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un genre de gravure qui lui eft particulier & qui ne mérite pas d’avoir d’imitateurs, quoiqu’il ait fait lui-même des morceaux effimables. Il n’établit pas , fuivant l’ufage ordinaire des graveurs , des tailles croifées en difïérens fens ; il ne grave pas non plus, comme Mellan , d’un féul rang de tailles qui fuive le fens des objets qu’elles doivent repréfenter : mais couvrant perpendiculairement ou diagonalement fa planche de tailles légères-, il rentre ces tailles à petits coups de burin, & en manière de points allongés, fuivant qu’elles doivent être plus îbibles ou plus reffenties pour décider le contour 8c le clair-obfcur des objets qu’il veut repréfenter. Il a fait , dans cette manière bizarre , ces morceaux qui ne manquent ni de vérité ni de couleur.
(139) Jean - Baptijle Piranese , Italien, l’un des meilleurs deilinateurs d’architecture 8c de ruines , & des graveurs les plus pittorefques qu’ait produit le dix-huitième fiècle. Jamais on n’avoir gravé avec tant de goût l’architecture ruinée ou bien confervée ; il a eu des imitateurs , & n’a pas encore eu de rivaux. Il a fait des ouvrages de caprices dans lefquels on ne fait ce qu’on doit le plus louer de l’efprit qui règne dans la compofition , ou de celui qui pétille dans la manœuvre. Son œuvre eft très-nombreufe & très-juftement recherchée. ( 140 ) Georges - Frédéric Schmidt, né à Berlin en 1712 , & mort dans la même ville en 1775, après avoir travaillé long - temps à Paris 8c à Saint-Pétersbourg. Il feroit peut-être le premier des graveurs il Corneille Viffcher n’avoit pas vécu , & : s’il lui cède, il faut peut-être attribuer fa défaite à l’exceffive beauté de fon burin qui donne à fes ouvrages trop d’éclat, comme les tableaux perdent de la vérité , quand ils font couverts d’un vernis trop brillant. D’ailleurs Scmidt n’étoit pas moins favant que Viffcher , & avoit encore une plus grande étendue de talens. Il a gravé d’après de bons maîtres 8c d’après lui-même. Hardi comme Viflcher, il abandonne brufquement l’ordre de fes travaux, dans les chairs, & même fur les lumières, quand les plans femblent l’exiger : mais on voit que Viflcher fe jouoit de fon art, & Smidt aimoit trop à montrer qu’il s’en jouoit. Il manioit le burin avec la plus grande fermeté, & la pointe avec la légèreté la plus badine ; gravant au burin comme lui feul en étoit capable, & à l’eau - forte comme la Belle , Rembrandt, le Eénédette ; affociant quelquefois enfemble les deux inftrumens dans le genre qu’on appelle vignette , & quelquefois n’employant que la pointe ; toujours également fpirituel 8c pittorefque , quel que fût le procédé qu’il employât. Il a auffi gravé dans la manière du crayon. On peur regretter qu’il n’ait pas vécu dans le dernier fiècle , parce que , pour les morceaux qu’il G R
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1 ne gravoit pas d’après lui - même , il auroit en I de plus grands maîtres à fuivre. Son portrait | de la Tour , dont le tableau eft de ce peintre lui-même , eft un chef-d’œuvre : il eft impof-Uble de donner à une tête gravée plus de vie, de gaieté , d’expreflion. Perfonne n’a autant approché que lui de la manière de Rembrandt, non de celle où ce peintre a imité l’apparence du lavis en cachant fes travaux, mais celle où. par le mélange de toutes fortes de travaux , dont le goût & l’efprit font cachés fous l’apparence du deibrdre, il eft parvenu à rendre mieux qu’aucun autre artifte le caractère des objets 8c l’effet du clair-obfcur.
( 141 ) Pierre Aveline , mérite d’être compté entre les graveurs de goût. Il jouiroit d’une plus grande réputation , s’il n’avoit pas confommé une grande partie de fa vie à ne graver que des croquis. On eftime le payfage qu’il a gravé d’après Berghem , & la Folie d’après un deffin de Corneille Viflcher.
( 142,) Jean - Jacques Balechou , né à Arles en 1715 , mort à Avignon en 1764. Si l’on regarde comme la fin de l’art un beau maniement de burin , & l’adreffe découper le cuivred’une manière br’llante , il y aura peu de graveurs qu’on puiffe oppofer à Balechou ,• mais fi l’art confifte à imiter la nature , à rendre le caractère dont on grave un tableau , à exprimer fon deffin , fes effets , Balechou fera furpafle par tous les graveurs qui fe font fait une réputation. Il a long-temps gravé le portrait ; mais connoît-on de lui une feule tête que l’on puifle comparer , je ne dirai pas à celles de Nanreuïl , d’Edelinck , mais à celles de quelqu’artifle qui fe foit diftingué dans ce genre fous le règne de Louis XIV .’ Il a fait briller la beauté de fon burin dans les acceflbires ; mais eft-il aucun de fes portraits dont les acceflbires foient comparables par l’art & la vérité à ceux d’Edelinck 8c des Urevets ? Il a tenté de graver un tableau d’hiftoire , la Sainte-Geneviève de Carie Vanloo , & les amateurs ont mis un grand prix à cette eftampe : mais qui pourra jamais y reconnoître le caractère , la couleur, le pinceau de Vanloo’ Il a gravé trois marines de M. Vernet , & dans celle qui repréfente une tempête , il a rendu les eaux avec un art qui dans la fuite a fervi de modèle ; mais , pour les autres parties , quel connoiffeur non prévenu ne préférera pas les ef-’ tampes gravées d’après le même maître par Aliamet , Flipart , &. ? Balechou a fait un grand tort à la gravure , parce que les amateurs, féduits par l’éclat de fon burin , qui doit être compté lui - même entre fes déf-.uts , puifque la nature n’eft pas toute compofée de fubftancei lifles , polies 8c brillantes , fe font accoutumés à préférer les preftiges du métier aux beauté* fondamentales de l’art.