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penserons d’en parler ici, ne voulant maintenant nous occuper que de ce que nous appellons l’Art du Couvreur.

Mais avant d’entrer dans les détails des procédés propres aux différentes manières usitées de couvrir les bâtimens, nous allons rapporter encore, d’après l’ancienne Encyclopédie, quelques observations générales & préliminaires.

La couverture est la partie extérieure d’un bâtiment la plus élevée, qui défend toutes les intérieures des injures de l’air, & qui est soutenue de tout côté sur des bois appuyés d’un bout sur les murs de la maison, & de l’autre aux arc-boutés ou assemblés, soit ensemble, soit avec d’autres bois qui font partie de la charpente. On couvre les maisons ou de plomb, ou d’ardoise, ou de tuile, ou de bardeau, ou de chaume. Plus la matière est pesante, plus le toit doit être bas ; pour l’ardoise, on peut donner au toit une hauteur égale, à sa largeur. Pour la tuile, la hauteur n’en peut être que les deux tiers, ou tout au plus les trois quarts de la largeur. S’il y a des croupes ou boites de toit qui ne soient point bâtis en pignon, mais couvertes en penchant comme le reste du comble, il faut tenir ces croupes plus droites que les autres couvertures. Autrefois on ne faisoit que des couvertures droites, hautes, & n’ayant de chaque côté qu’une pente terminée en pointe au comble. Ces toits avoient des avantages, mais ils occasionnoient trop de dépense en tuile, en ardoise, en charpente, & ils renfermoient trop peu d’espace : on les a donc abandonnés pour les mansardres.

Quand on couvre de tuile, on place les chevrons à deux pieds ou seize pouces au plus de distance. Le millier de tuiles du grand moule, fait sept toises de couvert. Ces tuiles ont treize pouces de long, huit de large, & quatre pouces trois lignes de pureau ; on appelle de ce nom, la portion de tuile qui reste découverte quand elle est en place. La grandeur des tuiles du petit moule est communément de neuf à dix pouces de long, sur six de large, & trois pouces & demi de pureau. Les tuiles rondes, ou creuses, ou en S couchée, demandent un toit extrêmement plat. Il y a de l’ardoise de onze pouces de long, sur six à sept de large, & deux lignes d’épais ; c’est la carrée forte. La carrée fine à douze à treize pouces de large, sur une ligne d’épais. Le millier fait quatre toises de couverture, en lui donnant trois pouces & demi de pureau ; en la ménageant bien, elle peut former jusqu’à quatre toises & demie. Le bardeau, ou ces petits ais qu’on substitue à la tuile, ne charge pas les maisons ; on les appelle aissis ou aissantes. On les emploie communément aux hangards. Il faut qu’ils soient sans aubier. Si on en fait des toits de maison, il ne sera pas nécessaire que la charpente soit forte. Il n’y faudra pas épargner le clou, non plus qu’à l’ardoise. Il durera plus long-temps si on le peint à l’huile. A la campagne, on couvre de chaume ou de paille de seigle non battue au fleau ; après que les faites & sous-faites sont posés, on y attache avec des gros osiers ou des baguettes de coudrier, de grandes perches de chêne, à trois pieds de distance ; on lie ces perches avec de plus petites qu’on met en travers, & l’on applique là-dessus le chaume, ou la paille, qu’on fixe avec de bons liens. Plus ces liens sont serrés & le chaume pressé & égal, mieux la couverture est faite, Il y a des couvertures de jonc & de roseaux. Quelquefois on gâche la paille avec de la terre & du mortier.

On accroche la tuile à la latte ; on y cloue l’ardoise après l’avoir percée d’un coup de marteau ; c’est pour cela qu’on remarque à la tuile une encrénure en dessous. Le pureau est plus grand ou plus petit, selon la distance des lattes. Voilà en quoi consiste tout l’ouvrage du couvreur, qui demande plus de hardiesse & de probité que d’adresse. La latte est attachée sur les chevrons.

Comme il est quelquefois difficile de vérifier l’ouvrage du couvreur, il n’a pas de peine à tromper ; il peut compter plus de tuile ou d’ardoise qu’il n’en emploie ; il peut employer de mauvaise latte & de la tuile mal façonnée ; il peut disposer la neuve de manière qu’elle soit mêlée avec la vielle, où qu’elle lui serve de cadre. Il n’y a que la stipulation avant que l’ouvrage commence, & un examen attentif après que l’ouvrage est achevé, qui puisse mettre à couvert de la tromperie.

Le toiser de la couverture n’a rien de difficile, les dimensions étant données ; mais il est quelquefois dangereux de les prendre sur le toit. Quand on les a, il faut supposer la couverture plane, & ajouter au produit pour le battellement un pied carré ; pour la pente, un pied carré ; pour le posement de goutière, un pied earré ; pour une vue de faîture, six pied ; pour un œil de bœuf commun, dix-huit pieds, pour les lucarnes, demi-toise ou une toise, selon leur forme.

Il n’est pas difficile de savoir ce qu’il doit entrer d’ardoises ou de tuiles dans une couverture, les dimensions de l’ardoise étant données, l’étendue, de la couverture, & la quantité de pureau ; ce qu’on a toujours.

On appelle couverture à la mi-voie, celle où l’on a tenu les tuiles moins serrées que dans la couverture ordinaire. Cette manière de couvrir convient à tous les ateliers où il faut ménager une issue à la fumée, ou à des vapeurs incommodes ou nuisibles.

On fait les couvertures des bâtimens comme on vient de le dire, avec différentes matières ; 1°, avec du chaume ou du roseau ; 2°. aveç du bardeau, qui est fait de merrain ou de douves de vieilles futailles ; 3°. avec de la tuile, qui est une terre cuite ; 4°. avec de l'ardoise, pierre feuilletée que l’on tire de quelques carrières particulières. ; 5°. avec certaines pierres plates qu’on appelle laves, & qui se trouvent dans certains cantons ; 6°, avec de la tourbe ; 7°. avec des planches ; 8°. avec des lames de métal ; 9°. enfin, avec de la terre, avec du ciment, avec toutes matières qui peuvent arrêter la pluie.

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