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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/400

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de près pour en mieux assurer l’effet dans l’éloignement. « Elle n’est pas travaillée, plans les règles de l’optique. La touche & la saillie des yeux sont au-dessous du naturel-pour leur froideur. Les narines font un cercle sans mouvement & sans respiration. Les plis formes par l’ouverture de la bouche sont arrangés comme on voit les brins, d’osier dans le tissu-d’une corbeille. Ceux du cou, au-dessous de la ganache, sont ronds, froids, sans inégalité, sans ressort, sans ce frémissement, cette crispation, de la peau que ses plis occasionnent toujours. Il semble voir une douzaine de baguettes arrangées symmétriquement les unes, après les autres. »

En vain on soutiendroit que la tête fait bien en place. La forme en est désagréable de quelque, côte & à quelque distance qu’on la regard ; elle ne ressemble en rien aux belles têtes de chevaux naturels, & c’est en cherchant à l’imiter que Raphaël & le Poussin ont fait de mauvaises têtes de chevaux.

« L’allure du cheval de Marc-Aurèle est le pas. La position des jambes de derrière y est conforme la, droite est convenablement éloignée du corps, & la gauche est fort avancée sous le ventre ; la pince est déjà posée ; (c’est un défaut qui fait nommer un cheval ramipin.) Enfin le pied, ne peut plus changer de place qu’en se levant pour avancer un pas. Tout va presque bien jusques-là : mais comme il faut une harmonie, une correspondance des mouvemens qui se croisent, le pas de la jambe gauche de devant, qui soutient l’avant-main, doit dans cet instant être sous le ventre, & décrire une ligne oblique qui forme, avec la perpendiculaire prise au haut de la jambe, un angle au moins de quinze degrés. C’est ce qui no se trouve pas observé dans le cheval en question : l’angle que forme la ligne de sa jambe avec la perpendiculaire n’est au plus que de quarte à cinq degrés. Voyons l’autre jambe de devant. Dans le pas, le pas le sabot de las jambe qui marche ne s’élève qu’à la moitié du canon de l’autre Ici, le sabot de la jambe levée est à la :hauteur du genou de celle qui pose. Le mouvement outré de l’un de ces membres & l’inaction de l’autre, sont une discordance entre eux par comparaison avec l’action du train de derrière. Ne voyez-vous pas que, par ce moyen, le : cheval va au grand pas :des jambes de derrière, & que, de celles de devant il ne fait que piaffer ? Ne voyez-vous, rat aussi que Pietre de Cortone & tant d’autres, y ont regardé trop légèrement ? Comment n’a-t-on pas vu ces deux actions aussi impossibles à faire ensemble à un cheval, qu’a tout autre quadrupede pede vivant Voilà au moins ce qu’il auroit fallu appercevoir avant que de dire à ce cheval : Avance donc ? ne sais-tu pas que tu es vivant ? (mot qu’on attribué à Pietre de Cortone.) Je le défie d’avancer, puisque l’usage qu’il fait de ses jambes de devant contrarie & ‘arrête ce que sont celles de derrière. »

La partie la plus essentielle des observations de M. Falconet est celle où il donne le parallèle des proportions du cheval de Marc-Aurèle avec celles du beau naturel, parce que cette comparaison peut devenir fort utile aux artistes qui veulent étudier les chevaux. Ils doivent trouver avec plaisir les proportions d’un beau cheval prises par’ un artiste qui en a lui-même exécuté un fort beau

« La tête du cheval de Marc-Aurèle, dit M. Falconet, a deux pieds onze pouces : je l’ai divisée en quatre parties. J’ai fait la même division sur la tête d’un beau cheval naturel, & j’ai pris ainsi les principales mesures & du beau naturel & du cheval antique ; je n’en garantis pas la justesse à deux ou trois minutes près. Si l’on croit que, n’ayant pas vu le bronze, il ne m’a pas été possible d’en savoir les proportions, je prie ceux qui seront à portée de s’en assurer, de vouloir bien vérifier celles-ci, & de me rectifier où j’aurois commis de fortes erreurs. » Le cheval de Marc-Aurèle. Le beau naturel. Largeur du cou à la hauteur du menton, 4 parties 2 parties 5 minutes. Grosseur du cou vers la ganache, 2 patries 1 minute 1 partie 3 minutes. Largeur des épaules 4 parties 2 minutes 2 parties 9 minutes. De la naissance des reins à celle du fourreau, parties 3 parties 5 minutes. Du milieu des reins au milieu du ventre, 5 parties 4 parties. D’un côté du ventre à l’autre, 5 parties 8 minutes 4 parties. Depuis le poitrail jusqu’aux fesses, 12 parties 6 minutes 10 parties. Le bras levé, depuis la pointe du coude jusqu’au devant du genou, 4 parties 4 minutes 3 parties 6 minutes. La jambe du même bras, depuis le dessous, du genou jusqu’à la pointe du sabot, 4 par ties 2 minutes 3 parties.

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