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P E ï (45) OMPHALION avoit été esclave de Nicias qui l’avoit aimé d’un amour illicite. Voilà donc, contre l’assertion trop générale de Pline, un esclave qui exerça la peinture & qui s’y distingua : voilà un nouvel exemple qui prouve que le talent faisoit taire la loi. On voyoit à Messene un grand nombre d’ouvrages d’Omphalion : la plupart représentoient des souverains qui avoient regné dans la Messenie.

(46) ATHENION, éleve de Glaucion de Corinthe. La seule raison qui nous le fait placer ici, c’est que Pline le nomme après Nicias ; car d’ailleurs il ne marque point dans quel temps vivoit le maître ni l’éleve. Il observe qu’on le comparoit, & qu’on le préféroit même quelquefois à Nicias ; que quoiqu’il eût plus d’austérité dans le coloris, il étoit cependant plus agréable dans cette austérité même, & que ce caractère faisoit briller sa science dans l’art. Il peignit dans le temple d’Eleusis Phylarque, & à Athènes une assemblée de femmes qu’on appella Polygynæcon. Il représenta aussi Ulysse découvrant Achille caché sous des habits de femme. Mais celui de tous ses ouvrages qui lui fit le plus d’honneur, fut un palefrenier avec un cheval. Si cet artiste n’étoit pas mort dans sa jeunesse, personne, dit Pline ne lui seroit comparé.

(47) TIMOMAQUE de Bysance étoit contemporain de Jules-César. Il fit pour ce dictateur un Ajax furieux & une Médée massacrant ses enfans, sujet condamné par Plutarque, sans doute parce que les Grecs ne vouloient pas que l’art consacrât des actions atroces. César paya ces deux tableaux 80 talens, 360 mille livres de notre monnoie. Une somme si considérable, donnée à un peintre vivant pour deux tableaux, prouve que l’artiste jouissoit d’une haute réputation, & que l’art ne passoit pas encore pour avoir dégénéré dans les derniers temps de la république Romaine : car on auroit pu se procurer des tableaux anciens au même prix. La Médée de Timomaque, a été célebrée par des pœtes Grecs, dont les pieces sont dans l’anthologie ; l’une d’elles nous apprend que ce tableau étoit à l’encaustique. L’auteur mourut avant qu’il fût entièrement terminé. Une Gorgone étoit regardée comme son chef-d’œuvre.

Peintres de Genres.

(48) PYREICUS. Pline dit que peu de peintres méritoient de lui être préférés. Il ne croit pas que cet artiste se soit dégradé en choisissant des sujets bas, puisqu’il s’est acquis un grand nom malgré l’humilité de ces sujets. Il peignoit en petit des boutiques de barbiers & de cordonniers, des ânes, des légumes & autres choses


semblables. Ses ouvrages faisoient le plus grand plaisir, & étoient payés plus chers que les nobles & grandes productions de beaucoup d’autres. Pyreicus, par le genre qu’il avoit adopté, pourroit être comparé aux peintres Hollandois. Ce qui feroit croire que les anciens ne manquoient ni de couleur, ni d’exécution, c’est que ces sortes d’ouvrages ne sont guere susceptibles de plaire, quand ils sont dénués de ces parties de l’art. Ou voit qne les Grecs, ainsi que les modernes, avoient du goût pour ces sujets, & les mettoient souvent à plus haut prix que les compositions historiques. Les tableaux de ce genre dominoient entre ceux qu’on a découverts sous les cendres d’Herculanum.

(49) SERAPION faisoit de très grands tableaux : mais il ne représentoit que des décorations, de l’architecture & ne savoit pas peindre la figure.

(50) CALLICLÈS, peintre en petit. Ses tableaux n’avoient pas plus de quatre doigts de dimension : mais il avoit tant de talent que sa réputation ne le cédoit pas à celle d’Euphranor.

(51) CALACES, Colaces, Calates ou Calades, car son nom se trouve écrit de toutes ces manières, peignoit en petit des sujets comiques. On croit qu’il étoit d’Athenes.

(52) DIONYSIUS, peintre en petit, dont les ouvrages remplissoient les cabinets de tableaux. Il ne peignoit que des hommes, & vivoit dans le dernier siècle avant l’ère vulgaire.

Femmes Peintres. (53) TIMARETE, fille de Micon le jeune, qu’il ne faut pas confondre avec l’ancien Micon, quoiqu’il fût ancien lui-même. Timarete avoit peint Diane dans un tableau qui étoit à Ephese.

(54) IRENE, fille de Cratinus, peintre & comédien, dont l’âge est inconnu. Pline parle d’une jeune fille qu’elle avoit peinte à Eleusis, mais je crois qu’il n’a pas traduit avec exactitude l’auteur Grec qu’il suivoit. On sait qu’Eleusis étoit un lieu consacré aux mystères de Cérés : ce qui me fait soupçonner qu’Irene y avoit peint Proserpine, que les Grecs désignoient souvent par le mot χορη, qui signifioit aussi une jeune fille, une vierge. Le lieu où se trouvoit l’ouvrage d’Irene, semble indiquer qu’elle avoit de la réputation. On ne choisit gueres des artistes obscurs pour décorer des temples célèbres.

(55) CALYPSO avoit peint un vieillard & un charlatan nommé Théodore.