Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/67

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56 C H E pleine maîn fc trompent ; parce que la laflîtude le 1 fait pefer & appuyer fur ion raors. Il doit être de fconne nature , fage , fidèle , hardi, nerveux ; d*une force pourtant qui ne foit pas incommode au cavalier, mais liante Ôt fouple : il feut qu’il ait Téperon fin & les hanches bonnes , pour pouvoir partir & repartir vivement , &être ferme & aifé à l’arrêt. Il ne doit être aucunement vicieux ni ombrageux ; car quand même il auroit d*ailleurs afiez de force, & qu !on Tauroit rendu obéiffant , il arrive fouveni qu’après quelques jours de repos, ou par la faude de* quelque mauvaife main , il retombe dans fon vie*. Comme il faut toujours être en garde fur ces fortes de chevaux , ils ne font bons qu’à être confinés dans une école ; car ce feroit trop que d’avoir fon ennemi à combattre & fon cheval à corriger. Le vice le plus dangereux que puiffc avoir un cheval de guerre , eft celui de mordre , & de fe jetter fur les autres chevaux ; parce que dans un combat , où il eft animé , on ne peut lui ôter ce défaut. Lorfqu’on trouvera dans un cheval toutes les bonnes qualités que nous venons de décrire , il fera aifé à un homme de cheval de le dreffcr au manège de guerre, en fuivant les règles que nous avons données, lefquelles regardent la louplc/rc & Tobéiffance , afin de le rendre prorapt à obéir a la maîn & aux jambes , ce qu’il fera facilement , fi, après avoir été affoupli au trot , on l’a confirmé enfuite dans la leçon de Tépaule en dedans & celle de la croupe au mur ; fi on lui a appris à tourner diligemment & facilement furies voltes de combat, c*eft-à-dire , fur un cercle la demi-hanche dedans ; fi on la rendu çbéifiant au panir de la ligne droite ^es pa^des ; facile fy. aî^ ^ fc rafiembler aux deux extrémités de la même ligne pour former la demi- ▼olte à chaque main ; fi on l’a rendu prompt & agile à bien exécuter une pirouette & une demi- pirouette. Voilà effentiellement ce qu’un cheval de guerre doit fçavoir pour ce qui regarde la fouplefle Çl Tobéiffance ; mais une autre chofe abfolument néceffaîrcr ceft de l’aguérîr au bruit des armes , en raccoutumafit au feu , k la fuméç & à l’odeur de la poudre , an br^iit des tambours , des troinpettes , fy. ai| mouvement des armes blanches. Il y a de très-braves chevaux qui tremblent de frayeur à la vue d’un ou de plulieurs de ces objets ; & quoiqu’ils aient les barres fenfi.bles & la bouche bonne, i)s perdent tout fentiment de la bride, des éperons , & de toute autre aide, auili bien quedeschâtioieats , & s’abandonnent à d’étraiig^s caprices ppur fuir l’objet dje leur apprehcnfion : ilfiiut même tenir toujours ces chevaux en exercice lorfqu’îls font dreflSs , car le repos leur fait prendre de nouvelles alarmes ; ce qui prouve que l’art le plu^ fubtil ne peut tout-à-fait effacei* , ni vaincre les vices naturels.

M. de la Broyé dit, que le remède le plus cpurt & le plus fimple pour accoutumer en peu de temps un cheval au bruit des armes à feu , & des autres nun^^rs guerrier^ , ç’pft de tirçr un cou^ de pif-CHE

tolet dans Técurie, 6^. de faire battre la caîflê uûé fois le jour par un palfrenicr , pofitivement dans !• temps qu on va leur donner Tavoine , & que pen de temps après ils fe réjouiront à ce bruit , comm* ils faifoient auparavant au fon du crible. Il y en a de tellement ombrageux , qu’ils de* meurent à ce bruit les oreilles tendues & droites , roulent & blanchiffent les yeux dans la tête , trent- ’ blent & fuent d’effroi , tiennent une poignée dm foin ferrée entre les dents fans remuer les mâchoires , & enfin fe jettent dans la mangeoire & à travers les barres ; mais avec la patience & i’induftrie d’un cavalier intelligent, on vient à bout des cA^vaux de ce naturel.

Il y a une autre façon d’accoutumer les chevau» au feu ; je l’ai fouvent expérimentée & vu pratiquer ; c’eft de les mettre dans les piliers : là , fans aucun danger , il eft aifé de les accoutumer à tout ce qui peut leur porter ombraeê. On leur fait dabord voir & feniir un piftolet fans être chargé ; on fait jouer la batterie , parce qu’il y en a beaucoup qui s’effraient au bruit de la détente & du cliquetis. Quand ils font faits à ce bruit ^ on brûle une amorce en fe tenant loin du cheval^ le dos tourné visà-vis de fa tête ; on s’en approche après pour lui faire fentir le piftolet & laccoutumer à l’odeur de la fumée. Il faut toujours le flatter en l’approchant , & lui donner quelque chofe à manger ; car ce n’eft que par la douceur & les carefles qu’on apprivoife ces animaux. On met enfuite une nouvelle amorce > en accommodant le piftolet vis-à«  vis de lui ; & lorfqu’iKeft fait à l’odeur & à la fumée de la poudre , il faut commencer à tirer ett mettant une petite charte d’abord & peu bourrer ; on tire le dos tourné & un peu loin , on revient d’abord après le coup lui fi«iire fentir le piftolet & le fiatter ; fuivant au’il s’acoutume , on augmente la charge , on tire de plus près , & enfin on rire de deflTus. il faut , avec la même douceur & la même patience, l’accoutumer au bruit des tambours , au mouvement des étendards & au bruit des armes blanches. Les chevaux timides , qui ordinairement ont peu de force, & ceux qui n’ont pas la vue bonne , s’accoutument tu feu plus difficilement Sue Içs chevaux vigoureux & dont la vue eft faine ; i quoiqu’avec le temps on en vienne à bout , je ne copfeillerois pas de fe fervir de pareils chevaux pour la guerre.

Ce n’eft pas feulement dans les bornes d’un manège qu’il taut accoutumer un cheval de guerre à ce que nous venons de dire ; il faut fouvent l’exer ? çer en pleine campagne & dans les grands che«  mins , où il fe trouve une infinité d’objets qui effrayent ceux qu’on fort rarement , les moulins fur-tout , tant à eau qu’à vent & les ponts de bois , font un grand fujet d’alarmes pour bien des chc" vaux ; mais s’ils fronnoifient la main & les jambes,

?ue le cavalier facbe fe fervir à propos de ks aides , 

c qu’il ait le génie & la patience qu’il faut avoir, U viendra biemôt à bout de ces dignités. Sur-tout