tances de la société ; & si cette dernière part a été la plus forte, pourquoi le blâmerions-nous d’avoir sacrifié sa gloire à son bonheur, & l’amour-propre à l’amitié ?
Celle de ses occupations qu’il préféroit, & à laquelle il revint toujours, fut l’étude des arts.
S’il en est un dont les principes méritent d’être recueillis, & ornés par la main dcs poëtes, n’est-ce pas l’art de peindre ? Déjà Dufresnoy & Marsy en avoient tracé les élémens dans des vers latins, aussi bons peut-être qu’il soit possible d’en faire à présent ; mais la Muse Françoise, qui compte maintenant plus d’un succès dans ce genre ([1]), ne s’étoit pas encore essayée, lorsque M. Watelet résolut de s’y livrer ; il ne se dissimula pas les difficultés de son entreprise. Composer un poëme sur la peinture, n’est-ce pas en effet s’astreindre à montrer ses rapports avec tous les arts, avec tous les événemens, avec toutes les passions ? N’est-ce pas embrasser la nature entière ? Les Dieux & leur puissance ; le ciel & ses merveilles ; la terre avec tous ses sites & ses tableaux, ses plaines & leurs moissons, ses montagnes & leurs volcans, ses forêts & leurs ombrages, ses mers, leur calme & leurs tempêtes ; le tems & ses époques, l’histoire & ses leçons, la fable & ses mensonges, l’homme lui-même enfin, avec toute sa grandeur & sa misère ; toutes ces images se présentent en foule au poëte étonné, que l’ascendant de son génie peut seul élever à la hauteur d’un aussi grand sujet.
Averti par cette pensée, M. Watelet connut ses forces, &, déterminant la marche & les limites de son projet, il sut les mesurer avec celles de son talent.
Le dessin, la couleur & l’invention forment la division de son poëme ([2]) : il dit dans ses vers quelles sont les proportions des différentes