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GRA

Marc-Antoïne fut obligé d’effacer cette marqtie trompeufe.

Ses eftampes peuvent être regardées comme des copies afTez pactes , mais froides & timides , des deffins de Raphaël ^ & faites par un procédé difficile , que ne pofledoic pas alfez bien le copifte qui ~cn faifoit ufage. Le contour eft tracé au burin , comme dans les deffins à la plume. Quelquefois le premier trait eft corrigé par un fécond , & ces corrections font d’autant plus précieufes qu’on peut foupçonner qu’elles ont été indiquées par Raphaël lui-même. Les travaux font roides & maigres , ils n’offrent prefque jamais la grâce de la facilité, & font trop inflexibles pour rendre la variété des caraôères propres aux différens objets : mais fur-tout dans les chairs , la première taille eft toujours établie dans le fens le plus convenable, & ce n’eft pas un foible mrérite ; un mérite plus grand encore, celui qui fait toujours rechercher ces morceaux , c’eft la pureté du trait. Marc - Antoine grava d’après Jules Romain des poftures obfcènes qu’Arétin avoir décrites en vers. Le Pape Clément VII vouloit le punir de mort-, on obtint la grâce de l’artifte en faveur de fes talens. Son maffacre des innocens, gravé d’aprè3 Raphaël , eft l’une de fes eftampes capitales , & a été acheté foixante florins •par Berghem 3 à qui fa femme iaiffoit peu d’argent à Ta difpofiîion

(10) Pendant qu’Albert Durer faifoit florir ! la gravure en Allemagne , & que Marc-Antoine l’exerçolt avec moins d’art , mais avec non moins de gloire en Italie, Lucas Dammeft : , connu fous le nom de Lucas de Leyde , difputoit dans les Pays-Bas la palme à ces deux rivaux. Il fut le premier peintre qui fe foit diftingué en Hollande , Se nous avons parlé de lui à l’article école : il fut auffi le premier graveur de fon pays dont le nom ait été con fervé. Il naquit en 1454, & étoit plus jeune qu’Albert & Marc-Antoine. Un orfèvre fut fon maître pour la gravure au burin ; il apprit les procédés de i’eau-forte d’un armurier qui en faifoit ufage pour les ornemens des cuirafles. Il gravoit auffi en bois. Les Hollandois le mettent au-deffus d’Albert Durer , mais les autres nations refuferont peut-être de ratifier ce jugejnent : on lui reproche for-tout de tenir davantage au caracïère gothique. Cependant , malgré ce vice & l’incorreâioïl d*i deifin , les Italiens eftiment fes eftampes , & Durer eut l’ame afTez .grande pour n’être pas jaloux de cet émule. Il fit même, dit-on , le voyage de Leyde pour le voir & gagner fon amitié. Les travaux de Lucas de Leyde font très-fins , G : fes têtes ont de ^exprefiion.

Entre les élèves d’Albert Durer , les plus •.«onnus font délignés par le nom de Pjîtits- .Maitr.es,, parce qu’ils n’ont guère gravé que GRA

de fort petites eftampes.’ Nous nous contenterons de nommer les plus célèbres. (n) Ceorges Penz , né à Nuremberg en 1500, & mort en 1556. Après avoir fait fous Albert de grands progrès dans la gravure, il fit le voyage de Rome , étudia les ouvrages de Raphaël , & travailla quelque temps avec Marc-Anroine. Oti a de lui un grand nombre d’eftampes. On y trouve la finefTe & la netteté de la gravure Allemande, jointes à un , choix de delîin qui n’étoit encore connu qu’en Italie. (12) Hans Sébald Beham , ne à Nuremberg en 1500, mort dans la même ville en ijjo , defhnoir la nature avec précifion , mais fans choix : on le loue pour l’intelligence 8c Pexprefïïon.

( 13 ) Henri Aldegraver, né à Soeft ea Weftphalie en 1501, mort vers 15J5 , peignit d’abord des tableaux de chevalet, bc l’on afi’ure qu’il avoit un bon coloris. Il fe livra eniuite entièrement à la gravure.

(14) Albert Altdorfer, que les François nomment le petit Alkert. On ne fait s’il eft né à Altdorf en Suiffe , ou dans la ville de Bavière qui porte le même nom. II eft mort à Ratisbonne en 1533. Il fut d’abord peintre. Quoiqu’il ne foit pas dev.enu l’égal d’Albert Durer, quel qu.es- un es de fes planches ont été attribuées à ce maître.

Tous ces graveurs ont ’manié le burin avec beaucoup de finefTe , mais Georges Penz eft celui dont les ouvrages font le plus eftimés. ’ (1 j) On compte auffi parmi les Petits- Maîtres Théodore de Bry , né à Liège en j ;i8 , année de la mort d’Albert Durer, il a cherché à imiter Sébald Bëham , & a gravé d’après les deffins de ce Maître. Il y avoit de la délicateffe , mais fouvent aufli de la fechereffe dans fon burin. Comme en Allemagne Albert fit une école de gravure , Ma-c-Antoine laiffa des élèves en Italie. Ils gravèrent à - peu - près comme leur maître , & n’avancèrent point les progrès de l’art. Les plus connus font Auguftin de Venife & Marc de Ravenme.

{16) Mais Ceorges Ghisï dit le Mantouak, fils de Jean-Baptiite Ghifi deBertano , graveur., & élève de Jules R.©main , mérite de faire épooue dans l’art , au moins pour l’Italie. Le burin peu flexible dans la main de Marc-Antoine , acquit afTez de foupleffe dans celle du Mantouan pour rendre d’une manière agréable & fa.vante les chairs délicates des en fans , les linges , les terraffes , le payfage- Il fut varier fes travaux fuivant les plans & fuivant les objets. Son eftatnpe de là naiffance de Memncn eft de l’année i 560 , quatorze ans après la.mort de Marc-Antoine On eft étonné que , dans un temps auffi court , l’art ait fait tant de progrès.. Le Mantouan a gravé l’école d’Atkenes de iU-