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que par l’amonr du merveilleux , & ce qu’on trouve pourtant dans un livre fur l’excellence de la nation Allemande dont l’auteur eft Mathias Quadt de Kinkelbach. Il raconte que I invention de la gravure efl : due à un berger des environs de Mons , & que les figures , quoique traitées avec dureté , femblent plutôt avoir été faites d’après nature que d’imagination, II donne à ce berger le nom de F. fonBocholt. Comme il exifte en effet des eftampes marquées F. V. B. on ne manque pas de les donner pour des ouvrages du berger V on Bochoh. Mais ces caraâères font en capitales italiques , & l’on doute avec raifon qu’il y ait en Allemagne aucune infcription du quinzième fiècle qui ne foit pas en cara&ères gothiques.

On a bien prétendu trouver auffi la même marque en lettres gothiques ; mais il elt très-vraifemblable qu’on a pris un J pour un F , erreur facile dans ce caraftère , Sr que les eftampes du prétendu berger Von Bocholc, font d’Ifraël van Meeheln , qui demeuroit à Bocholt, & qui a marqué plufieurs de l’es ouvrages du nom de fa demeure.

(2.) Il y a eu deux Israël van Méchein , le père & le fils , qui tous deux ont gravé. Le ’fils eft mort en 1523. Le père a pu commencer à graver vers 1450. Le fils a été contemporain d’Albert Durer, que l’on prétend même qu’il alla vifiter à Nuremberg.

Quelquefois des brocanteurs ont ajouté à des eftampes le chiffre F. V. B. pour les vendre comme des ouvrages du faux berger Eocholt. L’auteur de l’Idée d’une collection complette dftampes a.ru la p.’èce de Saint-Antoine, ouvrage de Martin Schoen , ponant cette fupercherie.

(3) Entre ces anciens graveurs, il ne faut pas oublier Michel Woigemuth , parce qu’il fut Je maître d’un artifte célèbre, Albert Durer. Il étoit peintre & graveur, & marquoit Ces ouvrages d’un W. Il eft né à Nuremberg en 1434 Se eft mort dans la même ville en ijio. Il peut avoir conriii l’inventeur de la gravure & en avoir reçu des leçons.

Les Italiens pré.endent à la gloire d’avoir inventé cet art. Comme il y svoit alors très-peu de communication entre l’Italie &l’Allemagne.j on peut aifément fuppofer qu’aucune des eftampes gravées dans l’une de ces contrées ne fut d’abord connue de l’autre. Il n’eft donc pas contraire à la vraifembiance que la gravure trouvée en Allemagne vers 1440 , ait été trouvée de nouveau en Italie vingt ans après. Ainfi las deux peuples qui fe difputent la gloire de cette invention doivent peut-être la partager. C’eft ïtr.û que le :. Européens peuvent avec raifon fe glorifier d’avoir inv-enré l’art de l’imprimerie, quoiqu’elle ait été inventée long-tems auparavant par les Chin-is.

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(4.) C’eft à Maso Finiguerra , orfèvre de Florence, que les Italiens attribuent l’invention de la gravure en eftampes. Il avoir coutume de "tirer en pâte de terre ou de foufïre l’empreinte de fes gravures , & il s’apperçut que le noir qui éteit refté au fond des tailles s’imprimoit fur ces pâtes. Il effaya de tirer de femblables impreffions avec du papier humide , en le prelTant à l’aide d’un rouleau ou d’un inftrument liffe , & il réuiïit. D’auttes prétendent qu’une blanchifleufepofa, fans y faire attention, du linge humide fur une gravure de Finiguerra ; que le linge , par lbn poids , fit l’office d’une prefie , & qu’en le relevant , on trouva fur la partie qui avoir touché la gravure une empreinte femblable à un défini fait à la plume. Ce hafard , ajoute-t-on , donna l’idée à l’orfèvre de renouvelle !’ cette expérience avec du papier & elle eut le fuccès qu’il devoir en attendre. On n’eft pas bien certain que Finiguerra ait tiré lui-même parti de fa découverte , & il ne refte aucune eftampe qu’on puifTe aflurer qui foit de fa main. Mais on en a de Sandro Boticello , peintre, & de JBaccio Baldinr, orfèvre, à qui il communiqua ion invention. On peut croire cependant que deux petites Diéccs de feuillages , marquées M. F. , font de Finiguerra, On lui attribue encore quelques autres morceaux très - anciens & fort rares. (5) Les eftampes de Sandro Boticeilo font d’une très-foible exécution ; on y reconnoit l’enfance de l’art , & le peu de pratique de ce peintre dans le maniement d’un outil étrantrer a fa profelïion.

(6) Baccio Balpini, orfèvre, Sz parconféquent accoutumé à manier le burin pour orner Ces ouvrages, montra plus d’adreffe &de facilité. L T ne édition très-rare du Dante, iniDrimée à Florence par Nicolo di Lovenzo deila Magna en 1481 , eft ornée de deux vignettes gravées ou plutôt égratignées d’un burin inflexible ; niais dans le temps où elles parurent , c’étoiont des chers - d’oeuvre. Vafari nous apprend que le defïin en eft de Boticello ; on ignore fi ] a gravure eft de ce peintre ou de l’orfèvre Baldini.

(7) Sans nous arrêter aux noms & aux ouvrages de quatre à cinq graveurs, qui travaillèrent à-peu-près dans le même temps fans contribuer aux progrès de l’arc , nous nous contenterons de parler à’ André Mantegne , né à Mantoue en 1451 , & mort à Padoue en 1517. Il étoit peintre, & : s’étoit acquis beaucoup de gloire par fon tableau du triomphe de Jules-Céfar. Ses eftampes ne font pas , fans doute d’une manœuvre qu’on puiffe maintenant admil rer ; mais on y voit du moins un cosrnnericement de facilité, & elles font eftimables par la correûion du deffin. Il a gravé quelquefois fur l’etain. Ce métal , par fa mollefîe , eft con-