où l’on se plaît à rendre sensibles, comme dans les masques antiques, l’expression capricieuse ou contrastée de toutes les sortes de physionomie.
La religion chrétienne admet sans doute et applique à l’ornement de ses temples, surtout en médaillons, les bustes des apôtres et des saints. Mais comme ornement de pratique et d’usage, on n’y emploie guère d’autres têtes sans buste, que celles des anges, ou de ce qu’on appelle des petits chérubins ailés. On les trouvera souvent employées ainsi au-dessus des cintres de quelques portes des sacristies, au-dessus des bénitiers, ou dans certaines décorations de gloires rayonnantes.
Un grand nombre de têtes d’animaux furent aussi, dans l’antiquité, la matière d’ornemens propres à beaucoup de parties de l’architecture. Qui ne sait ensuite combien fut général l’emploi qu’on en fit dans tous les objets de luxe, tels que meubles, vases, trépieds, candélabres, ustensiles de tout genre, qui naturellement s’approprient tous les détails de la décoration architecturale ? Ainsi la pierre qui fait la clef de l’arcade du monument triomphal de Rimini, est décorée d’une tête de taureau. Un semblable symbole se voit dans la frise du tombeau qu’on appelle près de Rome la tour de Métella, et à laquelle on a donné plus vulgairement, à raison de cette sculpture, le nom de Capo di bove. On ne sauroit compter les diverses sortes d’ouvrages et de parties d’édifices, où la sculpture employa la tête de lion. Elle figure sur presque toutes les urnes à l’usage des bains et des fontaines. Tantôt elle semble servir d’attache aux anneaux simulés en marbre, à l’imitation des anneaux mobiles qui dans la réalité s’adaptoient aux baignoires de métal : tantôt elle est avec plus ou moins de réalité, l’orifice véritable ou fictif destiné à l’écoulement des eaux. La tête du bélier se trouve sculptée aux angles d’une infinité d’autels, de trépieds et de cippes de toute espèce, etc.
L’usage des sacrifices dans le paganisme, devint encore pour l’imitation des objets qui sont la matière de cet article, une source très-féconde d’ornemens. Nous ne pouvons nous refuser à croire que d’abord on conserva comme indication ou commémoration de l’immolation des victimes, les têtes des animaux sacrifiés, qu’on attacha probablement, ou aux murs des temples, ou aux montans des autels. Ces têtes finirent par se décharner, et leurs squelettes, doués de la l’acuité de su perpétuer, fournirent à la sculpture de si nombreux exemples de cet usage, que l’artiste ayant à caractériser par un symbole intelligible à tous, le lieu des sacrifices, l’autel où on les avoit consommés, fut induit très-naturellement à reproduire l’image de ces têtes décharnées qu’on appela bucrania (voyez BUCRANE), et on les représenta ornées encore des bandelettes-sacrées, des
festons et des guirlandes dont les victimes avoient été parées.
Si cette pratique de la sculpture d’ornement trouva dans les usages religieux de l’antiquité, une origine et une raison plausibles, il a été remarqué déjà, que rien, chez les Modernes, ne put autoriser l’architecture à employer indistinctement cette espèce d’ornement, qui n’étant plus en rapport avec aucune de nos pratiques, a de plus l’inconvénient d’offrir la vue d’un objet on ne peut pas moins agréable. On ne sauroit donc approuver l’emploi que l’architecte Debrosses en a fait dans quelques métopes de sa frise dorique, au palais au Luxembourg.
Si nous faisons ici mention de quelques pratiques de ce genre, dans un ordre d’idées assez analogues, quoique moins importantes, c’est uniquement pour faire voir, comment a dû naître dans l’antiquité, l’usage si multiplié des représentations dont nous avons fait la courte énumération.
Ainsi on connoît certains usages modernes qui consistent également à attacher comme trophées, des têtes d’animaux tués à la chasse, aux portes des habitations du chasseur. De là on a vu dans plusieurs châteaux l’architecture faire des têtes imitées de différons animaux, une sorte d’enseigne ou d’inscription figurée de la destination de certains lieux. Des têtes de chien ont été placées sur la façade du bâtiment qu’on appelle le Chenil. Sur les portes d’un pare on a figuré des têtes de cerf ou de sanglier ; des têtes de cheval ont décoré, comme à Chantilly, le bâtiment des écuries. On a vu des têtes do bœufs et de moutons désigner une boucherie.
On donne le nom de tête a différens ouvrages de construction. L’on dit :
TÊTE DE CANAL. On appelle ainsi, dans nu jardin, l’entrée d’un canal, et ta partie la plus proche du jardin, où les eaux viennent se rendre après le jeu des fontaines. On donne aussi ce nom à un bâtiment rustique, en manière de grotte, avec fontaines et cascades au bout d’une longue pièce, d’eau.
TÊTE DE CHEVALEMENT. Pièce de bois qui porte deux étaies, pour soutenir quelque pan de mur, ou quelqu’encoignure, pendant qu’on fait une reprise sous œuvre.
TÊTE DE MUR. C’est ce qui poroît de l’épaisseur d’un mur, dans une ouverture, et qui est ordinairement revêtu d’une chaîne de pierre, ou d’une jambe étrière.
TÊTE DE VOUSSOIR. C’est la partie soit de devant, soit de derrière d’un voussoir d’arc.
TÊTE PERDUE. On appelle ainsi toutes les têtes