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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/333

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ils s’écancnt de la ligne horizontale -qui leur cft prel’ciite ; ils forment fur cette ligne deux feclions par des ligtes tr.anlVerfale.î , & dé :ruifent l’harmonie qui rêrulte de l’unité. Si la bouche efl : placée de travers., elle forme une ligne qui ne s’accorde point avec celle des yeux , & cette difcordance entre les lignes que fiiivenc les parties de la face , en détruit l’acccrd , ik devient une difFornuté. Le nés, vu de profil , doit fuivre la direction du front : il ne forme avec lui qu’une même ligne dans les belles têtes antiques. S’il s’écarte de cette ligne par une autre qui, prolongée , la coupe tranCverfalement , ou par des courbes qui forment des boffes , des fmuofités ; fi la pointe , hauffie ou baiflee , n’eft pas fur 1= ; plan de fa racine, alors les lignes fe multiplient &c détruilént l’accord de la , beau’é.

Il en efl : de même d’une bouche gonflée [comme celle des Afriquains, ou d’une bouche ,trop enfoncée. La première offre une tumeur

vicieufe ; la féconde s’oppoCe à un arrondiffement

qui feul détruit la monotonie : car les iformes, dans la nature, fe varient, tendant 1 toujours à la ligne droite ou à la ligne ciriculaire, & ne décrivant parfaitement l’une ni l’autre.

I Les modernes fe font affez généralement ’écartés de la beauté régulière & fiblime que les anciens ont étudiée, &z dont ils ont fait l’objet de leurs imitations. Une forte de beauté, moins conforme aux loix que nous venons Id’établir, moins fage, moins auftère , plus i agaçante, & par conf^qucnt plus capable d’opérer fur les fe’ns , les a éloignés de celle iqui infpire le refpeft & fcmble défendre le defir & interdire l’efpcrance. Ils ont même fouvent donné la préférence à ^cette qualité qu’on appelle gentitleRe , 8c quî , en s’eloi- ■gnant de la regularké des formes, femble

promettre auiïi de s’éloigner de celle des

imœurs. Ce font leurs paiïions qui ont jugé la (beauté, & elles ont accordé le prix à celle iqui paroifibit moins éloignée de les fatisfaire. ■On a cru voir le beau , où l’on voyoit la Ipromefle de la volupté. Encore plus amis des phifirs que de l’art, les jeunes artifles , dans l’effervefcence de leurs pafllons , s’attachent ■de préférence aux perfonnos qui font naître en eux le defir, & promettent de le contenter. ’Elles les attirent par les plaifirs qu’ils en attendent , Plies continuent de leur plaire par ceux qu’elle ? procurent , & femblent d’autant plus belles , qu’elles flattent davantage les fens. Ils s’accoutument à regarder avec une •forte d’indifférence la beauté fé/ère qui ne promet rien , & dont la décence fait expirer le defir : elle efl : belle, leais elle q’a pas la I

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beauté quî plaît, parce qu’elle a celle qui fe fait refpefler.

L’artifls récompense la beauté imparfaite des plaifirs qu’elle lui a fait goûter en la tranfportant dans toutes les produftions de fon art , en donnant fes traits aux Déeffes févères , aux irapofantes héroïnes. C’efi d’elle feule que fon imagination eft remplie , c’eft elle quî reçoit conftamment fes hommages ; il ne lui relie plus de tributs à payer à la beauté parfaite. Ses fens ont dégrade fon goût & fon intelligence , & par eux il dégrade l’art lui-même.

On a vu des artilîes en qui le fentiment del’orgueil a détruit celui de la beauté : tel paroît avoir été Michel-Ange ; il a préféré le defir de montrer toute fa fcience , à celui de repréfenter la beauté. Partout il vouloit faire parade de fes études anatomiques. Si Vénus s’étcit préfentée à fes rega’ds , il ne l’auroit conlidéiée que pour l’ecorcher en imagination , & tracer fur fes cartons les mufcles de la DéefTé, qu’il n’auroit pas manqué de renflée & d’exagérer. L’idée du fort, du terrible, abforboit en lui celle du beau : il auroit tranfformé les Grâces en robuiics villageoifes ; ou plutôt dans les formes, dans les expreffions, dans les mouvement, il créoit une nature imaginaire qui n’avoir rien de commun avec la belle nature.

Le Bernin a fuivi une route différente. Il a étouffe, dit Winckelmann , le fentinien-c du beau à force de vouloir flatter les fens grof- (lers. C’étoit par des expreffions triviales qu’il croyoit ennoblir des formes empruntées du naturel le plus bas. Ses figures reffémblent à dea parvenus de la lie du peuple, & l’expreffion qu’il leur donne eft fouvent en contradiélion avec l’aclion qu’il leur fuppofe. Lui feul pouvoir imaginer de placer dans un temple la tê ;e qu’il a donnée à Sainte -Thsrèfe ; elle conviendroit mieux, ou plutôt elle conviendroit feulement à une Icène de débauche : l’expreffion ne peut en être dfiignée que par uîi mot confacré au libertinage : il a choifi piour repréfenter l’extafe de l’amour divin, celle de la paulon la plus lubrique , dans l’inflant oà elle fe fatisfait.

En parlant de la beauté, nous nous fommes principalement arrê-és , avec ^Yinc !^-elmann , a la tête, qui eft furtout le fiége d’où elle exerce fon empire ; mais elle n’eil pas moins remarquable dans toutes les parties, & : furtout dans lés extrémités. Quoique le temps ait confervé peu d’extrêmiiés des antiques, on fait que les artiftes de la Grèce cherchoient à donner^ à ces parties intéreffantes la plus "grande perfeftion._ Une main du jeune âge doit avoir un embonpoint modéré : des petits trous oà l’articulation des doigts offrent, par S f ij