez les Romains surtout, à la préférence donnée au corinthien, à l’emploi et, il faut le dire, à l’excès de la richesse, à la profusion des ressources décoratives, et à l’abandon des types élémentaires, ou des principes qui forment la constitution de cet art.
Enfin, on appelle style du bas âge de l’architecture grecque ou graeco-romaine, celui qui se sait distinguer par une ignorance des raisons, qui avoient assigné à chaque forme sa place, à chaque emploi sa forme, à chaque destination sa physionomie. On le reconnoît à un mélange désordonné, produit par l’habitude même de faire servir des débris d’anciens édifices, à des édifices nouveaux, d’où naquit l’entière confusion des types et l’oubli de tout ordre.
Les architectes usent aussi du mot style pour désigner le goût de toutes les parties qui entrent dans l’ensemble de l’architecture. Ils reconnoissent un style de formes el de proportions, un style de profils et de détails, un style de décoration et d’ornemens.
Ainsi l’architecture, celui de tous les arts du dessin, qui semble le moins en rapport avec ce qu’on appelle l’art d’écrire ou la littérature, n’en a pas moins adopté l’espèce de métonymie qui transporta jadis à l’expression intellectuelle des idées, la notion de l’instrument, destiné, dans l’origine, à n’en tracer que les signes. Et pourquoi celle métaphore ne lui seroit-elle pas aussi justement applicable, s’il est vrai que, selon l’esprit qui constitue le genre de son imitation, cet art, par tel ou tel autre choix de formes et de pro-