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avoir le coûtre plus mince & plus courbé, & l’oreille moins large.

On se sert aux environs de Colchester, ajoute l’auteur anglois, d'une, charrue à roues, extrêmement légère, avec laquelle on laboure avec deux chevaux deux acres de terre par jour ; mais il est vrai que le terrain est fort léger. Ce qu'elle de particulier, est un versoir de fer, évidé en dedans, lequel retourne la terre infiniment mieux qu'aucune autre espèce de charrue.

La charrue dont on se sert dans la province de Lincoln, a une figure toute particulière ; elle est excellente pour les terrains marécageux, remplis d'herbes, de joncs, & où il n'y a point de pierres, à cause de son coûtre & de la largeur de son soc, auquel on donne souvent plus d'un pied de large, qui est extrêmement pointu. On applique à cette charrue un manche ou soutien que l'on hausse ou baisse par le moyen d’un coin qui empêche le devant de la charrue d'enfoncer trop avant dans la terre ; d'autres coins contiennent la partie postérieure de la charrue. Le coutre consiste en une roue tranchante, laquelle coupe la racine des herbes en travers à mesure qu'elle avance, pendant que le soc les coupe par le pied.

Les habitans de la province de Sussex ne se servent que d'une charrue à une seule roue, extrêmement pesante, & d'autant plus mal aisée à traîner, que le derrière en est fort large.

Le terrain des environs de Caxton, dans la province de Cambridge, est extrêmement argilleux & tenace, & parsemé de petites hauteurs sur lesquelles on sème du bled. On met en prairies les parties ; les plus basses, qui dans les hivers pluvieux sont quelquefois si inondées, qu'on ne sait comment y faire paître les bestiaux.Comme il en coûterait trop pour y faire des saignées avec la bêche, les habitans du pays se servent pour cet effet d'une espèce de charrue qui ne diffère des autres qu'en ce qu'elle est plus forte & plus épaisse. Il y a une pièce de bois attachée, à la flèche, laquelle est armée d'un coûtre, & d'un autre fiché dans la flèche, lesquels sont courbés en dedans pour ouvrir la tranchée. Le soc est plat & fort large, & c'est lui qui ouvre le fond de la tranchée. Le versoir est trois fois plus long que dans les autres charrues, pour jeter la terre loin de la tranchée. Cette charrue, ouvre une tranchée d'un pied de large au fond, d'un pied & demi de large au sommet, & d'un pied de profondeur. Il faut vingt chevaux pour la tirer ; mais on est suffisamment dédommagé de la dépense par le service qu'on en tire.

Charrue double.

On voit dans la planche IX, Fig. 7, cette double charrue, ainsi nommée, parce qu'elle trace deux sillons à la fois.


Elle est de l’invention d'Ellis, riche fermier de Gaddensden, dans la province de Hestforden en Angleterre.

La construction de cette charrueest si simple, que le moindre ouvrier peut la faire. Il faut seulement observer que les crans représentés par la Fig. 7, soient près l'un de l'autre, parce que leur usage est de régler la profondeur des sillons, & de conserver le niveau de la charrue. Dans le cas où les bras sont trop longs, on peut les raccourcir, proportionnellement au terrain qu'on veut labourer.

(Gent. Mag. Feb. 1770.

Charrue anglaise, sans roues.

Il s'est fait depuis quelques années un changement remarquable dans la façon de labourer les terres du Comté d'Essex : il en coûte un quart de moins pour les labours, & je crois, dit un fermier, qu'elles sont mieux travaillées, cultivées. Il fallait précédemment quatre chevaux, un charretier-laboureur & un conducteur, pour faire le labour d'un acte dans un jour Nous faisons, dit-il, le même ouvrage avec trois chevaux & un seul homme, & lorsqu'on a de forts chevaux, il n'en faut que deux. Ces avantages résultent d'une meilleure construction de charrue & d'une meilleure disposition des terres pour le tirage. Il suffira de donner ici quelques indications sur les pièces qui composent cette charrue améliorée. (Voyez pl. XL, Fig. 1.)

1°. L'âge a sept pieds cinq pouces de longueur, cinq, pouces en hauteur sur quatre d'épaisseur latérale ; & à partir de l’endroit où est fixé le contre, l’âge diminue d'épaisseur & hauteur, jusqu'à n'avoir plus que trois pouces sur ces deux faces : à ce même point, l’âge est un peu courbé vers la terre.

2°. Le sep est une pièce droite, longue de trois pieds six pouces, large de quatre pouces à sa partie antérieure, & de trois pouces à la partie de derrière sur quatre pouces & demi d'épaisseur dans toute sa longueur.

Pour que l’âge & le sep soient placés comme il faut, l'un relativement à l'autre, tirez une ligne de la partie postérieure & inférieure du sep jusqu'au dessous de la tête de l’âge, comme la ligne ponctuée A B, & mesurez par cette ligne la hauteur de l’âge ou sa distance du fond du sillon ; il doit y avoir à la queue du sep quatorze pouces de la ligne au-dessous de l’âge, & seulement douze pouces au dessous de la tête de l’âge D à la ligne B. La position relative de ces deux parties est si imporrante, que lorsque celle que nous conseillons manque, la charrue travaille mal : tout autre défaut dans cet instrument peut être réparé ; mais celui-ci ne le peut