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Amorce ou Traînée. Poudre que l'on sème sur un banc d'épreuve, dans la direction des lumières, pour communiquer le feu à tous les canons des armes portatives.

Amorce. Portion de fer qu'un forgeur amincit au bout d'une pièce qu'il doit souder à une autre pièce. Dans la lame à canon de fusil, c'est la partie amincie en biseau suivant la longueur ; on l'appelle aussi lèvre.

AMORÇOIR. C'est un outil en fer employé par les charrons & les charpentiers : il ressemble à la gouge & sert à commencer les trous.

AMOUR. Les ouvriers forgeurs appellent ainsi la masselotte de la baïonnette. (Voyez Masseliotte de baïonnette.)

AMPLITUDE de tir. C'est la ligne courbe que trace en l'air un projectile, depuis sa sortie de l'ame de la pièce jusqu'à l'endroit de sa chute.

AMPOULETTE. Nom qu'on donnoit autrefois au bois des fusées à bombes & à grenades. (Voyez l'article Fusées à bombes)

AMUSETTE. Petit canon en fer de 1 mèt. 62 (5 pieds) de long & de 0 mèt. 04 (18 lig.) de calibre, se chargeant par la culasse, porté par un affût composé d'une pièce de bois adaptée à l'essieu d'un rouage ayant 1 met. 10 (3 pieds 6 pouce») de hauteur : son boulet en plomb étoit 0 kil. 24 (8 onces). Ce canon a été proposé par le maréchal de Saxe ; il estimoit sa portée de quinze à seize cents toises, & croyoir que trois hommes devroient pouvoir le mener partout, en portant mille coups, & tirer deux cents coups par heure. L'influence du maréchal de Saxe avoit fait adopter cette arme, qui a été abandonnée à sa mort : on n'en trouve plus dans les arsenaux, où il y en avoit un assez grand nombre.

ANALYSE des poudres, des bronzes, des artifices, &c. C'est l'art de déterminer la nature & les proportions des principes constituans de ces substances. Cet art, qui a fait d'immenses progrès depuis la fin du siècle dernier, donne aux officiers d'artillerie le moyen de reconnoitre avec une grande exactitude le dosage de la poudre, l'alliage des bouches à feu, la composition des artifices, &c.

Analyse de la poudre. Le procédé dont on se sert ordinairement, consiste à lessiver la poudre avec de l'eau, pour séparer le nitre, & à traiter le résidu par la potasse qui dissout le soufre & laisse le charbon. Quoique ce procédé paroisse facile, il présente des difficultés qu'on n'apprécie bien qu'en l'exécutant ; nénmoins on ne peut en condamner l'emploi, & il seroit même indispensable


d'y avoir recours si l'on vouloit obtenir directement la quantité de charbon contenue dans la poudre. Dans le cas où l'on voudroit en faire usage, il conviendroit de prendre deux portions de poudre : l'une seroit lessivée pour avoir le nitre, on sècheroit le résidu & on en prendroit le poids ; l'autre portion seroit mêlée immédiatement avec une quantité égale de potasse & un peu d'eau, & on ohaufferoit le mélange : le soufre se dissoudroit rapidement, & on laveroit ensuite jusqu'à ce que l'eau n'eût plus de saveur sulfureuse, ou mieux, ne précipitât plus en noir l'acétate de plomb. Le charbon seroit séché & posé. Le soufre s'obtiendroit en retranchant du poid» de la poudre employée & supposée bien sèche, celui du nitre & du charbon qu'on auroît obtenus ; & les résultats de l'analyse pourroient être vérifiés, en comparant le poids du soufre & du charbon laissés par la première portion de poudre, avec celui donné par la seconde.

En suiyant ce procédé, la détermination du charbon laisse de l'incertitude, qui se répète ensuite sur la proportion du soufre, & par conséquent, si l'on pouvoit déterminer directement le poids du soufre, l'analyse de la poudre en deviendroit beaucoup plus exacte. C'est pour parvenir à ce but que l'on va décrire le procédé suivant, dont l'exactitude est déjà coostatée par un grand nombre d^épreuves.

On commence par dessécher une certaine quantité de poudre, pour connoître le degré d'humidité qu'elle contient, & pouvoir déterminer avec plus de certitude la proportion du charbon, qu'on n'obtient dans ce procédé que par sosutraction. On évalue le nitre en lessivant la poudre, évaporant l'eau de lavage, & faisant fondre le résidu salin.

Pour obtenir le soufre, on mêle cinq grammes de poudre avec un poids égal de sous-carbonate de potasse pur, ou au moins ne contenant pas d'acide sulfurique ; on pulvérise exactement le mélange dans un mortier, & on ajoute ensuite cinq grammes de nitre & vingt de chlorure de sodium.

Le mélange étant rendu bien intime, on l'expose dans une capsule de platine sur des charbons ardens ; la combustion du soufre se fait tranquillement, & bientôt la masse devient blanche. L'opération est alors terminée ; on retire la capsule du feu, & quand elle est refroidie on dissout la masse saline dans de l'eau, on sature la dissolution avec de l'acide nitrique ou de l'acide hydro-chlorique, & on précipite l'acide sulfurique qu'elle contient par le chlorure de barium.

Il y a deux manières de faire cette précipitation : la première, qui est généralement suivie, consiste à metre dans la dissolution un léger excès de chlorure de barium, & à recueillir le sulfate de baryte produit. Ce procédé exige de nombreux lavages qu'on ne peut faire qu'à de longs intervalles, parce que le