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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/152

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de grandes leçons à ceux qui naissent après lui.

On trouve dans les écrits de Mengs une métaphysique platonique & subtile, qui fait d’abord quelque peine, & en rend la lecture un peu difficile dans quelques partie : on y trouve aussi des idées singulières qu’il pourroit être dangereux d’adopter ; on en trouve d’exclusives qui rétréciroient le cercle de l’art : mais il n’est aucun livre plus capable d’élever l’esprit des articles, en leur inspirant une sublime idée de leur profession. L’objet s’en aggrandit à leurs yeux, & ils se sentent inspirer l’amour du beau & du grand, qui doivent être toujours le but de leurs travaux. Ils ont appris de leurs maîtres qu’ils avoient à imiter la nature ; ils arprennent de Mengs qu’ils ont à créer une nature plus grande, plus belle encore que celle qui frappe leurs yeux ; ils se sentent appellés à créer une nature divine ; fiers de ce magnifique objet de leur art, ils le révèrent. & craindront de le dégrader par d’humbles productions t ils se révèrent euxmêmes, & ne produiront que des œuvres dignes de soutenir leur noble fierté. S’il étoit vrai que les ouvrages pittoresques de Mengs ne fussent pas dignes de sa réputation, gardez-vous de les considérer ; mais lisez ses écrits, & soufflez sur la toile le feu divin dont ils vous auront embrâsés.

L’entrevue d’Auguste & de Cléopâtre, par Mengs, est gravée en manière noire. L’histoire écrivant sous la dictée de Janus, tableau du Vatican, & une Vierge tenant l’Enfant-Jésus ont été gravés par Dom. Cunégo : un Saint-Jean & une Madeleine l’ont été par Salvador Carmona.

Une grand nombre d’artistes se croyent en droit de mépriser les peintures antiques déterrées à Herculanum, & il est plus que vraisemblable qu’elles ne sont pas l’ouvrage des grands peintres de l’antiquité, & qu’elles n’ont même été faites que dans un temps où l’art étoit dégénéré chez les ancrens. Cependant il y reste de telles empreintes du beau style de l’école Grecque, que Mengs jouissant déja de toute sa réputation, en fit une


étude profonde à son second retour de Madrid, & y puisa des leçons qui lui firent changer & aggrandir sa manière. il’avoit autrefois beaucoup étudié Raphaël ; il avoit même copié l’école d’Athènes ; & cependant cet élève du plus grand des peintres modernes, crut devoir le devenir des anciens peintres d’Herculanum. Quelle que soit l’idée qu’on se forme du talent de Mengs, quand il n’auroit même rien fait de mieux que ses deux pastels, représentant l’innocence & le plaisir, qu’on connote à Paris, on accordera qu’il fut un article d’un assez grand mérite, pour que son autorité doive être ici respectable, & elle peut-être regardée comme une bien puissante réponse aux détracteurs de la peinture antique.


(353) Jean-Baptiste Deshays, de l’école Françoise, né à Rouen en 1729, eut le premier prix de l’Académie Royale, à l’âge de vingt deux ans, & fut reçu de cette académie à l’âge de vingt-neuf. Il avoit de la chaleur & du caractère, assez de corruption plus de sentiment que d’élégance dans les formes, plus de disposition à saisir le grand que le beau. Son pinceau étoit large & ferme ; sa composition sentoit l’enthousiasme ; sa couleur n’avoit rien de remarquable, mais elle n’étoit pas disconvenable au genre l’histoire, Il étoit plus propre aux expressions fortes qu’aux affections douces. On voit de lui dans les salles de l’académie, son tableau de réception, représentant Vénus qui répand sur le corps d’Hector une liqueur divine pour le préserver de la corruption. On se ressouvient encore d’avoir vu dans les expositions publiques, des tableaux de l’histoire de Saint-André, destinés pour la ville de Rouen, & la mort de Saint-Benoît qu’il fit gour la ville d’Orléans, &c. Cet article, qui pouvoit faire encore des progrès, est mort à Paris, en 1765, à l’âge de trente-six ans.

Deux de ses tableaux de l’histoire de Saint-André, ont été gravés à l’eau-forte par P. Parizeau, son élève.

(Article de M. Lévesque.)



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