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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/321

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«juer îcî lé tfavers de la fuperflîtîon : elle eût faic.à des artiftes un crime capital d’ajouter à Pinduftrie de leurs ancêtres quelques perfections nouvelles , & elle permettoit au peuple d’adorer le vil objet de la paflion dépravée d’un Souverain. Elle faifoit un crime de ce qui méritoit des récompenles, & elle érigeoit un crime trop réel en un de’oir religieux. Au relie, il ne faut pas confondre l’ Anti-nous Egyptien , aveq le faux ou vrai Antinoiis , dont la flatue eft comptée au nombre des plus célèbres antiques du fécond ordre , dont les moules ont été multipliés , & l’ont fait connoître dans toute l’Europe, & dont les copies en petit fe trouvent dans tous les atteliers ; , où , par corruption , on nomme cette figure le-Landn. Cet ouvrage eft regardé comme le chef-d’œuvre de ce qui nous eft refté

de la fculpture romaine : mais c’eft peut-être 

gratuitement que nous en faifons honneur à l’art des Romains, & rien ne peut nous affiirer que ce ne foit pas l’ouvrage d’un Grec employé par les vainqueurs de fa nation. Les Egyptiens ne pouvoient connoître l’anatomie , puifque celui même qui ouvroit les corps pour les embaumer étoit obligé de fe fouftraire par la fuite à la fureur du peuple : autre égarement de la fuperflitionquiordonnoit l’ouverture des cadavres , & menaçoit ceuxqui faifoient cette ouverture. Interdire l’étude de l’anatomie , c’eft attaquer les arts dans leurs fondemens, puifque fans la connoiffance desos qui font la charpente du corps hîimain , & des mufcles qui donnent aux dinérentes parties du corps le mouvement , on ne peut attendre aucune jaftefle , aucune expreflion , aucun caraftère , aucune vérité dans les formes. ’ ; Malgré la conftance des Egyptiens à leurs vieux ufages , & les barrières qu’ils imposèrent à toute perfeâion nouvelle , on diftingue cependant chez eux, félon "Winckelmann, deux ftyles diftVrens qui appartiennent à deux époques bien marquées ; la première^. de ces époques conduit jufqu’à la conquête de l’Egypte par Cambyfe ; la féconde , depuis cette «enquête jufqu’à la domination des Grecs, c’efl-à-dire , ju’qa’aux temps qui fuiyirent la mort d’Alexandre.

Dans le premier ftyle , continue Winckelmann, les lignes qui forment les contours font droites & peu faillanres : la pofition efr roide & gênée. Dans les figures affifes, les pieds (ont ferrés l’un contre l’autre , & les jambes parallèles ; dans les figures qui fonrdébout& pofent fur leurs pieds , l’un avance pluj que l’autre. Les bras adhérens aux côtés, s’opcofent à tout mouvement. Les figures de femmes n’cnt qu’un bras pendant fur le côté ; le bras gauche eft. pilé fous le fein. On voit, de ce ftyle , plufieurs figures accroupies , & d’autres à genoux, SCU 5if

Les os & les mufcles font foîblement indiqués : on n’apperçoit c[ue ceux qui ne peuvent même échapper aux perfonnes qui confidérent , même avec une très foible attention, la figure humaine, fans qu’elles foient d’ailleurs inftruites , par aucune oonnoifTance anatomique , de 1 exiftence de ces os ou de ces mufcles. On peut conjeflurer que les loix qui étoient impofées par la religion aux Egyptiens pour l’imitation de la figure humaine , n’avoienc rien prononcé fur celle des animaux. On connoît des fphynx & des lions égyptiens dans lefquels on admire un bon travail, & même ujj travail favant. On y voit la variété des contours, le coulant des formes, les attachemens des parties , le fentiment des mufcles & des. veines. C’étoit donc fe :»lement dans l’exécution des animaux , qu’il étoit permis aux artiftes de montrer de l’art.

Dans les têtes égyptiennes, les yeux font plats & tirés obliquement , au-lieu que , dans les têtes grecques , ils font enfoncés dans leur enchâffement. L’os fur lequel pofe les fourcils eft applati ; d’où réfulte , en fculpture , des têtes fans effet & fans caraftère. L’os de la joue eft faillant & fortement indiqué ; le menton eft toujours rapetiffé & tiré. Ces caraélères conftans ne doivent pas être attribués au goilt ; des artiftes, mais au genre particulier de phyfionomie qui étoit le plus général dans la nation. On n’en peut dire autant de quelques autres vices non moins eonftans des figures égyptiennes : les oreilles y font ordinairement placées à une hauteur qui n’eft pas dans la nature. On peut de même accufec d’exagération la forme des pieds , qui font trop large» & trop applatis. Enfin , fi chez les artiftes de l’Egypte on peut trouver de l’idéal , ce n’eft point dans la beauté, mais dans la défeéluofité.

Les figures d’hommes font ordinairement nues , à l’exception d’un tablier court & à petits plis qui eft attaché autour des hanches. Le vêtement des figures de femmes n’eft indiqué que par un bord faillant qui entoure les jambes & le col. C’efi ce qu’on peut voir à trois ftatues confervées au Capitole , dont l’une paffe pour une îfis.

A l’une de ces figures, il part du mammelon plufieurs traies ferrés qui s’étendent fur les mammelles, & que. l’artiilc a deftinés vraifemblablemsnt à indiquer l’étofFe légère d’un voile.

On’ voit à la Villa- Albani , une Ifis d’ua flyle queWincîieiman juge poftérieur. Elle a fur les mammelles des plis tendans à une même direclion, & qui font d’ailleurs fi peu marqué. ’-, que îe fein paroît être nud^ En général } les draperies de ces figures fsnt fi foiblement indiquées, que , faas une attemiofi particulier»