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ce qui intéresse véritablement un dictionnaire des Sciences & des Arts. Mais le nombre de ces protecteurs utiles est trop petit ; ç’auroit été supprimer de nouveau l’Histoire, après l’avoir admise.

On vouloit encore ne parler que de ceux qui ont fait du bien aux hommes ; c’étoit toujours le même inconvénient ; le nombre eût été trop petit, c’eût été exclure l’Histoire. Eh ! comment dans un dictionnaire historique oublier ces hommes condamnés, si l’on veut, à une éternelle renommée, qui, par d’illustres victoires & d’étonnantes révolutions, ont fait tant de mal aux hommes ? Comment ne pas nommer Alexandre, César, Mahomet, Gengiskan, Tamerlan, Cromwel, &c. ? Comment même ne pas parler de ces fléaux du genre humain, Caligula, Néron ? Est-ce écrire l’histoire que de ne montrer que des vertus & des bienfaits ?

Quand on traite un genre qui a été défini, peut-être avec un peu d’exagération, le tableau des calamités & des crimes de l’Univers ; quand on veut faire aux hommes un récit fidèle du passé, qui puisse les instruire pour l’avenir, peut-on leur dérober la connoissance des malheurs du genre humain ?

L’objet véritablement important, le voilà ; c’est de faire servir le passé ; à l’instruction du présent & de l’avenir, de donner à l’Histoire toute son utilité, en la rendant la leçon des rois & des peuples ; de la purger de ces faux jugemens, de ces réflexions Machiavélistes qui infectent nos Histoires, même les plus estimées ; de cet éloge perpétuel des guerres, des conquêtes, des victoires, & du faste ruineux des rois ; de cette admiration pour le crime insolent & pour le crime adroit ; sur-tout de ce principe pernicieux, qu’il y a une morale pour les États & une pour les particuliers ; que la politique peut se passer de la justice, se séparer de la bonne foi, & admettre le mensonge & le crime. Nous n’écrirons rien sur l’Histoire qui ne soit la censure du Machiavélisme ; nous assurerons cet avantage à ce dictionnaire sur tous les dictionnaires historiques & sur toutes les histoires ; nous nous y engageons d’autant plus hardiment, que pour remplir cet objet, il n’est besoin ni de talent, ni de savoir, mais d’honnêteté, de sensibilité, & de principes sûrs.

Ce n’est pas la peine de dire que nous écarterons le merveilleux, qui est le poison d l’Histoire ; mais nous ne confondrons point le merveilleux avec le singulier, qui est très-souvent vrai, & qui est un vrai piquant, ornement le plus naturel du genre historique.

Nous insérerons dans les divers articles, autant qu’il sera possible sans les charger ni les alonger, les mots mémorables, les traits qui peignent, enfin tout ce qui fait lire l’Histoire ; car l’utilité du meilleur ouvrage qu’on ne peut lire, est absolument nulle.

Quant aux bornes respectives des différens genres, comme nous ne cherchons qu’à resserrer le nôtre, que nous avouons être trop étendu, comme un sacrifice nous paroîtra toujours une acquisition, il n’est point à craindre que nous entreprenions sur les droits des autres écrivains employés à ce grand ouvrage. Circonscrits de tous côtés par l’auteur chargé des Antiquités, Médailles, Monumens, &c. ; par l’Auteur de l’Histoire ecclésiastique, par l’auteur de l’Histoire de la Philosophie ancienne & moderne, par l’auteur même des articles de Jurisprudence, qui ne nous laissera sur les institutions & les usages que la partie purement historique, nous ne prendrons des articles, & des articles importans de l’Histoire tant ancienne que moderne, que ce que ces divers auteurs n’embrasseront point dans leurs départemens.

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[XV.] DICTIONNAIRE THÉOLOGIQUE ; par M. l’Abbé BERGIER, Confesseur de MONSIEUR frere du Roi, & Chanoine de Notre-Dame, deux volumes in-4o.

POUR peu que l’on ait apporté attention à la lecture de l’Encyclopédie, on apperçoit que la partie théologique a été l’une des plus mal traitées, qu’elle n’est ni complète, ni exacte, ni orthodoxe.

1o. L’on a omis un grand nombre d’articles, qui sont non seulement essentiels à la Théologie, mais absolument nécessaires pour prévenir & corriger les erreurs dont cet ouvrage est rempli.

2o. L’on a placé sous le titre (Théologie) des termes qui appartiennent évidemment à une autre science, comme Jézides, secte de Mahométans, &c.

3o. L’on a rapporté à des sciences différentes, des termes synonymes ou corrélatifs qui concernent la même matière : par exemple, Clerc, Jurispr. Clergé, Hist. Ecclés. Flagellans, Hist. mod. Flagellation, Hist. Ecclés. & Philos. &c.

4o. Il y a des doubles emplois. On a fait deux articles de plusieurs termes qui ne différent que par la prononciation, ou qui sont évidemment synonymes, comme Dénombrement & Enumé-


Beaux-Arts. Tom. 1.

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