Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/416

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Cou itanquerd^StrecTpreffifs. Il faut conclure d^apris krela que les préceptes Aèriles de Técole doivent (difparoitre dans la danl’e en aâion , pour faire place au fenciment de la nature.

Rien n’eft fi difficile aménager que ce qu’on appelle bonne grâce ; c’efi au goût à remployer, & c*eft un défaut que de courir après elle & aen répandre également par-tout. Peu de prétention à en montrer , une négligence bien entendue à la dérober quelquefois , ne la rend que plus piquante & lui prête un nouvel attrait. Le goût en efl le diftributeur , c*eft lui qui donne aux eraces de la valeur & qui les rend aimables ; marchent-elles fans lui , elles perdent leur nom , leurs charmes & leur effet ; ce a*eft plus que de la minauderie dont la fadeur devient infupportable ;

Il n’appartient pas à tout le monde d’avoir du goût. La nature feult le donne ; l’éducation le raffiné & le perfeâionne ; toutes les règles que l’on établiroit pour en donner feroient inutiles, il eft né avec nous , ou il ne Tefi pas ; s’il l’efi , il fe manifeftera de lui-même ; s’il ne l’efi pas , le danfeuf fera toujours médiocre.

Il en efi de mêmie des mouvements des bras ; la bonne grâce eft à ces derniers , ce que le goût eft à la bonne grâce ; on ne peut réuffir dans CaBion fantomimt fans être également fervi par la nature ; lorfqu’elle nous donne les premières leçons , les progrés font toujours rapides*

(Joncluons que l’aâion de la danfe eft trop reftreinte ; que l’agrément & l’efprit ne peuvent fe communiquer également à tous les êtres ; que le goût & les grâces ne fe donnent point* En vain cherche-t-on à en prêter à ceux qui ne font point nés pour en avoir , c’eft femer fon grain fur un terrein pierreux ; quantité de charlatans en vendent ; une plus grande quantité de dupes en achètent ; mais le profit eft au vendeur ,& la fottife à l’acheteur.

Les Romains avoient cependant des écoles où Ton enfeignoit l’art de la faltation , ou , ii vous le boulez , celui du gefte& de la bonnç^ grâce ; mais les maîtres étoient*ils contents de leurs écoliers } Rofcius ne le fut que d*un feul , que la nature fans doute avoit fervi ; encore y trouvoit-il toujours quelque chofe à reprendre.

Que les maîtres de ballets fe perfuadent que l’entends par geftes les mouvemens expreftlfs des bras foutenus par les caraâères frappans & variés delà phyfionomie. Les bras d’un danfeur auront beau parler, fi fon vifage ne joue point, fi l’altération que les paffions impriment fur les traits n’eft pas fenfîble , fi fes yeux ne déclament point & ne décèlent pas la Situation de fon cœur j ion expreffion dés-lors eft fau^Te , fon jeu eft machinal , & YçSct qui en réfulte pèche par le défagrément & par le défaut de vérité & de vraifemblance. Je ne puis mieux le comparer qu’à ce que Ton voit dans des bals mafqués où il y a des jeux puiblics 9 mais principalemem^ Venue pendant le car-. ■ î

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naval. Fîgifrex* vous autour d*uné fable îmmenfe une quantité de joueurs portant tous des màfques plus ou moins grotefques , mais en général tous rians. En ne regardant que les phyfjonomies , tous les joueurs ont l’air contens & fatisfaits ; on diroic

![ue tous gagnent ; mais que vos regards fe fixen* 

ur leurs bras , leurs attitudes & leurs geftes , vous voyez d’un côté l’attention immobile de Tincerti* tude » de la crainte ou de Tefpérance ; de lautre «  le mouvement impétueux de la fureur & du dépit ; là , une bouche qui fourit & un poing fermé qui menace le ciel ; ici, vous entendez lortir d’une bouche qui femble rire aux éclats, des imprécations terribles ; enfin cette oppofition de la figure avec le gefte produit un effet étonnant , plus facile à concevoir qu’à décrire. Tel eft le danfeur dont la figure ne dit rien, tandis que fes geftes ou fcs pas expriment le fentiment vif dont il eft agité. On ne peut fe diftinguer au théâtre que lorf^ ju’on eft aidé par la nature ; c’étoit le (entîTicnt

!e Rofcius, Selon lut y dit Quintilien , Tart du pan« 

tomime confifte dans la bonne erace 6c dans Texpreffion naïve des afie^ions de l’ame ; elle eft au-defius des régies & ne fe peut enfeigner ; la nature feule la donne.

Pour hâter les progrès de notre art & le rapprocher de la vérité, il faut faire uniâcrifice de tous leS pas trop compliqués ; ce que Ton perdra du côtédeS jambes fe trouvera du côté des bras. Plus les pas feront fimples , & plus il fera facile de leur aftbcier de l’expreâion & des grâces. Le goût fuit toujours les difiicultés , il ne fe trouve jamais avec elles ; que les artifles les réfervent pour l’étude , mais qu’ils apprennent a les bannir de l’exécution ; elles ne plaiient point au publie , elles ne font même qu’un plaifir médiocre *à ceux qui en fentent le prix. Je regarde les difficultés multipliées de la mu<fique &de la danfe comme un jargon qui leur eft abfolument étranger ; leurs voix doivent être tOu«  chantes , c’eft toujours au cœur qu’elles doivent parler ; le langage qui letu- eft propre eft celui du fentiment ; il féduit univerfellement , parce qu’il eft entendu univerfellement de toutes les nations. Tel violon eft admii^ble , me dira-t-on ;. cela fe peut , mais il ne me fait aucun plai/îr , il ne me flatte point , & il ne me caufe aucune fenfation. Ccft qu’il a un langage , me répondra lamateur, que vous n’entendez point ; c’eft une converfation qui n’eft pas à la portée de tout le monde , continuera-t-il, mais elle eft fublime pour quiconque peut la comprendre & la fentir ; & fes Tons font autant de fentimens qui féduifent & qui afteâent lorfque l’on conçoit fon langage.

Tant pis pour ce grand violon^ lui dirai- Je, fi fon mérite ne fe borne uniquement qu’à plaire au petit nombre. Les arts font de touts les pays ^ qu*ifs empruntent la voix qui leur eft propre , ils n’auront pas befoin d’interprète, & ils affefleront également & le connoifleur & l’ignorant ; leur efe n^e fc borne-tU au contraire quà frapper les yeux fans