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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/546

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538 TUM TUM


château que Catherine de Médicis fit commencer à Ducerceau, et qui ne fut fini que long-temps après, château qui, augmenté depuis, modifie et embelli, sous différens règnes, dans son ensemble, ses accessoires, et surtout ses jardins, est devenu, par l’habitation des rois de France, un des plu grands palais et des plus renommés de l’Europe.

Son nom de Tuileries, an pluriel, lui est venu de ce quele terrain, alors situé en dehors de Paris, où Catherine de Médicis voulut établir son palais, renfermoit plusienrs fabriques de tuiles. C’est ce même terrain qui est devenu depuis le jardin qu’on appelle aussi du nom de Tuileries.

Ce fut très-probablement d’un précédent semblable, qu’un des plus beaux quartiers d’Athènes, le Céramique, avoit emprunté son nom. Pausanias dit qu’il l’avoit tiré de Céramus, fils de Bacchus et d’Ariadne. Pline prétend que ce lieu fut nommé Céramique, parce que Chalcosthène, artiste, et Plasticien, célèbre par ses statues et ses ouvrages en terre, avoit eu son atelier en cet endroit. Ceci paroît plus voisin de la vraisemblance. Le mot Ceranios, en grec, signifiant terre cuite et tuile, pourquoi Athènes, en s’étendant, n’auroit-elle pas agrandi son enceinte, aux dépens d’un terrain qui auroit contenu des fabriques de tuiles et d’autres objets, jadis si communs dans tous les édifices, et qui étoient du ressort de la plastique ? On sait, en effet, combien d’ornemens, de frises et de bas-reliefs en terre cuite furent appliqués à l’architecture, lorsque le bois et la brique formoient la principale construction des temples.

Tuilier, s. m. On appelle of this nom Celui Qui fabrique de la tuile.

TUMULUS. Ce mot est formé du verbe tumeo, qui signifie être enflé, gonflé. Il signifie de même une enflure, un gonflement de la terre. C’est dans ce sens que l’on a nommé tumulus une éminence naturelle de terre, comme un tertre, un lieu élevé. Ainsi a-t-on, par analogie, nommé, dans le même sens, l’éminence factice, produite par l’inhumation d’un corps. Cette sorte de protubérance momentanée, qui devenoit le signe d’une sépulture, a dû naturellement être augmentée ou amplifiée, par le simple desir de rendre plus durable le souvenir de l’homme, dont les restes avoient été confiés à la terre. L’usage ayant perpétué et consacré ce signe commémoratif, non-seulement on s’étudia à rendre de plus en plus considérables, ces éminences factices, mais on profita des buttes naturelles, qu’on creusa, qu’on perfora, pour y déposer les corps des hommes, dont on voulut honorer la mémoire. Ce fut ainsi, et par suite de ces accroissemens, que le mot tumulus en vint à signifier, un lieu de sépulture, un tombeau.


Aux mots PYRMIDE et TOMBEAU, nous avons déjà fait voir comment les plus vastes constructions sépulcrales avoient été des imitations successives, et, si l’on peut dire, des dérivés du tumulus primitif. Nous croyons même avoir rendu très-vraisemblable, pour ne pas dire certain, que les pyramides d’Egypte (voyez PYRAMIDE) n’étoient autre chose que des buttes, ou, si l’on veut, des tumulus, à la fois naturels et artificiels, c’est-à-dire, amplifiés par de nouveaux amas de terre, et devenus le noyau de la maçonnerie et des constructions en pierre qui en formèrent le revêtissement solide.

Il est reconnu maintenant, que ce genre de tombeaux ou de sépultures fut infiniment plus multiplié et plus répandu, qu’on ne pourroit le dire, non-seulement dans la Grèce et dans les pays qui formoient le Monde antique, mais dans toutes les régions habitées de la Terre. Il est même prouvé qu’on a souvent interprété, dans un sens tout-à-fait opposé à la vérité, un grand nombre de buttes et d’élévations qu’on découvre partout. Ainsi, Spon et Wheler avoient pris pour des forteresses destinées à défendre les approches de Pergame, deux masses coniques d’un énorme volume, évidemment élevées à main d’hommes. Cette idée n’étoit nullement vraisemblable ; mais leur erreur est démontrée, depuis qu’on a bien reconnu le genre de sépultures désignées par le nom de tumulus, dont il se trouve un si grand nombre en Grèce et en Italie.

Rien, au reste, n’est plus uniforme dans tous les pays que ce genre de monumens. Effectivement, il ne sauroit en exister qui offrent les caractères d’une plus parfaite ressemblance, tant l’art ici se confond avec la nature. Aussi rien de plus inutile que de rechercher la trace des imitations que tel peuple auroit empruntées à tel autre. On trouve les tumulus très-multipliés dans le nord de l’Europe, ainsi que dans toutes les contrées occupées, on successivement envahies par les nations scythes. Il en existe en Amérique, et des voyageurs disent en avoir trouvé jusqu’à l’extrémité de l’Afrique.

M. Pallas, qui a parcouru les pays immenses d’où sortirent, à diverses époques, des nations entières, pour se répandre sur l’Europe et sur l’Asie, a vu partout des tumulus pareils à ceux qu’on rencontre dans la Grèce. Sur les bords des grands fleuves qui traversent ou séparent les provinces tartares, ce savant voyageur trouve des monticules toujours coniques et plus ou moins élevés, souvent réunis en grand nombre sur un même terrain, et dans quelques endroits, recevant encore les hommages de ces peuples, restés fidèles aux opinions et aux usages de leurs ancêtres.

Vers le Midi, les plaines voisines du Pont-Euxin et de la mer Caspienne, ainsi que toute la Chersonèse taurique, offrent un grand nombre