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légères, parce que les dégels, en soulevant la terre, & les grandes pluies, ont élevé les racines à la surface, & ont enlevé toute ou une partie de la terre de dessus les racines.

Il faut traîner le rouleau sur l'orge aussi-tôt qu'il est semé, sur-tout quand on sème en même-tems du foin.

Le tems où il est le plus à propos de passer le rouleau sur un terrain sableux, léger, c'est aussi-tôt qu'il est assez sec pour supporter cet instrument, sans que cette terre s'y colle. Quant aux sols glaiseux, il ne faut les labourer, les herser, ni y passer le rouleau, que quand ils sont suffisamment secs. Comme on ne passe le rouleau sur ce sol que pour en unir la surface, on peut attendre patiemment, parce que cette façon peut encore se donner sur des grains qui ont trois pouces de hauteur. Il y a encore une plus forte raison pour attendre eh pareil cas, c'est que s'il tombe de fortes pluies peu après qu'on a passé le rouleau, & qu'il survienne immédiatement de la sécheresse, la surface de la terre forme une croûte dure qui empêcheroit le grain de lever.

L'avoine, dans les terres légères, doit recevoir le rouleau aussi-tôt qu'elle est semée, à moins que le terrain ne soit si humide, qu'il s'attache au rouleau ; mais dans un sol glaiseux, on attendra que ce grain soit bien levé.

Le tems le plus convenable pour semer du foin dans une avoine, est lorsque le grain est haut de trois pouces, & on y passera aussi-tôt le rouleau, quel que soit le sol.

Le lin doit recevoir le rouleau aussi-tôt qu'il a été semé, ce qu'on ne devroit jamais négliger. Cette façon a l'avantage de faire lever le lin également & à la fois, ce qui est très-important, afin que tous les pieds se trouvent à la fois au degré de maturité convenable pour le serancer, & que la récolte soit de la même qualité.

Il faut, au premier printems, passer le rouleau sur les foins semés de l'année, dès que les chevaux peuvent y marcher sans enfoncer, cela rend le terrain plus ferme, & les racines talent mieux, s'enfoncent davantage. Quand le soleil est léger, lâche, il est avantageux de donner la même façon pour la deuxième & la troisième années, quoique cela soit moins nécessaire que pour la première récolte. (Bibl. phys. économ.)

Autre rouleau de Tull, agriculteur anglois, & de Duhamel, son commentateur.

C'est un rouleau pour briser les mottes. La manière de le tirer est fort différente de celle d'un rouleau ordinaire, dont le train est difficile à


faire & coûte beaucoup ; celui-ci n'ayant que trois pieds de long, est tiré par le moyen d'une simple paire de limons joints par deux barres, qui sont bien clouées à leurs bouts.

Ses goujons ou bouts de son axe, ne doivent pas sortir au-delà de la surface extérieure des limons, de peur qu'ils n'accrochent les plantes quand on le tire dans les plates-bandes. Les bouts de derrière des limons doivent aussi se courber un peu en haut derrière les goujons, pour la même raison ; ce cylindre, qui est de pierre, a deux pieds & demi de diamètre, & pèse onze cents, sans compter les limons : on ne doit jamais s'en servir que dans les tems les plus secs, quand ni la charrue ni la herse ne peuvent rompre les mottes ; comme il est fort pesant & court, il les réduit en poussière, ou en si petits morceaux, qu'un peu de pluie, ou même les rosées, si elles sont abondantes, les dissolvent.

Il est d'une grande utilité, dit Duhamel, pour préparer les raies pour les navets ; le tems étant sec à la mi-été (qui est la meilleure saison pour les planter), la terre étoit en grosses mottes, de sorte qu'il n'y avoit point d'espérance qu'on pût la mettre en état d'être semée en navets, les mottes étant si grosses qu'il auroit fallu beaucoup de vicissitudes de tems humides & secs pour les amollir : mais cet instrument les brisa, & la charrue le suivant immédiatement, les raies furent hersées & plantées avec le semoir avec beaucoup de succès.

Je m'en suis servi, ajoute cet auteur, pour le même effet dans le milieu d'un champ rempli de mottes, où il les a si bien pulvérisées qu'on en a pu voir clairement l'avantage par la verdeur & la force de deux récoltes suivantes, qui ont été différentes de celles des autres parties du champ qui étaient de deux côtes, & où le rouleau n'avoit pas été tiré.

Mais comme en écrasant il produiroit un effet tout contraire à celui qu'il produit en pressant simplement, si on s'en servoit quand la terre est humide, il seroit pernicieux en empêchant la pulvérisation ; c'est dans cette appréhension que je le laisse reposer quelquefois une année entière.

Il y a aussi une herse qui est longue & triangulaire, dont on peut se servir quelquefois utilement dans les plates-bandes, quand la terre est bien tempérée entre l'humidité & la sécheresse.

ROUX-VENT ; nom qu'on donne aux vents du mois d'avril qui sont froids, secs & forts. Ces vents sont très-nuisibles aux pousses herbacées des arbres fruitiers, & rendent leurs feuilles rougeâtres & recoquillées.