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UNI

UNI. e, adjectif, participe du verbe.

UNIR, v. act. Ce mot, verbe ou adjectif, dans le langage des travaux de l’art, comme dans l’emploi qu’en sait te langage ordinaire, a deux significations, et exprime deux sortes d’effets, qui, lorsqu’on interroge jusqu’au fond, l’idée qui leur est propre, suriout par rapport aux opérations dépendantes des procédés des arts, nous semblent montrer avec plus d’évidence qu’ailleurs, que chacune de ces significations dérive d’une source commune.

Unir signifie donc d’abord, et principalement dans un grand nombre d’opérations des arts, joindre ensemble des objets divisés, donner un point de contact à des objets qui étoient dans un état d’isolement. Comme presque tous les ouvrages de la main de l’homme sont des assemblages de parties, on ne sauroit dire, sans sortir du domaine des travaux matériels et mécaniques, à combien d’ouvrages l’action d’unir donne l’existence.

Unir signifie dans une autre acception aplanir, rendre lisse, et l’on ne dira pas non plus à combien de travaux de la main on applique cette signification. On unit les bois, les pierres, les marbres, les métaux et beaucoup d’autres matières, par des procédés tendant à leur enlever les aspérités qui déroboient à l’œil l’effet du poli, dont elles sont susceptibles. On dit aussi d’un chemin, d’un terrain, qu’ils sont ou ne sont pas unis, lorsque des élévations, des scabrosités quelconques en interrompent l’unisson de superficie. Des qu’on fait disparoître ces monticules qui décomposoient le terrain, il est certain qu’on remet ensemble des parties qui étoient divisées. Le mot unir, dans la première signification, a donc pu convenir a l’opération qui empêche des parties de terrain de paroître divisées.

Comme l’application du mot unir, dans le sens de polir, n’a guère pu résulter de l’idée de donner un lieu à des parties divisées, et comme l’opération technique tend à faire disparoître d’une surface quelconque les petites élévations qu’y produit toute espèce de travail d’ébauche préparatoire, il me paroît beaucoup plus simple de penser que les ouvriers auront emprunté le mot unir, à l’opération mécanique aussi, qui fait disparoître les inégalités des terrains.

C’est en vue de celte dernière conséquence, que nous avons énoncé au commencement de cet article, l’opinion que l’une comme l’autre des acceptions du mot unir, pourroit remonter à une étymologie commune.


UNIFORME, ITÉ. s. f. La composition du mot uniforme ou uniformité, porte l’explication de sa signification élémentaire. Ce mot indique pour chaque objet, pour chaque ouvrage, une manière d’être, qui, ou dans son ensemble, présente une forme unique, ou dans ses parties, la répétition d’une seule et même manière.

Quoique le mot monotonie, par une composition tout-à-fait pareille en grec, semble indiquer, relativement aux sons, une idée entièrement parallèle, à l’idée d’uniformité par rapport aux formes, cependant il existe entre leurs acceptions, une assez grande différence. La plupart des mots se forment, se composent d’après une idée ordinairement simple. L’usage vient ensuite qui les emploie, saute d autres mots, à exprimer des idées au des modifications d’idées, qui n’ont plus un rapport exact avec leur sens primitif.

C’est ainsi que se sont diversement modifiés dans le langage, et dans l’esprit de ceux qui les emploient, les mots uniformité et monotonie. On doit dire que, monotonie, soit qu’on applique ce mot à l’art des sons, soit qu’on le transporte, par métaphore, aux autres arts, n’exprime jamais qu’un défaut, qu’un effet désagréable. Il n’en est pas de même du mot uniformité, de l’emploi qu’on en fuit sur beaucoup de points, de l’idée que l’usage lui attache en beaucoup de recontres.

Il n’y a personne qui ne sache que ce mot exprime même, dans un grand nombre d’occasions, une idée d’éloge. On s’en sert dans ce sens, lorsqu’à l’égard des personnes, on parle de l’uniformité de leur conduite et de leurs actions, avec leurs doctrines et leurs principes. De même au matériel et dans l’ordre des choses physiques, on louera l’uniformité d’un plan, d’une disposition de jardin, d’une place publique, d’une façade. C’est que l’idée d’uniformité, dans ces cas, participe de l’idée d’unité, qui se prend toujours en bonne part, et qui est une qualité principale de tous les ouvrages. (Voyez UNITÉ. ) Mais comme l’unité n’exclut point la variété, qu’au contraire, elle n’est une qualité complète, et complètement louable, qu’avec le tempérament qui lui donne toute sa valeur, il en arrive de même à l’uniformité. Elle cesse d’être agréable, et elle perd sa valeur, dès que l’esprit ou l’œil s’aperçoivent, que ce qui devroit être un lien nécessaire entre le tout et ses parties, une condition indispensable de la conformation de l’ouvrage, un résultat du besoin que l’on a de voir sans confusion, dégénère en un unisson, qui ôte jusqu’à l’envie de voir. Alors l’esprit et l’œil ne sont