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« lui donnant exactement les contours de l’objet à représenter ; on recouvre cette place creuse et incolore de la couleur qu’on veut donner à l’objet, et on obtient ainsi un ornement ou toute autre chose, d’une couleur différente de celle du fond sur lequel il est peint ; par exemple, des fleurs de lys d’un jaune d’or, sur un fond bleu, ou une bordure d’hermine sur un fond rouge, etc.
« Dans l’une ou l’autre section de cette classe de peinture, les couleurs d’ombre, ou celles qui sont nécessaires, soit pour donner des teintes, que les verres de couleur ne fourniroient pas, soit pour peindre les objets qu’on veut figurer, sont mises avec plus ou moins d’épaisseur, sur l’une ou sur l’autre surface du verre, et fondues au feu que l’on nomme de moufle. Les couleurs y adhèrent avec une force au moins égale à celle qui fait tenir les couleurs sur la porcelaine. Elle sont néanmoins susceptibles d’une légère altération par les météores atmosphériques. C’est une imperfection que les Anciens n’ont pu éviter. Si on croit le contraire, c’est parce que l’on confond sans cesse dans leurs tableaux, les parties faites avec des morceaux de verre teints dans la masse, et celles qui résultent des couleurs appliquées à la surface du verre et cuites à la moufle. Mais comme ces dernières couleurs étoient chez les Anciens en très-petit nombre, et qu’elles ne sont pas toutes altérables, on les a pour ainsi dite oubliées, pour ne remarquer que les parties en verre teint, dues non pas à la peinture sur verre, mais à la verrerie qui les a fabriquées et fournies.
« 2°. Classe. Elle renferme la véritable peinture sur verre, art à peine connu des Anciens et porté déjà à un haut degré de perfection, depuis que les connoisances de la chimie moderne sont venues l’aider.
« Il consiste à peindre sur du verre blanc des sujets de toutes sortes de figures, ornemens, fleurs, avec des couleurs vitrifiables, c’est-à-dire composées d’oxydes métalliques, et semblables aux couleurs d’émail ou de porcelaines, et à fixer ces couleurs sur le verre, en les y incorporant an moyen d’une chaleur incandescente qui ramollit le verre et fond les couleurs.
« Le mérite de ces peintures résulte, comme celui des porcelaines, du concours de deux talens, de celui du chimiste fabricant, qui fournit au peintre sur verre des couleurs appropriées, belles et bonnes, et qui sait cuire à propos ces peintures, et de celui du peintre qui doit connaître l’effet des couleurs, effet qui paroîtra différent, quand elle seront vues par réfraction, de celui qu’elles présenteront quand on les verra par réflexion, et qui doit savoir, comme artiste, donner à ses peintures, les tons, les nuances, et les effets que demande l’objet qu’elles représentent, et l’usage auquel elles sont destinées.
« Les couleurs doivent donc avoir beaucoup de puissance, sans qu’on soit obligé de les mettre épaisses ; car cette épaisseur leur enleveroit de la transparence, et les feroit paroitre lourdes et sombres. Il faut savoir mettre sur chaque face de verre, les teintes qui doivent concourir par leur superposition à l’effet recherché.
« Ici il n’y a plus de verres teints, plus de plombs, plus de réunion ; mais comme on ne peut pas peindre un sujet, ou une figure de grandeur naturelle, sur une seule pièce de verre, parce qu’on n’en fait pas de cette dimension, et parce qu’en supposant qu’on parvint à en faire, elles n’auroient aucune solidité, on est obligé de peindre ces grandes figures ou ces tableaux, sur des pièces de verre rectangulaires, qu’on réunit ensemble, au moyen d’une monture en fer, ce qui place le sujet derrière une espèce de grille.
« Ces peintures sont fixées par la cuisson à la moufle, à plusieurs feux. Le nombre des feux, va jusqu’à quatre, et peut aller au-delà. Les couleurs sont incorporées dans le verre. Elles sont aussi solides, pour ne pas dire plus, que les couleurs employées par les Anciens pour les ombres à donner aux parties faites sur les verres teints. Il n’y a donc aucune objection fondée à faire contre ce genre de peinture, sous le rapport de la solidité des couleurs, mais il peut y en avoir sous celui de l’effet.
« En général les peintures sur verre ne sont pas destinées à être vues de près. Leur principale destination, leur véritable place, est de remplir les immenses et hautes fenêtres des églises et des temples. Il faut donc que les peintures, vues de loin et sur le ciel, par l’œil déjà fatigué de la lumière directe qui lui arrive, soient montées à un ton élevé et brillant. Or il n’est pas probable qu’on y arrive au moyen des seuls verres peints. Il faudra avoir recours, comme l’ont fait les Anciens, aux verres teints dans la masse, et on obtiendra par la réunion de ce moyen, avec celui des peintures réelles, des carnations, des fleurs, moyens qui, ainsi que je l’ai dit plus haut, étoient inconnus des Anciens. On obtiendra alors des effets plus brillaus, et quelquefois aussi harmonieux que ceux des tableaux à l’huile.
« Les plombs de réunion ne doivent pas être regardés comme un obstacle. Placés avec discernement, ils augmenteront l’effet loin de lui nuire, et ils sont, dans beaucoup de cas, préférables au grillage de fer qui s’interpose entre le spectateur et le tableau.
« C’est la réunion de ce moyen des verres teints dans la masse, avec les verres réellement
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