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imiter la nature, pour exprimer la vérité. Mengs accorde aux peintures d'Herculanum une belle partie du clair-obscur, & de la perspective aëtienne; celle que possédoit si bien le Corrége; celle qui fait que les objets semblent s'arrondir & qu'on croit pouvoir se promener autour d'eux: elle est dûe à une juste dégradation, savamment proportionnée à la distance; elle est dûe à l'intelligence de la nature de l'air, corps diaphane qui s'imbibe de lumière, & qui, passant entre les corps, la leur communique même dans les endroits que les rayons directs ne peuvent frapper.

Les anciens n'ignoroient pas la perspective linéaire. Vitruve nous apprend qu'elle étoit connue dès le temps d'Eschyle & qu'on en faisoit usage pour les décorations. Parrhasius trouvoit sans doute qu'elle étoit nécessaire aux peintres puisqu'il vouloit qu'ils apprissent la géométrie


mais qu'avons-nous besoin de ces témoignages, lorsque nous avons sous les yeux des vues, des fabriques peintes à Herculanum qui sont en perspective ?

En un mot il est démontré par les belles statues antiques, que les peintres Grecs pouvoient être très-savans dans le dessin & dans l'expression, & porter la beauté jusqu'à l'idéal. Quant aux autres parties de l'art, il est prouvé par ceux de leurs ouvrages qui nous restent, qu'ils en possédoient au moins suffisamment le plus grand nombre, & il est probable que les autres ne leur étoient pas étrangères. Comment donc ôserions-nous prétendre qu'ils étoient inférieurs aux peintres modernes? Ne pourrions-nous pas même soutenir avec avantage que, s'ils leurs cédoient en quelques-unes des parties les moins importantes, ils leur étoient cependant en effet supérieurs. (Article de M. Levesque.)

FIN DU TOME PREMIER.