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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/502

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plus lente lui permet mieux de s’occuper des dérails.

D ailleurs , comme le peintre de portraits détaille & termine plus fes têtes que le peintre û hiftoire , il ne i’eroit pas d’accord avec lui-même s’il ce rermincit pas auffi. davantage (es draperies. Ajoutons , comme nous l’avons dit ailleurs, que le peintre d’hiftoire , s’il eît fidèle au coftume , a rarement l’occafion de vêtir les figures d’étoffes de foie ; mais le peintre de portraits a chaque jour occafion de revêtir les tiennes â ?i plus belles étoffes , de repréfenter des métaux précieux, des broderies , des perles , des p ;erres fines , de riches amenblemens, & : nous avons déjà dit que ces objets briilans font m :eux traités dans leur caractère par le burin, dont la coupe eft brillante elle-même , que par l’eau- forte.

Le graveur de portraits ébauche par plans , avec autant de foupleffe que de précifion , les parties ombrées de la tête , paffe aux détails des demi- teintes , choifit un travail allez fin pour ne laiffer échapper qu’un très-petit nombre de ces détails ; & comme il en trouve encore d’effentiels à la parfaite reffemblance fur les parties éclairées , il ne laiffe de blanc que le point le plus vivement frappé de la lumière. Pour s’approcher par des nuances inlenflbles & harmonieufes de ce point lumineux , il grave les demi-teintes les plus légères avec des points longs, & , s’il a befoin de les reprendre pour ajouter à leur couleur , il les rentre du même côté qu’il les a établis, enforte que leur côté aigu fe rencontre avec le travail qui eft fait en tailles, 8c en eft la continuation. Quelques-uns de ces points fervent même d’entre-railles a^x travaux qui en font les plus voifins , afin de ne pointpafTér brufquement d’un travail à un travail tout différent. Ces points peuvent être regardés comme des tailles interrompues ; ceux qui compofent une même taille laiffent donc un peu de blanc entre eux -, & fi le blanc laine par une taille en points , fe rencontrait avec le blanc delà taille qui eft au-deflus, & de la taille qui eft au-deîïbus , il en réfulteroit une ligne blanche qui nuiroit à l’ouvrage. 11 faut donc que ces points rentrent les uns dans les autres par digitation , c’eft-à-dire , comme rentrent les uns dans les autres les doigts ouverts des deux mains , & que le milieu d’un point l’oit oppofé à l’extrémité du point fupérieur & du point inférieur, comme les briques fe rangent plein fur joint dans l’appareil des bâtimens. Quoique , dans de très-belles eftampes , ces points femblent établis avec une grande liberté , ils exigent beaucoup d’art.

Pour qu’il y ait de l’accord dans le travail , tous les acceflbires doivent être gravés avec le tnême foin , la même propreté que la tête, excepté dans les parties qui demandent à être ^eaux-Arcs. Tome I.

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ître dans les principes que nous avons cêjâ iblis. On obfervera feulement que tous les facrifïées. Bailleurs la manière de les traiter rent

établi

accefîbires d’un portrait étantplus détaillés que ceux d’un tableau d’hiftoire, ils veulent être gravés d’une manière moins ferrée. La manière large dont Frey, Wagner, MM. Strange , Bartolozzi , Sfc. ont traité les draperies , feroit peu convenable aux étoffés d’un portrait. Quoique ce l’oit de la tête que nous avons parié d’abord, ce n’eft pas ordinairement par elle que commence le graveur. Il ébauche & avance auparavant les fonds , les acceflbires , & réferve pour fon dernier travail les chairs, les linges , les dentelles & les travaux les plus délicats. Ce procédé eft même nécefîaire ; car s’il commençoit par graver les parties qui exigent le plus de finefledans les travaux, il les ternirait , les fatiguerait- , les uferoit même par le frottement de l’a main , par celui de-lV*-arboir, parle fréquent nettoyement delà planche , &c. I : arriverait que, pendant le long travail de la gravure , les parties délicates feraient plus fatiguées par ces opérations répétées que parle tirage d’un millier d’épreuves. Il y a même des graveurs qui , partons ces moyens, ufent leurs planches avant qu’elles foient finies. Ce que nous avons dit de la gravure des portraits , fe rapporte à la pratique moderne que les graveurs appellent par excellence la manière du portrait , quoiqu’il paillé y avoir des manières non moins heureufes de le rendre. On fent , par les détails dans lefqueis nous fommes entrés , qu’elle eft voifme de la froideur : mais les lîolfwert , les Vorfterman , les Pontius ou Dupont, les Pierre de Jode , les Hondius , ont gravé avec chaleur les plus beaux portraits de Vandyck. Infpirés par les tableaux de ce maître faits avec le plus grand art , mais avec autant de feu & de facilité , ils laiffoient la lumière large fur la tête , & fans compter , fans carefler leurs travaux , ils exprimoient la forme de la charpente , le mouvement des chairs , le chryfralin des yeux avec autant de vérité que d’aifance. On ne remarque pas s’ils ont fait de belle gravure ; eux-mêmes ne paroiffent pas s’en être occupés , & ils ont fait en effet de la gravure excellente , puifqm’elle femble la plus propre à rendre ce qu’ils vouloient exprimer. On voit dans leurs portraits un caractère de vie qui fe trouve bien rarement dans ceux qui ont été faits avec un foin plus marqué. Ils ont employé quelques points longuets pour approcher des lumières, & ces points femblent placés avec négligence ; mais ils peignent comme le pinceau. Leurs touches miles Se hardies animent tout. Les acceiToires font traités avec la même liberté que les têtes , & cohfervent de même le caractère qui leur eft propre. Accordons } fi l’on veut, qu’il faille avoir Dour 1& Z z