Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/91

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8 » C H E fe peut faire, 8c il arrive fouvcnt, quilne barre foît ] plus comprimée que l’autre.

Quoique les barres foient Torgane immédiat fur lequel agit le mors, cependant il opère auffi fur touts les aurres membres, parce que fon effet change la difpofition que ces membres ont enrr*eux rfans rétat naturel du cheval ; difpofition qu’il ne Cmt conferrer lorfque fon équilibre doit fe comner avec le poids de l’homme qui le monte. • Le mors dans la bouche d*un jeune cheval lui •ccafionneroit une douleur infupportable qu’il ne .pourroit éviter cpie par des défordres, fi on s’en lervoit indifcrettement avant qu’il ait acquis la force, l’adrefle & Tintelligence qui lui font néceffatres* Quand la vigueur lui fera venue, alors des leçons laéthodiques > fondées fur le méchanifmede fes actions, & données avec difcrédon, le conduiront, par une progreffion infenfible> au point de fouffrir te même de goûter le mors. Dans les commencenents la douleur violente l’oblige àrejetter la mailè fur des membres tro^ foibles pour la fupporter en entier, & trop peu élaftiques pour la pouAer en avant : alors les efforts qu’il fait troublent leur portion naturelle ; & le mechanifme animal, dérangé dés l’enfance, nous laiffe un mauvais cheval^ au lieu d’un bon que nous aurions confervé » fi nous euffions employé la douceur. CeÇ donc fur un theval vraiment bon & afibupli, qu’on j » eu< con< aoitre les effets du mors.

Suppofons un bon cheval d’un âge fait, &— capable de recevoir un mors. Ajuftez>le félon les principes ci-deffus ; enforte qu’il y ait peu dlnter-Talle entre l’état de repos du canon & le mouvement de compreffion par lequel il excite de la dou-Icur. -Sentez les— deux rênes autant également qu’il eft poffible, afin qu’une’barre ne foit pais plus af£eâée que l’autre, & clommencei par une prefion inlenfible, que vous augmenterez par degrés. Dés que le cheval la fentira, il retirera la tète. Augmente ! la preffion, & que là douleur aille « hercher l’animal dans l’endroit où fa tâte s’e^l arrêtée ; alors 9 pour éviter la fcqfation doulooreufe, il rélèvera. Continuez de fertlif-îé mors fur les barres ; la tête du cheval fe’powcra— en arrière : & fi vous ne ceffez il reculera |ufqy’âi et qu’ayant fatigué fes jarrets & fes reins ^ il fiik enfin une pointe, & finiffe par fe renverfeK

Dans touts les chevaux, le mors produiroit <bcceffivement ces effets un peu plutôt, ou un peu Îi » Ius tard : ainfi,’quelque doux qu’il foit, il ne peut ervir, feuU à l’équitation^ Pour, en tirer toute nullité poiïîble, il faut donc en modérer l’aâion, & la proportionner à la fenfibilité & aux forces du ehevai ; il faut en outre, que l’animal connoiffe réperoR, & qu’il fe porte en ^vant pour les jambes. iJïi cheval qui fe décide franchement pour les E*’mbes..d$ l’homme, ue fe défordonne point pour preffioi) du mors^ Il commence » à l’approche de la douleur, par. ralentir fon allure tfilapreffion apgmc/ûe » h eiildve f^i tétç, fon col g fçs, épaules ^ e F-i E

& rejette une partie de leur poids fur leshancheM Celles-ci accoutumées à porter la maffe en avant ^ foiit leurs fonâions fi elles ne trouvent pas dans la main de l’homme une réûfiance, qui ne feroit autre qu’une dmleur nouvelle & plus forte. Le cheyai alors, entre deux douleurs, cédera à la plus violente : il forcera la main, fi l’éperon le chaife trop p ou fe cabrera, fi la main le retient avec excès. Il eft rare, Se même affez difficile, que le mors agiffe également fur les deux barres du cheval. Si une feule barre reffent la douleur, voici l’effet qut s’enfuit : le cheval ^ pour éviter la fenfation^aiffo ordinairement le coté qui eft comprimé, ^pbTte que los de la ganathe appuie fur le haut dt^fier » tandis que l’os de la ganache de l’autre côté s’en éloigne. Si la douleur continue, le haut du col fe plie, enfuite les épaules, ou du moins ies vertèbres dorfales ; & enfin le cheval tourne, parce que toute cette moitié de fa maffe ayant fuccei)ivement reflué jufques fur la jambe de derrière de ce côté, cette jambe lui fert de point d’appuL II eft néceffaire qu’elle fe décharge de fon poids qui la fatigue ; & cela ne peut fe faire qu’en tournant, fuppofé cependant que le cheval foit affez fouple pour le faire ; ^ car fans cela l’animal eft dan^ le defordre. Si après avoir plié le cheval avec un feul c^té du mor^, on lui fait lentir delà douleur de l’autre côté, fans diminuer le premier effet ; alors le côté qui auroit tourné eft arrêté, parce que.l’effet nouveau du mors met obftacle â la progreffion de cette partie » & tout le corps fe plie & s’arrondit. Ceft parle$ combinaifons différentes de ces fenfations » qu’on ’donne à la tête & au col du cheial des attitudes Ce des direâions variées.

L’attitude du cheval, ſa vigueur, ſa ſoupleſſe, influent beaucoup ſur les ſenſations que le mors opère en lui : mais ces rapports ne peuvent être connus qu’après un long travail & par un tact bien exercé. La théorie embraſſe peu d objets : la pratique offre des variétés infinies y qu’il eſt impoſſible de décrire,

Des propriétés du Mors, de ſa proportion avec la ſenſibilité des barres.

Puifque c’eft par la fenfation d’une douleur modifiée & dirigée à propos, que nous difpofons à notre gré les aiflérentes parties du corps du chtval^ il eft néceffaire d’avoir une machine qui fixe le îen-’ timent à un endroit déterminé, afin que la netteté & la fimplicité des opérations produiient des effets précis qu’on puiffc connoStre. Ceft pour cela que tes écyjrers fe fervent du mors tel que nous l’avons, préférablement à touts les autres inftruments. Les anciens, & peut-être encore bien des modernes, accordoient une grande propriété au mors : auffi en ont-ils fiibriqué de bien des efpèces. . Pour moi, je crois que ce n’eft qu’un moyen fecoodaire, .& que les véritables propriétés du mors fe trouvent dans l’affiette, dans la main, dans les Jaiii^bei <f un bon écuyer. I^oiurvu que le mors pofe bien.