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les ombres reflétées qui sont plus près de la fenêtre, il arrive que ces ombres, qui sont plus éloignées de lui, sont plus reflétées que les autres ; mais c’est parce que la lumière ne parvient pas également jusqu’au fond de la chambre ; elle est plus forte près de la fenêtre, & les reflets qu’elle envoye sont plus clairs aux endroits où elle a plus de force. » Mais si. l’on se place de manière qu’on ait la fenêtre de côté, on verra reparaître l’esset des devans plus refletés que les fonds.

Il se trouve quelquefois, mais rarement, dans les objets du premier plan, des ombres, ou plutôt des touches, qui ont plus de force que les ombres éloignées. Ce sont des effets qu’on peut se procurer quand ils semblent nécessaires ; mais it faut observer que ces touches ne se trouvent que dans des enfoncemens qui ne peuvent recevoir ni la lumiere immédiate du ciel, ni celle que refletent les objets environnans.

« Dans tout ce que j’ai dit, ajoute M. Cochin, j’ai fait abstraction de toutes les couleurs locales, & j’ai considéré tous les objets de la nature comme s’ils n’en avoient qu’une seule, parce qu’il y a quantité de cas particuliers qui résultent de la différence des couleurs, quoiqu’ils soient cependant toujours soumis à la loi générale ; seulement elle est moins sensible alors. Les couleurs les plus claires réfléchissent plus de rayons, & les couleurs brunes en réfléchissent d’autant moins qu’ell’s sont plus foncées. Si les couleurs brunes se trouvent sur le second plan du tableau, leurs ombres seront encore plus obscures qu’elles ne le seroient ; ainsi l’effet dont je parle des ombres éloignées plus fortes en deviendra encore plus sensible. Si au contraire les couleurs les plus brunes sont sur le devant du tableau, & que les objets qui sont sur le second plan soient de couleurs claires, alors il arrivera que les ombres les plus fortes du tableau seront sur to devant, par cette raison de la diversité des couleurs : mais le principe subsiste également. Les couleurs locales claires, qui sont sur le second plan, auront toujours des ombres plus obscures qu’elles n’en auroient eu, si elles se fussent trouvées sur le devant, & les couleurs brunes, qui sont sur-le devant, auront des ombres plus refletées qu’elles n’en auroient eu, si elles se fussent trouvées sur un plan plus éloigné. »

M. Cochin n’auroit pas besoin de cherche dans les ouvrages de l’art des exemples qui autorisent une théorie démontrée dans la nature : il l’appuye cependant sur la partique constante de l’aul Véronèse. « Dans tous les tableaux dit-il, que j’ai vus de ce maître a Venise


j’ai toujours remarqué quo les grouppes du devant du tableau sont traites de reflet. Les touches même qui s’y trouvent sont plus foibles que les ombres des grouppes qui sont sur le second plan. Le Guide a suivi cette règle dans plusieurs de ses tableaux ; je ne dirai pis dans tous, car je ne les ai pas tous examinés dans cette idée. »

Notre artiste entre dans le détail des avantages que doit procurer à l’art l’observation de principe. La plus grande force les ombres étant rejettée sur un plan plus reculé, donnera plus d’étendue à la perspective aërienne, puisque l’on comptera plusieurs plans avant d’arriver à l’ombre la plus forte, & qu’ensuite il estera un grand nombre de plans de dégradation, au lieu que dans la pratique contraire, passe à la dégradation en partant du premier plan. D’ailleurs l’œil n’aura pas l’embarras de tous, ces trous de noir, de toutes ces touches qui troublent le repos, parce que le ombres les plus fortes étant éloignées, offriront des bruns en grandes masses & sans touches, & que les reflets rendront celles du devant médiocrement sensibles. Enfin on évitera de faire des tableaux noirs, & cependant on pourra les faire vigoureux.

Et il ne faut pas craindre que les premiers plans du tableau ne se tirent pas assez en avant : car it n’est pas ici question des couleurs particulières de chaque objet. Quoique les ombres soient tendres, ces couleurs peuvent n’être point foibles : elles auront au contraire d’autant plus de vivacité qu’elles seront plus voisines de l’œil.

Il n’en est pas de même quand on est réduit au noir & au blanc, comme dans la gravure : on est quelquefois obligé de tirer les premiers plans de dessus leurs fonds par quelques touches on quelqucs contours. Mais cet inconvénient de la gravure, & du monochrome en général, ne peut empêcher la peinture de mettre à profit tous ses avantages.

(Article extrait de M. Cochin).

RÉSOLU, RÉSOLUTION (adj.), (subst fem.) La résolution dans l’art est, comme dans tout, une qualité contraire à l’indécision. Elle s’applique le plus ordinairement aux effets du clair-obscur, à l’expression des formes au choix des attitudes, & enfin au méchanisme de l’art.

Par rapport au choix des lumières & des ombres dans on tableau, dans une estampe, & dans on dessin, ce qui est résolu répond au partito des Italiens. Nous rendons aussi, ce mot en françois par parti ; un ouvrage d’un grand, d’un beau parti, ont une signification à peu-prés égale avec le mot résolu.

Un ouvrage d’un effet résolu est celui donc les masses fièrement exprimées accusent d’une


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