Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/189

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égards. Quoique curieux à l’exc^ des pierres gra.ées, ([uoique foutenus par l’exemple des graveurs Grecs qui vivoient parmi eux, us n’ont eu, en ce genre, que des ouvriers médiocres de leur nation & la nature leur a été ingrate. Les arts illuftroient tn Grèce ceux qui les exerçoient avec fuccès : les Romains au contraire n’employoiencà leurs fculprures que des efcJaves ou des gens du commun (*) De la plus belle pierre gra-ée connue. La plus belle pierre gravée fortie des mains des Grecs, & qui nous Ibit refrée , eft , je fftnfe , la cornaline connue fous le nom de cachet de Michel-Ange. C’ell le plus beau morceau du cabinet du roi de France & peut-être du monde. On dit qu’un orfèvre de Bologne , nommé Augullin Tajfi ^ l’eut après la mort de Michel- Ange & le vendit i la femme d’un intendant de la maifon de Médicis. Bagarris , garde du cabinet des antiques d’Henri III, l’acheta huit-cents écus , au commencement du dernier fiècle, des héritiers de cette dame qui étoit de Nemours : le fleur Lauthier le père l’eut après la mori : de ces antiquaires, & ce font les enfans dudin Heur Lauthier qui l’ont vendue à Louis XIV.

( La cornaline qu’on nomme le cachet de Michel-Ange eft fans doute très-précieufe par le travail , l’étendue de la compofition qu’elle contient dans un fort petit efpace ajoute à fa fingula’iré : mais il efl hardi d’affirmer, ou même d’infinuer qu’elle foit la plus belle des pierres antiques. La petitefle des objets qu’elle renferme femble s’oppofer elle même à ce jugement ; car pour louer la beauté d’un ouvrage, il faut que l’œil puiiTe fuivre le développement de fes parties. Ainfi les vrais juges des arts accoïderont peut-être la préférence à des pierres qui contenant un moins grand nombre de figures & même feulement une figure ou une tête , leur offrent des beautés ■ mieux développées , des beautés rendues & non pas feulement indiquées. Mais on doit admirer, dans le cachet de Michel- Ange , l’adreffe & la patience de l’artifire, & l’on eft étonné qu’on ait pu traiter de fl petits objets dans un temps où l’on ne connoilToit pas les verres oculaires. )

(i) Il faut obferver que le bel âge des arts dans la Grèce étoic paffé, quand les Romains commencèrent aies exercer. Encore les ont-ils peu cultivés par eux-mêmes Ils les abandonnoient à dîs efclaves .niFranchis, ia plupart Grecs de naiflance, mais abbâtardis par la fervitude & l’humiliation. D’ailleurs, il eft vraifemblable qu’on attribue fouvcnç aux Romains des ouvtages médiocigs ds$ Grecs. P I E

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"Des pierres gravées de l’ancienne Rome. Il femble, par ce que nous avons remarqué tout-à-l’heure, qu’il y avoit , parmi les Romains, une forte d’infuffilànce pour la culture des arts. J’ajoute que ce n’eft pas la feule nation qui , pour avoir poffédç les plus belles chofes , & les avoir, en apparence, aimées avec paflion , n’a pu fournir ni grands peintres ni grands fculpteurs. Je n’ai plus qu’un mot à dire au fujet de certaines gravures fur le cryXtal par les modernes.

Des gravures modernes fur le cryjlat. Les graveurs modernes ont grivé en creux, fur des tables de cryftal , d’affez grandes ordonnances d’après les deiïins des peintres, & l’on enchâflbit cni’uite ces gravures dans des ouvrages d’orfèvrerie pour y tenir lieu de basreliefs.

On peut lire dans Vafari les dof^riptions qu’il fait d’un grand nombre de ces gravures qui enrichiffoient des croix & des chandeliers deftincs pour des chapelles & de petits coffres propres à ferrer des bijoux. J^alerio Vicemini en avoit exécuté un qui étoit entièrement de cryftal , & oii il avoit repréfenté des fujets tirés de l’hiftoire de la paflion de Notre-Seigneur. Clément VII en fit préfent à François I , lors de l’entrevue qu’il eut avec ce prince à Marfeille à l’occafion du mariage de Catherine de Médicis , fa nièce, & c’étoit au rapport de Vafari, un morceau unique & fans prix, ( Article de M. le Chevalier nn Jau~ COURT, dans l’ancienne Encyclopédie.) PINCEAU, (fubft. fem.), inftrument avec •lequel le peintre pofe la couleur. On en parlera dans le diftionnaire pratique. Le mot pinceau eft pris dans le fens figuré, pour le réfaltat du maniement du pinceau. C’eft ainfi qu’on dit le pinceau aimable de l’Albane , du Parmefan ; le pinceau fier de Vélafquès , de Jouvenet ; le pinceau léger & fpirituel de Téniers, parce que la manière de peindre de ces habiles maîtres étoit aimable, fière, légère ou fpirituelle.

Avanti l’invention de la peinture à l’huile, on ne mettoit pas grand mérite dans le ma- ? niement du pinceau- S’il y en avoit un reconnu , il fe rédulfoit à la netteté , à la ju(V teffe avec laquelle on devoit en ufer. Le mouvement du pinceau eft prefque perdu dans la détrempe qui ne laiffe guère voir que le trait & les touches de bruns. Le pinceau efi encore plus abforbé dans la frefque ; d’ailleurs par la diftance exigible pour ce genre de pein-’ ture , le maniement ne s’apperçoit pas. Zij