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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/242

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» confidérablement par elle-même , à caufe de » l’extrême raccourci des figures qui approchent du centre.

» De tout ce qui a été dît ci-deïTus, nous » conclurons que la raifon & le goût ne permettent pas que, dans les édifices ordinaires » & faits pour l’ufpge des hommes, les figures, » foit en peinture , foit en fculpture , s’éloignent trop de la grandeur naturelle. Nous » conviendrons cependant que la fatitfaclion » de l’œil , & (urtout l’habitude , peuvent exiger que les figures Ibient plus fortes dans » les lieux où l’on a beaucoup de reculée pour » les voir. Mais il ne s’enfuit pas que cette » augmentation puiffe être portée aux excès dont » on a parlé ci-devant .

» Il eit encore à obferver que la fculpture , » à moins qu’elle ne foit placée dans l’intérieur » d’un appartement, demande à être de la » proportion de llx pieds ; elle repréfente prefque « toujours la nature nue en tout ou en partie : » or, la nature elle-même, dépouillée de vêtemens , paroît plus petite qu’elle ne l’eft en » effet. D’ailleurs la proportion de fix piods » n’eft pas hors de la nature , & le fculpreur » efl toujours fuppolé devoir repréfenter la » nature la plus belle.

» Nous convenons que, dans un bâtiment » très vafte, il peut être avantageux, & même, fi Ton veut, néceffaire d’augmenter la ï> proportion des figures : mais on ne doit » pas en conclure qu’on puiffe étendre cette » licence jufqu’à la difproportion qu’il y a 9 entre une ftatue defix pieds, & une de dix-huit, ou même de vingt-cinq , c’eft-à- dire, » neuf ou feize fois plus volumineufe. Effayons » de trouver une proportion raifonnable qui » concilie à la fois quelque rapport avec ia

  • nature humaine & la loi qu’on croit impofée

par le goût d’obferver quelque relation » avec le eoUcffal de l’édifice. Mais ne perdons point de vue que tout bâtiment eft fait » pour être prélenté à des hommes accoutumés » à juger de la grandeur de leurs femblables » à toutes fortes de diftances ; de forte que » fi .l’on employé des figures colloffales, ils » les jugeront toujours telles à quelque diftance , à quelque hauteur qu’elles puilTent » être. Si nous prenons des dimenfions plu : » grandes, ce n’efl donc pas dans la vue de » les tromper, mais afin que les beautés dont » la fculpture ell fufceptible nefbient pas perdues par le trop grand éloignement. » On conviendra que, dans une nef d’environ quarante-deuv pieds, telle que celle » de l’églife SaintSulpice, des figures defix, » pieds feroient Tuffifantes. Il cft vrai que M. » Bouchardon leur a donné quelque choie de

?> plus ; mais il efl : vrai auill qu’elles paroiffenc 

P R O

» un jSeu fortes, lorfqu’on ne prend pou ? » reculée que la largeur de la nef ; à plu» » forte railbn , si on les regardoit du milieu » du ch«eur où elles font placées. La nef de » Saint-Pierre de Rome eft le doublede celle-ci. » Quelle fera donc la proportion des figures » qui y convicndroit f

» Si l’on cherche une règle peur la fixer, . » dans le problême d’optique dont jufqu’ici on " » a fait ufage, on trouvera des proportions » monftrueufes , fur-tout pour celles qui feront » placées à diverfes hauteurs, ainfi qu’on l’a^ » fait voir. Si on la cherche dans la perCpective , on trouvera qu’il faut doubler la graadeur de la figure dans une diftance double , » pour avoir la même apparence. Mais comme » il faut obferver en même temps que nous » combinons naturellement la grandeur de » l’image de la figure avec la difïance où nous » la voyons, & que par conféquent fila figure » efi : grande, nous la jugerons telle ; que d’ailleurs s’il efl vrai qu’on pourra voir cetta » figure de la plus grande diftance que donnfe » la nef, on pourra la voir aufli de phifieurs » points beaucoup plus prochains ; qu’en mê-M me temps donc que celui qui feroit placéau » point le plus éloigné, n’y trouveroit peut-être rien d’exceflif, celui qui s’en trouveroit plus proche feroit choqué d’une aufli » grande difproportion avec la nature humaine ; » il s’enfuit qu’il faut prendre un milieu entre » ia grandeur de, fix pieds & celle de douzen c’efi-àdire, que les figures feroient d’une » grandeur convenable , fi elles avoient neuf » pieds ; que celui qui les verroit de près » çxcuferoit leur grandeur à caufe du lieu » vafre où elles font placées , & que celui » qui les verroit du point le plus éloigné fentiroit que fi elles lui paîoiffsnt fufceptibles » de pouvoir être plus grandes, c’efl parce » qu’il en feroit fort éloigné. Cette diminution » l’aideroit à juger de la grandeur de l’efpace >5 & il concevroit fur le champ que l’églife )3 eft d’une grandeur extraordinaire. L’effet » qui en réfulteroit, feroit l’étonnemênt que » produit toujours lamajefté de l’édifice ; étonnement qu’ont droit d’exçirer Jes grandes » chofes , & que l’on n’éprouve dans Saint-Pierre de Rome, qu’après des réflexions qui » fuivent l’examen des détails.

» Mais quelle que foit la grandeur que l’on » voudra fixer aux figures, c’efl-à-dire , ou » la proponipn que nous propofons , pu même » une plus grande encore , il fera toujours 5) ridicule de l’augmenter à mefure qu’elles » s’élèveront. Ces figures font, en quelque » manière, les habitans fiftifs de cet édifice, » & ne doivent point grandir , à quelqu’étage » qu’on les place. Il en cft de même des » figures que les peintres exécutent dans les y plafonds j


plafonds ;