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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/475

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ligettes de métal, qui traversant l’épaisseur de la terre cuite, étoient scellées dans le massif de la construction, et dont l’ouverture disparoissoit ensuit par l’introduction de quelque stac ou mortier.

Nous renvoyons au Recueil dont nous avons donné le litre plus haut, le lecteur qui voudroit connoître à combien de genres d’ornemens d’architecture la terre cuite fut employée. Mais pour se faire une plus juste idée de la variété, de l’élégance et du bon goût d’un grand nombre des sujets que la plastique fut multiplier en ce genre, nous recommanderons surtout la belle collection de M. Towneley qui, après la mort de ce célèbre amateur, a passé duns celle du British Muséum, qui a été publiée sous le titre de A Description of the collection of antient terracottas. On y remarque un bon nombre de composition qui se trouvent aussi dans des bas-reliefs en marbre ; en sone qu’on ne sauroit dire si les marbres ont été copiés d’après les terres cuites, ou si ces dernières surent des répétitions de marbres renommés.

Les terres cuites, qui entrèrent, sous de trèsnombreux rapports, dans les ornemens de tout genre des édifices antiques, reçurent très-fréquemment des couleurs : ce qui n’étonnera point ceux qui savent, combien fut usuelle et générale la pratique de peindre jusqu’à l’extérieur des monumens sacrés et profanes. La sui e des bas-reliefs Volsques en terre cuite trouvés à Velletri, nous fait voir ces bas-reliefs revêtus de différentes teintes, qui leur donnoient jusqu’à un certain point l’apparence de tableaux. Mais les enduits de couleur pouvoient avoir encore pour objet, d’en rendre par une teinte égale, la matière plus uniforme à l’œil, et aussi de les garantir contre les intempéries des saisons.

L’usage des ornemens de terre cuite dans l’architecture s’est conservé par tradition en Italie. Les villes de Milan, de Pise, de Sienne, de Florence, de Venise, de Rome, de Naples et. de ses environs, fournissent mille exemples de cet emploi depuis la renaissance des arts.

Il saut mettre, en effet, au nombre des ouvrages en terre cuite, qui firent au seizième siècle un des principaux agrémens des palais et des habitations particulières, ces ouvrages en compartimens de tout genre, dont le sond, de matière argileuse durcie au seu, étoit recouvert d’an émail de. faïence diversement coloriée. Ce procédé devenu si habituel dans les travaux de la poterie domestique, fut à cette époque employé avec autant de goût que de succès, dans la décoration soit extérieure, soit intérieure, Egalement propre à remplacer avec une extrême solidité, sans aucune épaisseur, les teintes variées de la peinture d’ornement, et les formes en relief plus ou moins saillantes de la sculpture, il eut encore l’avantage de multiplier à l’infini ses produits. Il n’y eut rien dans le domaine de la décoration qu’il ne s’appro-


pria. Les rinceaux, les fruits, les fleurs, les guirlandes, les festons, tous ces caprices d’imitation de têtes d’animaux symboliques, de parties détachées ou tronquées du règne animal ou végétal, furent reproduits avec des couleurs variées et formèrent des compartimens qui rivalisèrent avec les inventions peintes de l’arabesque.

Cet art sortit aussi alors de l’Italie, et les artistes de ce pays en propagèrent le goût en France. D’anciens châteaux en ont conservé quelques traces. Il n’y a guère plus de trente ans que le génie de la destruction se fit un jeu de faire écrouler la masse entière, précédemment minée, du célèbre château qu’avoit bâti François Ier. dans le bois de Boulcgne près de Paris, et qu’il avoit appelé Meudon, en mémoire de sa captivité dans la capitale de l’Espagne. Tous les ornemens intérieurs et extérieurs de ce château, brilloient encore de l’éclat des couleurs, et des bas-reliefs émaillés dont la terre cuitefaisoit le fond.

Nous avons vu que l’économie est un des avantages du procédé qui, offrant un moule une fois fait pour les ornemens courans surtout, met à même d’en faire à l’infini la répétition exacte, par les empreintes que l’argile humectée permet d’en tirer. Or, on sait qu’il est dans la nature et dans l’esprit de la décoration architecturale et de l’arabesque, de reproduire soit comme continus, soit comme se faisant pendant, les mêmes objets et les mêmes détails de figures symétriques. Mais c’est encore plus particulièrement aux bâtimens construits en matériaux économiques, aux maisons ordinaires de ville et de campagne, où l’on cherche l’agrément sans grande dépense, que nous sembleroit devoir convenir le procédé des ornements en terre cuite, produits par le moulage. Le plâtre, comme on le sait, est, à Paris surtout, la matière à peu près unique, dont on use, pour produire avec économie soit les ornemens, soit les bas-reliefs dont on veut décorer l’extérieur des habitations. Mais on sait aussi qu’il n’y a rien de moins durable. Pourquoi ne chercheroit-on pas à accréditer pour ces sortes d’emplois, la terre cuite, susceptible de la même économie, par le moyen du moulage, et susceptible encore de recevoir et de garder toutes les couleurs, qui peuvent la mettre d’accord avec celles des matériaux qui la recevroient ?

TERREIN, s. m. Ce mot n’est pas un pur synonyme du mot terre. Il exprime dans l’art de bâtir, ou t’espace du sol sur lequel on élève un bâtiment, ou la nature même de ce sol, considéré non-seulement à sa superficie, mais encore dans ses profondeurs.

Rien de plus important que de bien connoître le terrein sur lequel on se propose de bâtir, c’est-à-dire de le connoître à fond. Or, le fond d’un terrein est très-variable. La terre se compose de couches d’une nature si différente, qu’il est rare-