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férens âges, & couvertes de longues draperies : elles n’ont pas la couronne de palmier. L’Heure du printemps a la taille & les traits naïfs du jeune âge ; ses trois sœurs augmentent d’âge progressivement. Sur le bas-relief de la Villa-Borghese, les Heures dansent avec les Graces. Ces quatre derniers articles sont entièrement extraits de Winckelmann.

SATYRES . Sous ne croyons pas devoir leur donner le nom de faunes, parce que l’art antique appartient sur tout aux Grecs, & que le nom de faunes appartient uniquement à la langue latine. C’est faire dans le langage, une sorte de faute de costume, que de donner sans nécessité des noms latins à des idées & des productions Grecques.

Les meilleurs statues de Satyres offrent ces dieux inférieurs sous l’image d’une belle jeunesse bien proportionnée, mais distinguée de celle des héros par un profil moins noble, par un nez camus, par un air de simplicité & d’innocence, Jointe a une sorte de grace commune. On leur donnoit ordinairement des cheveux hérissés & un peu crêpus à la pointe, pour imiter les poils de chêvres. On trouve à Rome, continue Winckelmann, plus de trente statues de jeunes Satyres qui se ressemblent par la forme & l’attitude. Il conjecture avec beaucoup de vraisemblance que ces nombreuses imitations avoient pour original le fameux Satyre de Praxitele : qui étoit, avec son amour, celui de ses ouvrages que ce statuaire aimoit le plus. On sait par les restes de l’antiquité qui sont parvenus jusqu’à nous, que les artistes, plus modestes alors qu’ils ne le sont généralement aujourd’hui, se disputoient à l’envi la gloire de multiplier les chefs-d’œuvres des grands maîtres. Si l’on ne veut pas croire à cette modestie des artistes, on pourra supposer qu’un grand nombre d’amateurs, & peut-être de villes, cherchoient à se procurer, & payoient chèrement, les copies ou les imitations de ces chefs-d’œuvres,

Ceux qui ont établi que la nature des Satyres devoit avoir de la pesanteur, ne se sont pas rappellé le Faune nourricier de Bacchus, qui tient ce jeune dieu dans ses bras. Cette figure est bien plutôt svelte qu’épaisse & pesante. L’original est à la Villa-Borghese ; mais elle est bien connue en France par des copies ou des plâtres moulés, & elle est d’une fort belle étude. La beauté de ses jambes est célèbre. Si elles ne font pas idéales, la nature au moins n’en offre pas de plus belles, par rapport au caractère général de la figure. Le beau Satyre dormant au palais Barberini n’est point une figure idéale ; mais une parfaite image de la nature naïve & abandonnée à elle-même.

On ne trouve non plus rien de lourd, dit


Mengs, dans le Faune de Florence qui joue des crotales, si ce n’est la tête & les bras qui sont modernes. Nous avons à Rome, ajoute le même artiste, quantité de Faunes de la forme la plus élégante, qui pour cela ne sont pas des Apollino, mais qu’on pourroit comparer aux plus beaux Bacchus, excepté pour la physionomie & l’attitude.

Deux tableaux du cabinet d’Herculanum représentent, l’un un jeune Satyre qui renverse amoureusement une jeune Bacchante, l’autre un Satyre vieux & barbu qui tâche d’embrasser une Nymphe ou plutôt une belle hermaphrodite. ( * ) Ils ont entiérement la forme humaine & n’en différent que par une petite queue. Le premier est d’une nature un peu pesante ; l’autre aussi léger que le permet son âge, parôit avoir été svelete dans sa jeunesse.

Dans un autre tableau d’Herculanum, on voit l’Amour luttant avec un enfant qui a des cornes, des cuisses, des jambes & des pieds de chêvre. C’est un panisque, c’est à dire un jeune Pan ou. Ægipan. Par cette réunion de la nature humaine & animale, les anciens ont peut-être voulu figurer l’universalité du dieu Pan. Mais les Grecs n’ont jamais distingué les Satyres des hommes que par les oreilles pointues la petite queue & le nez camus. Xénophon nous apprend que Socrate, qui étoit camus, ressembloit à un Satyre. Le nez aquilin designe un Ægipan.

Quelques sculpteurs antiques ont donné aux Satyres une physionomie riante avec des poireaux pendans sous les mâchoires comme aux chêvres : on voit une belle tête de ce genre à la Villa-Albani.

SILENE . Le Silene, père nourricier de Bacchus, & en général les vieux satyres, que l’on nomme Silenes, n’ont pas, dans les compositions sérieuses, l’expression de la gaité. Ce sont de beaux corps dans toute la maturité de l’age : tel est celui dont nous venons de parler à l’article précédent, & que nous avons appellé Faune, pour nous conformer à la dénomination qu’on lui donne ordinairement en France. Dans quelques figures, dit Winckelmann, la physionomie de Silene, annonce un air de gaité ; il porte une barbe frisée : dans d’autres, l’instituteur de Bacchus paroit sous la forme d’un philosophe ; sa barbe vénérable lui descend en serpentant jusques sur la poitrine. C’est ainsi qu’il est représenté sur des bas-reliefs qui ont été souvent répétés, & que l’on connoît sous la fausse dénomination

(*) Les anciens donnoient souvent des Hermaphrodites ou Androgynes pour compagnes aux Satyres.