Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/544

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» la Grèce : ce fut alors que le ftyle égyptien corrompit l’art en Grèce & en Italie , » ce qui devint plus ou moins général. Voilà ce qui achevé d’expliquer le paflage diffi-elle de Pétrone & de juftifier fa plainte. Cependant Winkelmann a jugé à propos de changer d’avis dans la fuite^. . . Mais il donne » encore un coup d’œil de complaifance fur » fon ancienne interprétation. Il a pu arriver, » dit-il , que Us artijlcs de ces temps s’efforcirent d’imiter V ancien ftyle , dont les contours peu ondoy ans s approchent de la manière » égyptienne. Ce toit ma première conjecture a que j’appliquois à l’art en général». Cette conjecture mérite feule d’être adoptée. Lui - même nous apprend que les artiftes de 1 Egypte étoient roides dans les contours & dans les attitudes ; qu’ils eonnoiffoient à peine de l’anatomie ce qu’on pourroit en démontrer fur la nature vivante ; que leur art de drapper fe bornoit à indiquer de petits plis parallèles ; qu’ils négligeoient de rendre les affections de l’ame ; qu’ils travailloient de pratique , parce que les loix ayant réglé les formes , les proportions & tous les procédés de l’art, rendoient inutile l’étude de la nature : il nous apprend que les artiftes égyptiens-grecs d’Alexandrie confervèrent en grande partie cette manière •. quand , fous le règne de Ptolémée Phyfcon , ils fe réfugièrent dans laGrèce, on peut croire qu’ils y trouvèrent des imitateurs, Se plufieurs monumens, faits en Grèce ! & en Italie , dans la manière des Egyptiens , prouvent qu’ils en eurent en effer. La mode vint aufll , comme il eft également prouvé par des monumens, d’imiter les ouvrages faits en grèce dans l’enfance de l’art, & qui avoient un grand rapport avec ceux de l’Egypte , & ces pratiques abrégées qui fuppofcient peu de recherches & peu d’études , amenèrent la décadence de l’art. Tousces faits expliquent le paflage de Pétrone , lui ôtent fon obfcurité, & confirment que ces exprefllons , compendiaria artis , compendiarias vias piclurœ ne doivent pas s’entendre des grottefques. ( Article de M. Levesqve. ) GROUPPE ( fubft. marc. ) fignifie en peinture l’affEmblage de plufieurs objets, qui font tellement rapprochés ou unis, que l’œil les embrafle à la fois. Les avantages qui réfuitent "de cette union dans les ouvrages de peinture tiennent, à ce que je crois , d’une part, au principe de l’unité , qui dans tous les arts eft la fource des vraies beautés ; d’une autre , ils ont rapport à Vharmonie , qui eft la correîpondance & la convenance générale des parties d’un tout, comme on le verra au mot Harmonie. Développons la première de ces idées. Si nos yeux n’étoient pas afTervis à la néceflïté de raffembler leur rayons vifuels à-peu-près dans un G R O

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même point pour appercevoir nettement un objet ; fi au contraire , indépendans l’un do 1 autre , il pouvoient s’occuper également de plufieurs objets féparés les uns des autres ; fi leurs perceptions rapportées au terme qui fait la liaifon de notre partie intellectuelle avec nos reflbrts matériels, pouvoient fans fe nuire, exciter à la fois différentes idées ; vraifemblablement le principe d’unité feroît fujet à conteftation ou n’exifterait pas, & l’ufage de groupper feroit moins autorifé. Mais la néceffité où nous fommes de n’appercevoir , de ne fentir, de ne penfer qu’un feul objet à la fois, nous oblige d’établir ce principe d’unité auquel nous fommes aftreints ; & c’eft pour s’y conformer que l’artifte qui traite un fujet, raf- (emble le plus qu’il lui eft poflible , les objets dont il fouhaite que le fpecïateur s’occupe & jouifle. L’ufage de former des grouppes eft donc pris dans la nature, quoiqu’il fe rencontre peut-être rarement que , dans l’adion réelle que le peintre choiflt pour fujet de fon tableau , les objets aient été raflemblés & unis précifément comme il a intérêt de les unir & de les raflembler. Mais en juftifiant aux artiftes une forme de compofition dont la plupart ne fe font peut-être pas rendu un compte bien exafl , je leur obferverai que l’on a abufé, & que l’on abufe encore de l’ufage où l’on eft de groupper , & que les conventions auxquelles on lemble avoir fournis cette partie de la compofition , peuvent entraîner une école entière à des défauts effentiels. C’eft princ paiement dans Le genre héroïque de la peinture qu’il eft effentiel d’approfondir de quelle considération l’ufage de groupper doit être pour les artiftes. Dans un table» d’hiftoire , le but principal du peintre eft de fixer les yeux du fpeâareur fur l’objet le plus intéreffant de la fcène. Deux moyens principaux s’offrenr pour cela ; ? effet & Vexpreftion : il eft maître de l’un , il n’a aucun droit fur l’autre.

Vexpreffion eft indépendante de l’artifte , puifque la nature , d’une jufteffe invariable dans fes mouvemens , ne laiffe rien au choix du peintre , Se qu’il s’égare dès qu’il la perd de vue.

L’ 'effet eft fubordonné à l’artifte, parce que cette partie , qui dépend de plufieurs fuppofitions arbitraires , lui permet de difpofer le lieu de la fcène , les objets qui le conftituent & la lumière, de la manière la plus favorable à fon projet. C’eft en conféquence de cette liberté, qu’il forme des efpeces de di^ifions dans fon fujet, & que celle de ces divifions qui doit renfermer fon objet principal eft le but le plus intérefTant de les réflexions & de. ion travail.

En conféquence , il dirige vers ce point fa E ee i]