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titre : tels sont ceux qui n’offrent pas une action nécessaire bien marquée, mais un concours d’épisodes ou d’actions qui sont au choix du peintre ; telles sont les représentations d’une caravanne, d’un marché, d’une place publique.

Il y a même des sujets qui sont en même temps historiques & épisodiques. Tel est celui de la manne donnée aux Israëlites dans le désert. Le sujet n’offre nécessairement que la figure de Moyse obtenant par ses prières une assistance miraculeuse, & un peuple affamé qui recueille la manne. Les différentes actions des Israëlites, dans cette circonstance, sont au choix du peintre : on peut voir, à l’article EXPRESSION, que le Poussin a fait ce choix en homme de génie, & que tous les episodes qu’il a rassemblés concourent à augmenter l’intérêt du sujet.

Le déluge universel est aussi un sujet épisodique. Une inondation totale, l’arche portée sur les eaux, des hommes & des animaux qui se noyent, voilà ce qui est offert par l’écriture : toutes les actions des infortunés, victimes de la vengeance céleste, sont épisodiques & au choix du peintre. Le Poussin est, de tous les artistes qui ont traité ce sujet, celui qui a le moins multiplié les épisodes, & qui en même temps l’a rendu de la manière la plus sublime. (Article de M. Levesque.)

EPREUVE (subst. fém.). Ce mot répond à celui d’essai. Un graveur, à mesure qu’il avance sa planche, en fait tirer des essais par l’imprimeur en taille-douce, pour voir l’effet que le travail qu’il a fair sur le cuivre produit sur le papier. Ce sont ces essais qu’on nomme épreuves. Quand le travail tracé sur le vernis dont on couvre d’abord le cuivre a été mordu par l’eau-forte, on en fait ordinairement tirer quelques essais qui se nomment épreuves de l’eau-forte. Quand ensuite le graveur a entièrement ébauché sa planche, & qu’il y a établi presque tous les travaux qu’il se propose d’y mettre, mais sans leur avoir donné la vigueur & l’accord qu’ils doivent avoir dans le fini, il fait encore tirer d’autres essais qu’il appelle première épreuves, & pour designer le point où il en est de son travail ; il dit qu’il en est aux premières épreuves. Quelquefois le graveur qui se charge de faire une estampe & l’entrepreneur qui la lui demande stipulent que le prix du travail sera partagé en trois payemens égaux, dont le premier sera dû après l’eau-forte, le second aux premières épreuves, & le troisième au fini. Quand la planche être considérable, comme le travail de la gravure est fort long, il se fait ordinairement quelque convention à-peu-près semblable.

Cependant, comme chaque artiste a sa manière d’opérer, on ne peut guère déterminer par ces expressions épreuves de l’eau-forte, prermières épreuvea, à quel point en est l’ouvrage, puisque les uns établissent grande partie des travaux à l’eau-forte, & que les autres réservent presque tout le travail pour le burin. D’ailleurs quelques-uns, sûrs de leur effet, avancent considérablement l’ouvrage avant de faire tirer les premières épreuves, & d’autres plus timides ou plus impatiens de voir leur travail sur le papier, font tirer des épreuves lorsqu’ils n’ont encore fait qu’une très-foible ébauche. Il y a des graveras qui conduisent à-la-fois toutes les parties de leur planche, & y établissent l’accord dans un ton plus foible que celui qu’ils donnent au fini ; il y en a d’autres qui terminent presqu’entièrement un grand nombre de parties, & les approchent le plus qu’il leur est possible du ton qu’elles doivent avoir, réservant pour la fin quelques autres parties, comme les têtes, les mains, quelques parties d’étoffes brillantes ou de métaux : c’est la pratique de quelques graveurs de portraits. On ne peut ni approuver ni condamner exclusivement aucun de ces procédés. C’est d’après l’ouvrage fait qu’on doit juger l’artiste.

Le nom d’épreuves se donne par extension à toutes les estampes, lorsqu’on les considère comme le produit d’une planche gravée. Dans cete nouvelle acception, le terme de premières èpreuves ne signifie plus de premiers essais, mais il désigne les premières estampes qu’on a tirées de la planche terminée. On dit, j’ai une des premières épreuves de la famille de Darius. On dit aussi une bonne ou une mauvaise épreuve, pour signifier une estampe qui a été tire lorsque la planche étoit encore fraîche ou lorsqu’elle étoit déjà fatiguée. Une épreuve est boueuse quand la planche a été mal essuyée, qu’il y’est resté trop de noir, & que les travaux ont été confondus. Elle est nette & brillante quand la planche a été bien encrée & bien essuyée, en sorte que tous les travaux sont bien distincts, & que chaque taille est restée suffiamment nourrie denoir. Elle estgrise quand la planche commence à s’user. Elle est neigeuse quand les travaux de la planche, étant en partie usés, ne reçoivent plus le noir dans leur continuité, en sorte que les tailles sont interrompues par des taches blanchâtres. Ces défauts peuvent aussi quelquefois provenir de la maladresse de l’imprimeur, ou du travail du graveur.

Quoique l’airain, ou cuivre rouge, qui forme la planche gravée n’éprouve que des frottemens très-doux de la main de l’imprimeur, la gravure se fatigue & s’use par ce frottement plus vîte qu’on ne le penseroit si l’on n’en avoit pas l’expérience. Sa durée dépend en partie du travail de l’artiste, en partie de la fermeté du cuivre, & en partie de l’adresse de l’imprimeur.

Des amateurs qui le défioient de leurs lumières, foiblesse peu commune entre les amateurs,

leurs, —