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médité. Il manquoit de goût, & n’avoit d’ailleurs ni assez de connoissances, ni assez de philosophie, pour apprécier les matériaux qu’il rassembloit de toutes parts. En effet, il suffit de lire avec attention les ouvrages originaux dont il rapporte de longs extraits, pour se convaincre que souvent il n’entendoit pas ou entendoit mal les auteurs qu’il analysoit. Il passe sous silence des lignes precieuses aux yeux du Philosophe, & omet une foule d’idées, tantôt fines & délicates, tantôt fortes & hardies, dont il ne voyoit pas la tendance. Son livre, au reste, a le mérite de tous les recueils ; il peut servir à en faire un bon. Si l’exécution du plan qu’il avoit conçu étoit au-


dessus de ses forces, il a du moins fouillé la mine, & il en a tiré des matériaux dont une main plus habile peut faire un meilleur usage. C’est le but qu’on s’est proposé dans le dictionnaire philosophique. On n’a rien négligé pour donner à cet ouvrage toute la perfection dont il est susceptible. On a lu & extrait avec soin tous les auteurs qui pouvoient répandre quelque jour sur la Philosophie ancienne & moderne ; mais on les a lus dans un autre esprit & avec d’autres vues que Bruker ; & l’on ose croire que le Public aura lieu d’être satisfait du travail de l’auteur qui s’est chargé de compléter cette partie si intéressante & si peu connue des progrès de l’esprit humain.

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[XVII.] DICTIONNAIRE UNIV. ET RAIS. DE MÉTAPHYSIQUE, Logique, & Morale ; un volume in-4o.

On se propose de mener de front ces trois parties de la science, à cause de la grande analogie qu’elles ont entre elles. La Métaphysique a pour objet, 1°. la connoissance immédiate de notre ame, de son action, de ses facultés, &, par comparaison, la connoissance de tous les êtres qui sont regardés comme étant de la même nature que notre ante : dans ce sens, la Métaphysique pent être considérée comme une science d’observations : 2°. elle a pour but la formation de nos idées & leur perfection, qui consiste à représenter fidèlement les êtres qui sont hors de nous & leurs propriétés ; c’est-à-dire, leurs rapports entre eux & avec nous-mêmes.

La Logique nous enseigne à réfléchir sur nos idées & sur les signes de nos idées, à les combiner, a les ordonner selon l’art, moins pour en tirer des vérités nouvelles, que pour prouver aux autres des vérités à nous connues, &, par un abus trèsfréquent, des erreurs chéries.

L’objet de la Morale est de diriger nos idées, nos raisonnemens, nos sentimens, notre volonté à la vertu, & de nous apprendre, qu’indépendamment de toute autre considération, il importe à l’homme, à tout être social, d’être vertueux, eût-il d’ailleurs la raison assez bornée ou assez dépravée pour méconnoître la vraie source, la source céleste & pure de toute vertu.

L’objet de ces trois sciences se réunit donc en ce point, qu’elles dirigent toutes trois nos facultés à leur but le plus noble & le plus digne de nous ; notre entendement à la vérité & notre volonté à la vertu ; c’eft-à-dire, qu’elles travaillent toutes trois de concert à nous procurer le bonheur, & à l’établir sur les fondemens les plus solides qui existent dans la nature.

A dieu ne plaise que e cherche à faire valoir


mon travail aux dépens de celui des autres ! Je connois nombre dexcellens morceaux de Métaphysique, de Logique, & de Morale dans la première Encyclopédie, qui sera toujours l’ouvrage primitif & fondamental J’en connois plusieurs qui ont été rédigés par des écrivains du. premier ordre, où l’on trouve la force & la beauté du style jointes à la justesse & à la profondeur des idées ; & il est plus que vraisemblable que l’on trouveroit dans tous les articles relatifs à une même science cette harmonie, cette unité si précieuse aux gens de goût, si nécessaire dans les ouvrages philosophiques, pour peu que les circonstances eussent permis que tous ces articles fussent de la même main. Le principal but de mon travail sera d’établir cette unité, autant qu’il sera possible, dans chacune des trois parties dont je me suis chargé, principalement dans les points par où elles se rapprochent les unes des autres.

Je pourrai me permettre de faire quelques additions toutes les fois qu’elles me paroîtront nécessaires pour remplir un vuide, pour suppléer à une interruption dans la chaîne des vérités ; mais en général je me garderai bien de chercher à augmenter ces trois parties, objet de mon travail, je ses diminuerai plutôt, en supprimant, en resserrant quelques articles qui roulent sur de pures subtilités, parce que les subtilités sont toujours moins favorables à la vérité qu’à l’erreur : En effet, pour peu qu’on y, réfléchisse, on reconnoîtra que les abstractions ne sont autre chose que des images, légères, ou, si l’on veut, des ombres fugitives, qui réprésentent imparfaitement les choses, & d’autant plus imparfaitement, qu’elles s’élèvent davantage au dessus de leurs modèles. Pour féconder les sciences qui s’occupent des ces idées, il faut donc travailler sans relâche à ramener celles-ci