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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/157

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PEI PEI 147

Wéeninx (les) 189.

Werf (les Vander) 274.

Wildens (Jean) 95.

Wit (Jean de) 334.

Wouwermans (les) 186.


Z.

Zampieri (Dominique)dit le Dominiquin, 97.

Zanotti (Jean-Pierre) 305.

Zucchero (Taddée) 41.


Vues sur la marche des Peintres modernes vers la perfection & la

dégénération de l’art.

Ce fut vers le quatorzième siecle de notre ère que la peinture reprit naissance en Europe : les esprits alors plongés dans une profonde ignorance, étoient encore loin du moment où une saine philosophie viendroit les éclairer. C’est elle seule qui peut déterminer la perfection des objets dont s’occupe l’esprit humain : aussi les peintres, incapables d’aucune vue philosophique, se bornerent-ils à faire des ouvrages qui, pour plaire à leurs barbares contemporains, n’avoient besoin d’aucune beauté, d’aucune perfection. En Italie, où s’opéra d’abord le renouvellement de l’art, ils furent occupés à peindre des murs d’églises, de chapelles, de cimetieres, & à y représenter les mysteres de la passion & d’autres sujets semblables ; ainsi dès les premiers instans dé la peinture renaissante, ses travaux furent bien plus dirigés vers l’abondance que vers la perfection, vers le nombre des figures que vers leur beauté ; & l’art, chez les modernes, a toujours conservé quelque chose de ce vice qu’il avoit contracté dans son berceau. Il n’est pas même encore nécessaire de nos jours, comme chez les Grecs, que l’artiste cherche à satisfaire le goût des hommes instruits & des philosophes : il lui suffit de plaire aux yeux des gens riches & d’une multitude ignorante. Entrainés par le torrent, ceux mêmes qui devroient se connoître à l’art, ceux mêmes qui le pratiquent, ont adopté les jugemens irréfléchis de la multitude. Les artistes, au lieu de se proposer d’atteindre à la perfection de l’art, au lieu de s’appliquer au choix & à la beauté, ne fondent leurs succès que fur la facilité de l’opération & l’abondance des objets : ils s’en tiennent aux parties qui peuvent être plus aisément appréciées par les amateurs ; ils se sont laissés d’abord égarer par ceux qui les employoient, ont ensuite formé le goût des connaisseurs, & le grand objet de l’art est resté, en quelque forte, inconnu,

Cependant la peinture ne demeura pas dans l’état d’imperfection où la laisserent ceux qui les premiers la cultivèrent entre les modernes. Il étoit naturel que les, peintres cherchassent les moyens de se surpasser les uns les autres, en joignant un peu de théorie à la pratique barbare qu’ils avoient adoptée. La première par-


tie qu’ils trouvèrent, ou plutôt qu’ils parvinrent à renouveller d’après les anciens, fut la perspective : elle rendit l’art capable d’exprimer le raccourci, & de donner plus d’effet & plus de vérité à ses ouvrages.

Dominique Ghirlandaios, Florentin, fut le premier qui améliora le style de sa composition en grouppant ses figures, & qui, en distinguant par une dégradation raisonnée les plans qu’elles occupent, sut donner de la profondeur à ses tableaux : mais il resta loin de la hardiesse que ses successeurs ont montrée dans la composition.

Vers la fin du quinzième siècle, on vit fleurir à la fois quelques artistes d’un talent supérieur, tels que Léonard de Vinci, Michel-Ange, le Giorgion, le Titie, Barthelemi de S. Marc, & Raphaël ; Léoard de Vinci fu l’inventeur d’un grand nombre de détails dans l’art ; Michel-Ange, par l’étude des antiques & la connoissance de l’anatomie, aggrandit la partie du dessin dans les formes ; le Giorgion améliora l’art en général, & donna plus de brillant au coloris que ses prédécesseurs ; le Titien, par une imitation plus soignée de la nature, mit plus de perfection & plus de vérité dans les tons ; Barthelemi de Saint-Marc étudia particulièrement la partie des draperies, & trouva, en même tems que le clair-obscur, la bonne manière de draper ses figures, & de faire sentir le nud que couvre l’étoffe ; Raphaël, doué d’un talent fupérieur, commença par bien étudier tous tés prédécesseurs & ses contemporains, & unit lui seul toutes les grandes parties qu’ils possédoient separément ; il sut en faire un heureux emploi suivant la vérité de la nature & suivant les convenances, & se forma un style plus parfait & plus universel qu’aucun des peintres qui l’avoient précédé, qu’aucun de ceux qui l’ont suivi. Mais s’il excella dans routes les parties de l’art, il fut surtout supérieur dans celles de l’invention & de la composition, & il est vraisemblable que les Grecs eux-mêmes auraient été frappés d’admiration, s’ils avoient pu voir au Vatican ses chefsd’œuvre, où tant d’abondance se trouve joint à tant de perfection, tant de fini, tant de pureté, tant de facilité.


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