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produit étoit un chef-d’œuvre. (Article de M. Levesque).

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EXAGÉRATION (subst. fém.) L’exagération est par-tout vicieuse, dans les formes, dans l’expression, dans les effets, dans les mouvemens. C’est-à-dire que le tableau, la statue ne doit rien offrir d’exagéré de la place où ils doivent être vus ; car il est une exagération savante & nécessaire que l’artiste habile sait donner à son ouvrage, pour que, du lieu où sera placé le spectateur, cet ouvrage ressemble à la nature. Si les figures de la coupole d’un temple élevé n’étoient pas plus grandes que des figures naturelles, elles sembleroient petites ; si les détails en étoient traités comme dans un tableau de chevalet, l’ouvrage paroîtroit sec & mesquin : si l’effet n’en étoit pas exagéré, il sembleroit froid. (L.)

EXÉCUTION (subst. fém.) L’exécution, cette partie du talent qui semble purement mécanique & ne rien tenir du génie, sert infiniment à le produire avec succès. Elle n’a pas toujours été envisagée, par plusieurs artistes célèbres qui ont renouvellé la peinture, comme aussi importante qu’elle l’est devenue depuis. Tel est le goût des hommes pour la perfection ; il va toujours croissant dans les siècles éclairés. Pour mériter leurs suffrages, il ne suffit pas de faire de belles choses, il faut qu’elles soient bien faites, & que la main soit de moitié dans le mérite de l’esprit. Sachons-leur gré de cette délicatesse ; en flattant leurs plaisirs, elle contribue à l’avantage des arts.

Quoique les beautés d’exécution ne soient pas ordinairement l’objet principal de l’artiste, & qu’il ne s’en serve que de moyens pour mettre en œuvre des beautés d’un ordre supérieur, elles sont extrêmement importantes. Elles servent à fixer les yeux du spectateur sur des objets destinés à toucher son ame, & sans les attraits de l’exécution, la rapidité avec laquelle il parcourroit certains ouvrages l’empêcheroit d’en appercevoir toutes les finesses. Il faut regarder les beautés d’exécution comme l’adresse dont se sert le génie pour remplir parfaitement l’objet qu’il a de plaire & d’intéresser. Voyez Faire. (Article extrait du Traité de Peinture de M. Dandré-Bardon).

EXPOSITION (subst. fém.). Ce mot a deux sens. Dans le premier, il signifie la manière dont un tableau est placé : Ce tableau est dans une bonne exposition. Quand le peintre connoît d’avance la place qu’occupera son ouvrage, comme lorsqu’il fait une coupole, ou un tableau d’autel, il doit travailler en consé-


quence de l’exposition qui lui est connue, & il peut même se concerter avec l’architecte pour rendre cette exposition encore plus favorable. Il peut, par exemple, faire pratiquer, dans quelque partie de l’édifice, une ouverture, qui, cachée au spectateur, fera tomber sur l’ouvrage une lumière qui en augmentera l’effet. Mais s’il fair un tableau de chevalet, sujet à changer de lieu, il doit tâcher que l’effet en soit heureux à toute exposition raisonnable.

On appelle, dans un autre sens, exposition, l’action d’exposer ses ouvrages au jugement du public. Par exemple, les artistes de l’Académie Royale de Paris exposent tous les deux ans leurs ouvrages dans une salle du Louvre ; c’est ce qu’on appelle l’exposition des tableaux. L’Académie de Londres fait tous les ans une semblable exposition. Les artistes de la Grèce exposoient leurs ouvrages en public. L’ignorance multiplie, dans ces occasions, les jugemens absurdes ; & c’est du concours des jugemens du goût, & de l’ignorance, que se forme celui qui donne aux vrais talens la place qu’ils méritent. Ces expositions ont un autre avantage ; celui d’entretenir l’émulation qui s’affoibliroit dans le calme des atteliers. Chaque artiste redouble d’effort, parce qu’il sait que le public doit le comparer avec ses rivaux. Les efforts seroient encore plus vifs, si l’on exposoit, avec les ouvrages modernes, quelques chefs-d’œuvre des plus grands maîtres des différentes écoles. De quel feu créateur ne se sentiroit pas animé le peintre vraiment épris de son art & de la gloire, s’il prévoyoit qu’il aura pour concurrens Raphaël, Rubens, le Titien, le Sueur ? (Article de M. Levesque.)

EXPRESSION (subst. fém.) On restreint ici la signification de ce mot aux signes extérieurs par lesquels s’annoncent sur le visage & dans toute l’habitude du corps les affections intérieures & tous les sentimens de l’ame.

S’il est possible de développer le sens de ce terme, il est infiniment difficile & peut-être impossible de donner une suite méthodique de procédés qui conduisent l’artiste à exécuter dans toute son étendue, ce qu’on se croit en droit d’exiger de lui, relativement à l’expression.

Tout ce qui vit, tout ce qui est animé, éprouve, presque sans interruption, des sensations ou ce qu’on appelle passions. Le peintre, par conséquent, ne peut jamais représenter un être vivant, qu’il ne soit obligé de le montrer avec un sentiment ou une passion. Il y a plus ; tous les corps, tous les objets qui ne sont pas doués de la vie, ont aussi, indépendamment de leur forme de leur & nature générale, un caractère particulier qu’ils tiennent de l’état actuel, c’est-à-dire, des circonstances propres ou accidentelles qu’ils éprouvent.


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