Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

84 C H E culièrcttenijiéceflâîre ; ccpeiulant , ^aiu tarais nos haras , il n’en fait point , car on ne peut donner ce. «om à quelques tours qu’on lui &ic faire une fois ^ ou deux par femaine au bout d’une longe & fans être monté ;^ le cheval ainfi gouverné peut à jufte titre perdre le nom de cheval , car il n’en a plus les 3ualicés , pour prendre celui d’étalon ; aufli le degré e leur valeur eft-il toujours oiefuré par ta quantité de juments qu’ils font en état de faillir chague faifon , & par la promptitude avec laquelle ils fervent les juments qu’on leur préfente. Echauffé par les aliments , provoqué par les juments qu’on met auprès d*eux , ils femblent acquérir touis les jours plus de qualités pour la génération , mais l’art efl ici en déhiiit , la nature eit toujours la même , elle perd indubitablement en qualité ce qu elle paroît gagner en quantité.

Les anglois , plus amateurs & plus vrais connoiffeurs que nous en chevaux , nous donnent à cet égard un exemple qui de vroit pourtant nous frapper ; ils recherchcnr afvec grand foin les étalons qui (e font diftingués dans les courfes , ils ^chettent à des prix extraordinaires la permiiHon de jEÂÎre faillir de bonnes juments par ces chevaux ; aufll rarement Teffct trompe-t-il leur attente ; file poulain arrive à Tâge de cinq ans fans accident , il leur regagne ordinairement bien au-delà de ce qu’il coûte 11 eA. indubitable. Que les qualités fe perpétuent , elles devroient donc déterminer dans le choix des péres^^

On ei^ encore moins délicat fur les mères ; pourvu qu elles ateni un bon coffre > c’eft à-peuprés la feule qualité qiioa recherche» foiem-elles vicieufes , tarées , lâches & molles » eftropiées saéme ; c*eft au haras qu’on les relègue ; il eft rare d’y voir des juments qui noyaient pas été envoyées pour quelqu’une de ces caufcs : on les fait fervir par un étalou frais, ou fatigué , pourvu qu’elles retiennent » c’eft tout ce qu’on demande. Pendant le temps delà portée» il n’eft point queAion de l’exercice de la jument, enchaînée dans une écurie quelquefois trois mois de fuite , d'autres fois tour> m^niàe par un travail qui l’échauffé , fonvent mal nourrie ; enfin elle met bas , & donne prefque toujours^un poulain qui n’a pas même la fieure de fon père. Ces animaux ne font pas plutôt nés , qu’on leur circonfcrit un terrain, dont les bornes étroites ne permettent pas à leurs corps & à leurs membres de faire de l’exercice & de fe développer ; c’efl ordinairement le cercle jufle quieâ abfokimem oéceffaire h la nourriture de la mère, nourriture mal (aine , par cda même qu’elle eft renfermée dans un trop petit efpace y qui ne lui permet pas de la choifir.

Ceft dans ce régime de vîe qu’on emretîem le poulain , )ufqu’à ce <çie , quittant la mamelle , on le fépare , on l’enchame à Técurie ; ou , s’il refte .dehors, des cordes, des diaîDes même, lui lient ]es jambes, de peur qu’il ne les exerce : c’eft peu encore de s’pppofer au développement de la na* .c H E

ture , Il faut que h plus cruelle dFc$ opératî^iï» vienne l’étouffer : à dix-huit mois on coupe le poirlain , c’eft le détruire avant qu’il foit né : aniK ^ dés cet inAant , porte-t-il touts les fignes de ta foibleffe qu’il confervera pendant fa vie , l’encolure ccffe de groflîr , les mufcles ne prennent point ces formes quarrées & deffinées qai annoncent la vigueur du mâle , les poils font longs , îl en refte beaucoup aux jambes, les crins , au lieck de devenir liffes , brillants & ondulés , reffemblentà des étoupes : enfin , Tâge de le vendre arrive , & on nous amène ces btigues défigurées pour nous remonter. Ne reviendrons • nous jamais dîsr . cette ancienne & bizarre méthode européenne , de hongrer les chevaux, & de détruire ainfi la moitié de leur force & de leur courage ? L’expérience a. beau nous démontrer tous les jours qu’il n’y a que les chevaux entiers capables de faire ces travaux exceffifs du roulage des poftès , des rivières , Se. ; pour le métier de îa guerre, qui ne demande WB moins de force & de réftftance , nous ne nous fervoasque de chevaux hongres y. parce que d’an* ciens préjugés nous font fuivre une ancienne routine : que d’accidents , dit-on , il arriveroit ? mais en Perfe , mais en Arabie , ou ce barbare ufage efl inconnu & plus prés de nous encore , ta cavalerie Efpagnole, comment fait- elle ? (es chevaux (bnt-il» d’un autre acabit que les nôtres , font-ils moins propres à la génération ? cependant on les contient-^ on les maîtrife > & il ny a pas plus d’accidents ^ Sas plus de jambes caffées en Ef pagne qu’en FrancCn lais , pour prj3uver qu’il y a fur cet objet autant de préjugés que de raîfon , il y a vingt ans qu’on n’auroit pas ofè, dans Paris , atteler fon carrofle de chevaux entiers , on difoit auffi , que de rifques à courir fi on rencontre des joments ^ aujourd’hui il n’y a point de femme qui ne morne avec fécuritè dans un carroffe attelé de chevaux entiers ;& point de cocher qui ne fe range dans une cour d’hôtet ou de fpeaacle avec confiance , à fon tour , & ians s’embarraffer fi la voiture qui favoifine eft attelée de juments. Ne voit on pas chez le roi , 8t dans toutes les académies, ces chevaux les uns à côté des antres , tranquilles dans les rangs ou files des reprifes de manège , quoiqulls foient les trois quarts du temps montés par des cnfans ou des jeunes gens , qui n’ont nulle habitude des chevaux. Quelle objeéTion rcftcra-t-il donc à faire ? Les troupes voyagent & rencontrent des juments. Je répOQS. En vous fervant de chevaux entiers , vous multiplierez bientôt l’efpèce , & la coiifom»maiion deviendroit moindre , parce qu’ils rcfifteroient davantage à la fatigue* Les juments feroient prefque toutes reléguées chez le cultivateur oa dans les haras. D’ailleurs , les Efpagnols ne voyagent-ils pas ? les ’Touliers ne paffent-ils pas Icuir vVe fur les grands chemins & dans les auberges ’, & ne rencomrent’ils jamais de juments ? Tel eft l’empire de l’habitude , que les réformes wlesprojets les plus fimples &lesvptus miles font