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VIN VOR 227


VIGNOBLE ; pays dont une partie considérable des terres est occupée en vignes propres à faire du vin.

VIN ; c'est une liqueur qu'on a exprimée des raisins, & qu'on a laissé fermenter pour la rendre propre à boire. Avant que ce suc tiré par expression ait fermenté, il est d'un goût doux & agréable ; c'est ce qu'on appelle communément du moût.

On distingue plusieurs sortes de vins. Leur différence vient ou des diverses espèces de raisins ; ou de leurs couleurs, odeurs & saveurs ; ou enfin des différens degrés de fermentation qu'on a donnés au moût.

Pour faire un excellent vin, on doit choisir les meilleurs raisins, c'est-à-dire, ceux qui font d'une bonne qualité, bien mûrs & sans pourri. On égraine les grappes, ce qui est très-facile en se servant d'une fourche de bois, longue de trois pieds ou environ qui ait à l'extrémité d'en bas cinq ou six fourchons disposés en rond & non sur une même ligne, long de chacun d'environ un demi pied.

D'autres emploient des fourches de bois qui n'ont que trois dents.

On met une bonne panerée de raisin dans une tine ou petite cuve ; & avec cette fourche dont le bout du manche est appuyé sous le bras, on remue les raisins, en les tournant, jusqu'à ce que les grains soient séparés de la grappe ; qu'on ramasse & jette à mesure dans un autre vaisseau pour retirer le jus qui en dégouttera ; ou bien, pour y jetter de l'eau, & faire passer ensuite cette eau sur le marc pour en faire une boisson commune. On continue d'égrainer de la même manière autant de raisins qu'il en faut pour la pièce qu'on veut remplir ; ensuite on foule ce grain séparé de la grappe, & on le jette à mesure dans la cuve.

La cuve étant pleine, deux hommes, avec chacun un rabot (instrument semblable à ceux dont on se sert pour éteindre la chaux vive), remuent & agitent continuellement ce marc, jusqu'à ce qu'on tire le moût. Dans les années chaudes, & quand la vendange se fait par un beau tems, vingt-quatre heures suffisent pour faire le vin : mais quand la vendange est pluvieuse, il faut au moins deux ou trois jours.

Pour tirer le moût de la cuve on y enfonce un mannequin, au travers duquel il passe séparé du marc ; & le puisant ainsi, on l'entonne dans la futaille qu'on a toute prête. Le vin qui reste


au fond de la cuve, & qu'on est obligé de tirer par la canelle, n'est pas si bon que le premier.

VIS ; pièce de bois ronde & cannelée en ligne spirale. On s'en sert avec beaucoup de succès pour encaisser & décaisser les orangers.

Deux tréteaux de quatre pieds ont chacun une vis perpendiculaire qui entre dans un écrou cannelé d'elle-même. Ces vis sont surmontées de crochets de fer qui reçoivent deux boulons de huit pieds de long. On place entre les tréteaux la caisse de l'oranger, dont on attache la tige à ces boulons garnis de chiffons pour ne pas endommager l'arbre. Lorsque la caisse est ouverte, & que la motte est un peu dégagée de terre, deux hommes passent des barres de fer dans les trous des vis & les font tourner en montant ; l'arbre s'élève avec elle, on taille sa motte, on remplit la caisse de terre neuve, & on y descend l'arbre avec la même facilité par un mouvement contraire. Cette machine est de l'invention du célèbre mécanicien Laurent.

VIVACE, (plante)

On nomme ainsi les plantes qui portent des fleurs plusieurs années de suite sur les mêmes tiges sans être transplantées.

Il y a des plantes qui sont toujours vertes, comme le giroflier, le violier ; d'autres qui perdent leurs feuilles l'hiver, comme la fougère. On distingue les plantes vivaces de celles qui meurent après avoir donné de la semence. Quelques plantes ne sont vivaces que par leurs racines. Le chêne & l'oranger passent parmi nous pour les plantes les plus vivaces.

VIVE JAUGE ; se dit de l'action de fumer, quand au lieu de ne mettre qu'une superficie de fumier sur la terre, on fait des tranchées où l'on fait entrer une bonne épaisseur de fumier. C'est ainsi qu'on fume les arbres en les dégorgeant & mettant au pourtour du fumier qu'on laisse tout l'hiver, & qu'on enfouit au printems. C'est de la sorte que les vignerons fument leurs fosses, & que les maraîchers fument leurs planches d'asperges.

VOLANT ; c'est un outil avec un long manche de bois, armé d'un fer coupant, & courbé en forme de croissant de la lune. Il est destiné à tailler les charmilles & autres palissades. (Voyez Croissant.) ;

VORACES, (plantes) On entend par ce mot les plantes qui épuisent les autres plantes & qui effritent la terre. Tels sont le chiendent, le chou & les autres végétaux qui consument beaucoup.