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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/764

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P El l’art, moins propre à remplir bien l’intention de l’artiste. En effet, lorsqu’il s’agissoit d’appliquer la couleur d’une maniere plus large, plus prompte, sur des surfaces vastes, ou pour représenter des objets qui n’exigeoient pas de détails, le pinceau ne remplissoit pas assez vite, ni assez convenablement l’intention de l’artiste.

La brosse, plus grosse & moins pointue que le pinceau, a été employée comme propre à se charger d’une glus grande quantité de couleur, à couvrir plus aisément de grandes surfaces & à appliquer plus promptement & plus abondamnent la couleur.

Les peintres, avec la brosse & le pinceau, ont sans doute cru posséder à peu-prés tous les moyens qui conviennent mieux & au but qu’ils ont en peignant, & à l’action de peindre. Du moins n’ont-ils rien inventé de plus depuis quelques siécles.

En effet la brosse & le pinceau étant ajustés au bout d’un morceau de bois léger, arrondi & proportionné dans sa longueur à l’usage qu’on en doit faire, ne chargent pas la main, ne gênent pas son action & se prétent à celle du bras, de la main & des doigts qui en accélerent, en rallentissent & en modifient enfin le mouvement d’après le but de l’Artiste.

La brosse est ordinairement employée par les Artistes qui peignent d’une maniere qu’on appelle large ; maniere qui convient & aux grandes surfaces & aux grandes compositions

Le pinceau est plus en usage pour les petits tableaux & pour les ouvrages dans lesquels on s’étudie à rendre par un imitation exacte, fine & quelquefois minutieuse, les petits détails.

Je vais passer au mot peinture, & après quelques explications générales relatives à ce mot, je parlerai des différentes peintures, ce qui exige des détails assez longs. Ils se trouvent déjà dans plusieurs ouvrages ; mais il n’en est pas moins indispensable de les offrir ici, en les abrégeant autant qu’il me sera possible & en y joignant, pour les rendre plus utiles & moins fastidieux, quelques observations sur les avantages particuliers à chacune, les inconvéniens qui leur sont propres, les objets auxquels chacune d’elles peut-être plus convenablement employée, & enfin les perfectionnemens dont elles seroient susceptibles.

Le mot peinture peut-être envisagé ainsi que le mot peindre, sous des points de vue différens.

On dit, la peinture est une merveilleuse invention qui donne pour ainsi dire, la vie à la matiere, qui trompe la vue en faisant croire de relief des représentations qui, faites sur une


surface plate, n’ont effectivement aucune saillie ; enfin qui charme les yeux, intéresse l’esprit & affecte le cœur par les impressions les plus douces & les plus fortes qu’elle y fait passer.

On sent que la peinture dans cette acception, est prise pour l’art dans toute son étendue. Mais on dit encore : cette peinture est d’un effet admirable ; cette peinture ou ces peintures décorent d’une manière riche, agréable, intéressante le palais, le temple, la galerie dans lesquels on les a employées.

Alors le mot peinture & peintures signifie les ouvrages peints. Il est générique, parce qu’il embrasse les coupoles, plafonds & tous les ouvrages peints, soit qu’on les désigne par le nom de tableaux ou non.

On dit aussi : cette peinture n’est pas durable, elle noircit, celle ci ne resiste point à l’humidité, celle-ci convient dans les endroits exposés à l’air. On entend alors par-là le matériel de la peinture & en même tems aussi, les différens procèdés de peindre & ceux qui servent à apprêter les couleurs ; on entend même par-là leur choix, leur nature, &c, ce qui conduit aux détails sur lesquels je dois m’étendre. On dit donc :

La peinture à fresque,
en détrempe,
à gouache,
en miniature
au pastel,
à la cire,
en mosaïque,
en pierres de rapport on marquéterie,
en tapisserie, qui est une sorte de mosaïque,
sur le verre,
en émail & sur la porcelaine,
par planches imprimées,
en enluminant

(Article de M, Watelet.), qui ne l’a pas terminé. Quelques uns des détails dans lesquels il promettoit d’entrer se trouvent dans ce dictionnaire, & les autres seront placés dans le dictionnaire de la pratique des beaux-arts qui en fera la suite.)

PEINTRE . (subst. masc.) Celui qui par le moyen des couleurs imite les apparences de la nature visible. Cette imitation, considérée sous différens points de vue, est un métier, ou un art simplement agréable, ou un art utile.

L’homme qui ne fait que peindre, & même bien peindre, est un homme qui possede bien un métier fort difficile, & dont le mérite ne peut être apprécié que par ses gens du même métier.

L’Artiste qui invente, compose & colore des conceptions purement agréables, qui flatte les yeux des spectateurs, mais qui ne parle