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viron deux doigts, pour empêcher les fruits de tomber. On ne voit pas si bien d’un coup-d'œil tous les fruits d’une tablette, quand elle est de niveau ; on ne s’apperçoit pas si aisément alors de la pourriture qui survient à quelques fruits, & qui se communique à leurs voisins quand on n’y remédie pas d’abord.

9°. Cette pourriture à craindre oblige pour neuvième condition que, sans y manquer . on visite au moins chaque tablette de deux jours l’un, pour ôter exactement tout ce qui est gâté.

10°. On demande pour dixième condition, que les tablettes soient garnies de mousse bien sèche ou d’environ un pouce de sable fin, afin que chaque fruit posé sur sa base, c’est-à-dire sur la partie où est l’œil, se fasse une manière de nid ou de niche particulière qui le maintient droit SeFempêche de toucher à ses voisins ; car il ne faut point souffrir que les fruits se touchent.

11°. Pour dernière condition, on aura grand soin de nettoyer & balayer souvent la fruiterie, d’en ôter les toiles d’araignée, d’y tenir des pièges pour les rats & les souris, & même il n’est pas mal à propos d’y laisser quelqu’entrée secrète pour les chats ; autrement, on a souvent le chagrin de voir les plus beaux fruits attaqués par ces petits animaux mal-faisans. (Extr. du Dict. économ.)

FUMAGE ; c’est l’action de fumer la terre avec les stercorations des animaux. On se sert du fumage de ces excrémens pour remonter par leur moyen les terres qui s’usent & s’épuisent par les diverses productions que nous en tirons.

FUMER ; c’est répandre sur la terre & enfouir ce qui a servi de litière aux animaux domestiques, & qui contient leurs excrémens.

On fume à champ, lorsqu’on couvre de fumier toute la superficie d’un quarré ou d’une plate-bande.

Fumier à vive jauge, c’est creuser des tranchées où l’on fait entrer une bonne épaisseur de fumier. C’est ainsi qu’on fume les arbres en les dégorgeant, & mettent autour de leur tronc du fumier qu’on n’enfouit souvent qu’au printemps.

FUMIER. Il faut distinguer le fumier de l’engrais. On appelle fumier les stercorations des animaux, parce qu’effectivement soit qu’on les lève de dessous les animaux, soit qu’on les entasse en les déposant quelque part que ce soit, ou en les remuant, elles s’échauffent & rendent de la fumée ; mais ce qu’on appelle engrais sont


les terres neuves, les gazons, les feuilles pourries, les terreaux, les balayures, vanures, les marnes, les boues des chemins, la vase des étangs, des pièces d’eau des jardins & des mares desséchées ou écurées, les bêtes mortes, les tripailles de boucheries, &c ce sont là des engrais ; mais ce ne sont pas des fumiers ; toutes ces choses ne s’échauffent pas jusqu’à rendre de la fumée.

Le fumier neuf est celui qu’on a récemment tiré de l’écurie & qui est plein de chaleur ; elle diminue à proportion de son séjour. On dit qu’il est consommé lorsqu’il est bien pourri ; en sorte qu’on n’y voit presque plus de vestige de paille. On ne doit l’employer que quand la fermentation est bien établie ; il faut même attendre qu’il ait acquis un certain degré de putréfaction qui s’annonce par une odeur de sel alkali qui s’en élève. Ce fumier est le principal ressort de Fagriculture & du jardinage.

Le fumier des couches où l’on a élevé des laitues, des premières raves, ou des asperges de primeur est bon à mêler avec du fumier neuf en plus ou moins grande quantité, pour former de nouvelles couches dans le mois de janvier.

Le fumier neuf de cheval est susceptible d’une chaleur très-considérable ; c’est pourquoi lorsqu’on en fait des couches, on y plonge un thermomètre pour n’y mettre des plantes que quand le feu est assez diminué, pour que les plantes ne soient pas endommagées. Du reste, la chaleur du fumier est une des plus réglées & plus égales : on le regarde même comme approchant beaucoup du degré de chaleur qui nous est naturel.

Quand on fait des couches avec le tan au lieu de fumier, la chaleur en est plus durable.

Lorsqu’on charrie le fumier sur les terres, il faut le décharger en petits monceaux plus ou moins éloignés les uns des autres, selon la quantité qu’on en a ; & quand on voudra l’étendre, il ne faudra point tarder de l’enterrer au plus tôt. C’est une bonne pratique d’attendre qu’on soit prêt à semer, de crainte que, demeurant trop long-temps, il ne vînt à se dessécher par le hâle, ou n’être lavé par les pluies. Il faut avant de le couvrir de terre le bien disperser, çà & là, le plus également qu’il sera possible, & ne pas se contenter pour cette opération de jetter cet engrais avec la fourche ou le crochet ; il est à propos de ne point dédaigner de le prendre quelquefois avec les doigts, pour le diviser & le répandre bien menu sur le champ.

FUTAILLE ; tonneau ou barril de merrain, qui sert à mettre du vin ou autres liqueurs.