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arrière à la quatrième position, & vous élevez dessus ; ce qui finit ce pas.

Le balancé est un pas fort gracieux que l’on place dans toutes fortes d’airs, quoique les deux pas dont il est composé soient relevés également l’un & l’autre ; & delà vient qu’il s’accommode à toutes sortes de mesures, parce que ce n’est que l’oreille qui avertit de pousser les mouvements ou de les rallentir. Voyez Position.

Il est fort usité dans les menuets figurés aussi-bien que dans les menuets ordinaires, de même qu’au passe-pied. On le fait à la place d’un pas de menuet, dont il occupe la même valeur ; c’est pourquoi il doit être plus lent, puisque ces deux pas se font dans l’étendue des quatre que le pas de menuet contient. Voyez Menuet.

BALLET. Action exprimée par une danse.

La Grèce, si longtemps florissante, vit passer sa splendeur chez les Romains, avec les arts qu’ils lui ravirent. Rome seule dès-lors devint l’objet des regards de la terre.

La plupart des successeurs d’Auguste méritèrent à peine le nom d’hommes. Rome & l’Italie dégénérèrent. La dépravation des mœurs, l’orgueil, l’ambition, la guerre plongèrent touts les états dans la confusion. Les ténèbres de l’ignorance prévalurent sur la foible lumière des arts. Elle s’éteignit. Ils disparurent, & l’Europe entière ne fut plus que le triste séjour d’une foule de peuples quelquefois guerriers & toujours barbares.

Je franchis cette lacune immense, qui, pour l’honneur des hommes, devroit être effacée des annales du monde, & qui n’est aux yeux de la raison qu’une honteuse & longue léthargie de l’esprit humain. Il en fut réveillé par une famille de simples citoyens dignes du trône. L’horison s’éclaircit, une nouvelle aurore parut, un jour pur la suivit, l’Europe fut éclairée.

On pourroit peut-être dire des arts & de la gloire, ce que les poëtes racontent d’Alphée & d’Aréthuse. Ce fleuve amoureux suit sans cesse la Nymphe charmante dont rien ne sçauroit le séparer. Il fuit, se précipite, se perd avec elle dans les entrailles de la terre. La Grèce est pour jamais privée de ses eaux fécondes, il s’est frayé une route nouvelle vers les riches campagnes de la Sicile, qu’Aréthuse vient d’embellir.

Tels sont les arts. Ils s’évanouissent aux yeux des nations que la gloire abandonne. Ils ne paroissent, ils ne revivent que dans les climats plus heureux qu’elle rend florissants.

La voix de Médicis les rappella en Italie, & ils y accoururent. Dès-lors la sculpture, la peinture, la poésie, la musique fleurirent. Les plaisirs de l’esprit succédèrent à une galanterie gothique. Les hommes furent instruits, ils devinrent polis, sociables, humains.

On éleva des théâtres. Les chefs-d’œuvres des Grecs & des Romains qui avoient déjà servi de guide aux peintres, aux poëtes, aux sculpteurs, furent les modèles des architectes dans la construction des salles de spectacle. Alors le talent & le génie se réunirent avec la magnificence, pour faire éclater dans un même ensemble l’illusion de la peinture, le charme de la poéfie, les graces de la danse.

Suivons l’histoire de cette dernière depuis cette époque jusqu’à nos jours, examinons ses différentes progressions, les formes qu’elle a successivement reçues, ce qu’elle est aujourd’hui, ce qu’elle pourroit & devroit être.

Origine des ballets.

Il n’y eut point de théâtres en Italie avant la fin du quinzième fiècle. Le cardinal Camerlingue Riari, neveu du pape Sixte IV, avoit tenté d’inspirer à ce souverain pontife du goût pour les beaux établissemens, mais Sixte reçut avec assez de froideur quelques spectacles ingénieux que Riari lui avoit donnés sur un théâtre mobile dans le château Saint-Ange. Ce pape avoit fait dans sa jeunesse des volumes sur le futur Contingent, il canonisoit Saint-Bonaventure, persécutoit les Vénitiens, faisoit la guerre aux Médicis, & songeoit bien moins à la gloire de son règne qu’à l’établissement de sa famille.

Vers l’année 1480, un nommé Sulpitius, qui nous a laissé de bonnes notes sur Vitruve, fit des efforts pour ranimer le zéle du cardinal Neveu, qui ne lui réussirent pas. Ce prélat s’étoit d’abord refroidi en voyant l’insensibilité de son oncle. Un grand spectacle qu’il venoit de donner au peuple de Rome, où il n’avoit épargné ni soins, ni dépense, & qui avoit encore manqué l’effet qu’il s’en étoit promis, avoit achevé de le décourager.

Ce grand ouvrage cependant, que le zèle d’un cardinal tout-puissant ne put ébaucher dans Rome, étoit sur le point de s’accomplir dans une des moins considérables villes d’Italie, & par les soins d’un simple particulier.

Bergonce de Botta, gentilhomme de Lombardie, signala son goût par une fête éclatante qu’il prépara dans Tortonne, pour Galcas, duc de Milan & pour Isabelle d’Arragon, sa nouvelle épouse.

Dans un magnifique sallon, entouré d’une galerie où étoient distribués plusieurs joueurs de divers instruments, on avoit dressé une table tout-à-fait vuide. Au moment que le duc & la duchesse parurent, on vit Jason & les Argonautes s’avancer fièrement sur une symphonie guerrière. Ils portoient la fameuse toison d’or, dont ils couvrirent la table, après avoir dansé une entrée noble, qui exprimoit leur admiration à la vue d’une princesse si belle & d’un prince si digne de la posséder.

Cette troupe céda la place à Mercure. Il chanta un récit, dans lequel il racontoit l’adresse dont il venoit de se servir pour ravir à Apollon, qui gardoit les troupeaux d’Admette, un veau gras dont il faisoit hommage aux nouveaux mariés. Pendant qu’il le mit sur la table, trois Quadrilles qui le suivoient exécutèrent une entrée.