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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/578

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570 VAS VEA


sonorité, et de servir à la répercussion de la voix.

Nous n’entreprendrons pas de rendre ici raison de cette pratique des Grecs, dans la disposition et l’organisation de leurs théâtres. Cette matière exigeroit, pour être bien traitée, des connoissances musicales qui sont étrangères à l’objet principal de ce Dictionnaire. Toutefois, nous pensons que les notions de plus en plus étendues, que les voyages nous ont données sur la construction du très-grand nombre de théâtres chez les Grecs, pourroient mettre sur la voie de l’explication d’une semblable méthode. Le chapitre de Vitruve, que nous allons rapporter dans son entier, nous semble constater la raison que nous allons indiquer de cette pratique. Or, il est aujourd’hui reconnu, par les restes extrêmement multipliés de théâtres qui subsistent en Sicile, en Grèce, dans l’Asie-Mineure et autres contrées où sleurirent les arts de la Grèce, que l’usage général fut de choisir, pour l’élévation d’un théâtre, la pente d’une montagne, ou un site soit préparé par la nature, soit excavé par l’art, dans la masse souvent d’un rocher, où l’on tailloit les gradins, lorsqu’on n’y rapportoit point les montées par des pierres taillées sur le chantier. De l’une et l’autre manière, il est certain que le sond, qui sormoit ce que nous appelons aujourd’hui l’amphithéâtre, devoit être sourd de sa nature, et ne pouvoit guère avoir la faculté de répercuter le son. La différence que Vitruve établit sur ce point d’acoustique entre les théâtres des Grecs, et les constructions des théâtres romains de son temps, donnera peut-être quelque probabilité de plus à l’hypothèse explicative que nous avons hasardée.

Voici le texte abrégé de Vitruve, sur les vases de théâtre (liv. V, ch. v.) :

« On sait des vases d’airain selon la grandeur du théâtre, et on leur donne une telle proportion que, quand on les srappe, ils sonnent à la quarte ou à la quinte l’un de l’autre, et sont ainsi toutes les autres consonnances jusqu’à la double octave. »

« Ces vases doivent être placés par une proportion musicale, entre les degrés du théâtre, en sorte qu’ils soient isolés et ne touchent point aux murs de l’endroit qu’ils occupent, et qu’ils soient environnés d’un espace vide par en haut et tout à l’entour. Ils doivent être inclinés, et élevés du côté qui regarde la scène par des cales à la hauteur d’un demi-pied. Les locaux qui les reçoivent doivent avoir, au droit des degrés d’en bas, une ouverture longue de deux pieds et large d’un demipied. »

« Ces locaux, ou petites chambres, seront disposés en cette sorte : si le théâtre n’est pas sort grand, il saut tracer au milieu de toute sa hauteur une région pour treize de ces locaux, qui laisseront entr’eux douze intervalles égaux. ». . . . . « C’est dans ces treize petites chambres que seront placés les vases, selon l’ordre qui leur sera assigné par la diversité des sons musicaux. . . . . »


« Cette disposition des vases d’airain sera que la voix, qui viendra de la scène comme d’un centre, l’étendant en cercle, srappera dans les cavités des vases, et en sera rendue plus sorte, selon la consonnance et le rapport que son ton aura avec quelqu’un des vases. Mais si le théâtre est grand et ample, il saudra partager sa hauteur en quatre parties, afin d’y pouvoir faire trois rangs de petites chambres, dont l’un sera pour le genre enharmonique, l’autre pour le chromatique, et l’autre pour le diatonique. . . . . »

« Pour exécuter toutes ces choses avec justesse, il faut opérer d’après la figure qu’Aristoxène a saite selon les règles de la musique, et dans laquelle il a divisé toutes les modulations en général avec un travail et une industrie particulière. On pourra encore rendre la structure des théâtres plus parfaite, si on a égard à la nature de la voix et à tout ce qui peut la rendre agréable. »

« Mais, dira-t-on, en tant de théâtres qu’on fait tous les ans à Rome, pourquoi n’observe-t-on pas toutes ces choses ? Je réponds que tons nos théâtres publics sont de bois, avec des planches qui résonnent naturellement. . . . Au lieu que la méthode dont nous venons de parler est nécessaire aux théâtres qui sont saits de matières solides, telles que la pierre et le marbre qui ne retentissent point. Que si l’on demande quels sont les théâtres où ces choses ont été pratiquées, il est certain que nous n’en avons point à Rome ; mais on en voit en quelques autres villes d’Italie, et en plusieurs endroits de la Grèce. Ce que L. Mummius sit voir, lorsqu’il apporta à Rome les vases d’airain d’un théâtre qu’il avait sait abattre à Corinthe, et qu’il a dédiés, avec d’autres dépouilles, dans le temple de la Lune. Aussi plusieurs bons architectes qui ont bâti des théâtres dans de petites villes qui n’voient pas le moyen de faire de grandes dépenses, se sont servis de vases de poterie, qu’ils ont choisis propres à résonner comme il le saut, et qui ont sort bien réussi. »

VEAU (LE). Il est arrivé à cet habile architecte, comme à plusieurs autres de son époque, séconde cependant en grands artistes, de ne laisser d’autres témoignages de son existence que dans des travaux, dont il n’eut pas seul la gloire, et où une pluralité de coopérateurs et de successeurs empêche qu’un seul nom en recueille la renommée. Disons encore que les biographes, les collecteurs de mémoires, n’arrivent ordinairement, qu’après ceux qui méritent de faire passer leurs noms à la postérité, et toutes sortes de causes ont souvent produit l’oubli des particularités de leur vie.

Ainsi on ne sait rien du tout de personnel à Le Veau, qui fut cependant un des meilleurs architectes de son temps, sinon qu’il naquit en 1622, qu’il fut premier architecte de Louis XIV, dès