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sur le degré de chaleur nécessaire pour faire périr les insectes.

L'expérience a appris que, pour dessécher dans une étuve tous les insectes, leurs œufs, les larves & les chrysalides, au point de les rendre friables, sans faire perdre au bled la faculté de germer, il faut une chaleur de soixante degrés continuée pendant quarante huit heures, elle fait périr les teignes & leurs œufs : une chaleur de soixante-dix degrés détruit tous les insectes en fort peu de tems, mais elle altère les germes. Enfin à quatre-vingts degrés de chaleur ils périssent sur le champ, & le grain perd sa faculté de germer.

Méthode pour dessécher et conserver les grains.

Ce moyen consiste à faire passer au travers d'une masse de grains un courant d'air très-rapide, très-sec et très-chaud.

La machine ou l’appareil pour produire cet effet est fort simple ; c’est une caisse solidement construite, de cinq à six pieds en quarré sur trois à quatre pieds de hauteur (pouvant contenir six à huit mille-livres de grain). Cette caisse doit avoir, à trois ou quatre pouces, au-dessus de son premier fond, un second fond fait en caillebotis recouvert d’un fort canevas ou autre toile forte & claire ; au lieu de canevas, on peut employer une claie d'osier ou de lattis très-serrée, ou des feuilles de tôle piquées de trous fort près les uns des autres, de manière que le grain ne puisse s'échapper au travers des caillebotis, & que l'air ait un passage libre pour traverser la masse de grain contenue dans la caisse. On met à portée de cette caisse un soufflet ou ventilateur, dont le porte-vent, qui est fait avec des tuyaux de forte tôle ou de fonte, traverse un fourneau & vient aboutir à une large ouverture pratiquée entre les deux fonds de la caisse.

On chauffe le milieu de ce porte-vent, qui est assez long pour que le métal échauffé ne brûle ni la buze du soufflet, ni les fonds de la caisse. L'air aspiré, en sortant du soufflet, passe dans le tuyau de fer rouge du porte-vent, & acquiert une chaleur considérable : cet air chaud poussé avec force entre les deux fonds de la caisse, traverse rapidement la masse de grain qui y est contenue, & lui communique en peu de tems un degré de chaleur suffisant, non-seulement pour faire périr tous les insectes, leurs œufs, les chrysalides, &c., mais encore pour dissiper toute l’humidité des grains, & la réduire en vapeur qui s'échappe abondamment par quelques soupiraux faits au couvercle de la caisse, & que l’on tient fermés (pour conserver & augmenter la chaleur), au moyen de trappes très-légères qui s'ouvrent spontanément par l’effet du soufflet &


des vapeurs qui soulèvent ces trappes ; on pourroit même supprimer entièrement le couvercle de cette caisse.

Lorsque le grain a acquis une chaleur de soixante-douze à soixante-quinze degrés, on cesse le feu, & on continue de faire agir le soufflet jusqu'à ce que le grain soit entièrement refroidi ; on le retire ensuite par une ouverture pratiquée à cet effet au bas de la caisse, pour le renfermer sur le champ dans les greniers de conservation, afin qu’il ne reprenne point l’humidité de l’air, & que les insectes ne puissent y rentrer ; en augmentant les dimensions de la caisse de dessication, ainsi que celles des soufflets & des porte-vents ; on pourrait dessécher en très-peu de tems une masse considérable de grains. Les recherches sur la méthode que l'on indique ici n'avoient eu pour objet que la destruction des insectes qui sont très-communs dans les pays chauds ; mais cette méthode peut encore être très-utile & très-convenable dans les pays froids & humides, & même remplacer avec avantage les étuves à l’italienne, qui sont sujettes à plusieurs inconvéniens, que n'a pas la dessication.

Une plus ample description exigeroit plusieurs planches, & un très-grand détail ; mais les personnes qui ont la connoissance & la pratique du service des étuves, saisiront aisément jusqu'aux moindres détails dé cette machine, & seront en état de comparer cette nouvelle méthode, & de juger si elle est plus simple, plus expéditiye & moins coûteuse que les étuves connues jusqu'à ce jour. On observera, néanmoins, 1°. que les grains doivent être passés au crible & bien nettoyés avant d'être mis dans la caisse de dessication ; 2°. qu'il convient mieux d'augmenter les dimensions de cette caisse sur sa longueur & largeur que sur sa hauteur, parce que l'air des soufflets éprouvera toujours moins d'obstacles à traverser une masse de grains qui aura peu d'épaisseur ; 3°. qu'il seroit très-avantageux de construire les fonds de la caisse entière en fer & en tôle, afin de pouvoir entretenir au-dessous du premier fond un feu modéré qui accéléreroit beaucoup le dessèchement du grain ; 4°. qu'à volume égal, au lieu d'un seul tuyau rond pòur porte-vent, il vaut mieux augmenter ou le nombre des tuyaux ou la largeur d'un seul tuyau, en diminuant son épaisseur, parce que l'air acquerra, par ce moyen, beaucoup plus de chaleur qu'en traversant un seul tuyau rond qui aurait un très-grand diamètre ; 5°. Que les dimensions des soufflets & des porte-vents doivent être proportionnées de manière à déplacer en dix ou douze coups de brimbale toute la masse d'air contenue dans la caisse de dessication ; 6°. que la machine que l’on propose ici peut être appliquée au dessèchement de toute autre substance que les grains, sans aucun danger d'incendie, & qu'au lieu de feu


Art aratoire.

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