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ARM ARQ 17


de 14 à 12 parties d’étain ; 2°. qu’elles ont la dureté, la pesanteur spécifique & toutes les autres propriétés du même alliage fait aujourd’hui ; 3°. que les Anciens rendoient le tranchant de leurs armes de bronze encore plus dur en l’écrouissant au marteau, ainsi que le font les faucheurs à l’égard des faux d’acier, ce qui est prouvé par l’empreinte du martelage & par l’augmentation de pesanteur spécifique qu’ont les tranchans de ces lames. La trempe dont parlent Pline & d’autres auteurs anciens, ne peut donc s’entendre que de l’art de durcir le cuivre par l’alliage & le martelage.

M. de Humboldt dit dans son Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne, tom. II, pag, 288 (en parlant du Mexique), que le cuivre étoit, de tous les métaux, celui qui étoit employé le plus communément dans les arts mécaniques. Il remplaçoit, jusqu’à un certain point, le fer & l’acier. Les armes, les haches, les ciseaux, tous les outils étoient faits avec le cuivre tiré des montagnes de Zacatollan & de Cohuixco. Un ciseau des anciens Péruviens a donné à l’analyse de M. Vauquelin 94 parties de cuivre, 6 d’étain. Sa pesanteur spécifique étoit de 8,815.

ARMET. Casque de fer, de la forme de celui appelé heaume, mais plus léger que celui-ci.

ARMONS. Ce sont, dans les avant-trains, deux pièces en bois encadrées dans le corps de l'essieu & dans la sellette qu’elles traversent, & qui vont en avant, en se rapprochant, jusqu’à ce qu’elles ne laissent entr’elles que l’espace nécessaire pour y loger la tête du timon ou le têtard de la limonière.

ARMURE, appelée quelquefois harnais par les anciens auteurs. C’est tout ce qui garantissoit le corps des coups de l’ennemi. Elle comprenoit le casque, le hausse-col, la cuirasse, les épaulières, les brassards, les goussets, les gantelets, les tassettes, les cuissards, les genouillères, les grêves. Le Musée de l’artillerie à Paris possède celles de François Ier., de Louis XIV, de Godefroi de Bouillon, de Jeanne d’Arc, &c.

ARMURIERS. Ouvriers qui fabriquoient autrefois les armures. On appelle encore ainsi quelquefois ceux qui fabriquent ou vendent des armes à feu portatives, c'est-à-dire, les arquebusiers. Enfin, on appelle armuriers les ouvriers qui entretiennent & réparent les armes dans les régimens. Ils sont ordinairement au nombre de trois dans un régiment d’infanterie, dont un maître & deux compagnons. Il n’y a qu’un maître & un compagnon dans un régiment de cavalerie.

La création des armuriers dans les régimens de l’armée française date de 1776. C’est une heureuse idée, car quand on fait chaque jour les réparations des armes, elles sont moins considérables & moins


coûteuses ; mais pour mieux remplir le but, il faudroit que les armuriers fussent eux-mêmes intéressés à bien faire ces réparations, & pour cela, il faudroit faire avec eux un abonnement, au moyen duquel les réparations seroient à leur compte, sauf celles qui proviendroient de défaut de soin & de la mauvaise volonté des soldats. Avant de les recevoir dans les corps, il faudroit exiger qu’ils fissent leurs chefs-d’œuvre de platine & de monteur-équipeur, qu’ils connussent l’art de tremper les pièces par cémentation & à la volée, &c.

ARQUEBUSE a croc. C’est la plus ancienne des petites armes à feu. Il falloit deux hommes pour l’exécuter. C’étoit un canon de la forme de celui d’un fusil, mais plus long, plus renforcé & d’un plus grand calibre. Il étoit porté par un chevalet en nois & retenu par un croc. On y mettoit le feu avec un boute-feu. Il y en avoit de i mèt. 29 (4 pieds) & de i mèt. 71 (5 pieds 4 pouc), pesant de 24 à 48 kilog. (de 50 à 100 liv.)

Arquebuse à mèche. Cette arme étoit principalement composée d’un fût, d’un canon & d’une platine. La platine étoit d’un mécanisme très-simple ; elle portoit, à son extrémité inférieure, un chien nommé serpentin, à cause de sa forme, entre les mâchoires duquel s’assujettissoit une mèche. En pressant avec la main une longue détente, on faisoit jouer une espèce de bascule intérieure qui abaissoit le serpentin, garni de sa mèche allumée, sur le bassinet où il mettoit le feu à l’amorce. Comme cette arquebuse étoit encore fort pesante, le soldat qui en étoit armé portoit en même temps un bâton ferré par le bas, pour le fixer en terre, & garni par le haut d’une fourchette ou béquille, sur laquelle il appuyoit son arme pour ajuster. Cette arquebuse, rendue plus portative, s’appela dans la suite mousquet.

Arquebuse à rouet. Elle ne différoit de la précédente que par son poids, qui étoit moindre ; & par la platine où l’on avoit adapté un chien tenant une pierre entre ses mâchoires. Cette pierre, lorsqu’on appuyoit sur la détente, frottoit sur un rouet d’acier cannelé, & produisoit des étincelles qui mettoient le feu à l’amorce. On avoit au Musée d’artillerie une superbe collection d’arquebuses de différentes espèces, parmi lesquelles un très-grand nombre étoient d’un travail précieux.

ARQUEBUSERIE. C’eft l’art de fabriquer toutes sortes d’armes à feu portatives.

ARQUEBUSIERS, nommés autrefois artillers, fabricans d’armes à feu portatives. On donnoit aussi ce nom à des soldats armés d’arquebuses ; il y en avoit à pied & à cheval. (Voyez, dans l’Encyclopédie méthodique, les Statuts & Usages de l’ancienne communauté des arquebusiers.)


Artillerie. C