Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/401

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ï’efl bien rendu compte de ce qu’il y a de principal dans une partie qui fait l’objei : de Ion étude, c’eft parce que ce caraèlère priiiciptl excite e» fon ame une leniation vive, qu’il exprime ce caraflère avec fencimeni :. Comme l’orateur prononce avec fentlment , une vérité capitale dont il eft bien pénéa-é , comme l’on accent eft alers plus appuyé, plus vif,_ plus véhément , de même l’artifte qui veut imiter un objet de la nature, employé les moyens de fon art pour appuyer , en quelque forte , davantage, pour acculer avec plus de force, pour rendre d’une manière plus frappante, ce qui contribue furtout à bien exprinicr l’apparence de ce qui caradlérife principalement cet objet. Exprime-t-il ce caraftère par un trait ? on reconnoît qu’il l’a conduit d’une main plus vigoureufe, qu’il l’a plus fortement appuyé dans la partie qui annonce principalement ce caractère. Frappc-t-il une touche ? il lui donne une fermeté qui annonce le /intiment dont il étoit rempli. N’a-t-il qu^unjentiment incertain fur l’objet qu’il imite.’ Il le rend avec mollefle. Son trait , fa touche partagent Tindécifion de fa penfée. L’indécifion ., la molleffe , Ibnt le contraire de ce que, dans l’art, on exprime par le mot fentiment. Le.fentiment eft toujours accompagné de fermeté ; mais la fermeté ne fert qu’à diflîmuler l’ignorance, quand elle n’eft pas le réfultat d’une fenfation jufte imprimée par l’objet’ imité , & d’une connoiffance parfaite de cet objet, fans laquelle il ne peut exciter que des fenlàtions incertaines. (L. ) SFUMATO (adj. Italien pris fubftanti-Tement. ) H confifte dans une manière de peindre extrêmement moëlleufe, qui îaifTe une certaine incertitude fur la terminalfon du contour , & fur les détails des formes quand on regarde l’ouvrage de près ;mais, qui n’occafionne aucune îndécifion quand on fe place à une iufte diftance. Cette manière eft agréable & exprime bien la nature, qui , à une certaine diftance, nous montre les objets avec une forte d’indécifion , parce qu’ils font enveloppés de plus ou moins de vapeurs. Cependant quoique le mot sfumato lignifie proprement enfumé ^ il ne faut pas croire que pour atteindre à la qualité agréable de peindre sfumato , il faille repréfenter les objets comme fi l’on ne les appercevoit qu’au travers d’une fumée : c’eft alors l’excès de cette qualité, & elle devient vicfrufe. Le Guère hin a bien faifi le point jufte du sfumato ; Grimoux a quelquefois approché de l’excès.

Le sfumato exclud la t^jalîté dont nous venons de traiter dans le précédent article, & que nous avons exprimée par le mot fentiment. La carrière de l’art eft fi vafte, qu’on peut la parcourir avec gloire , fans que les S G R

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concurrens s’y rencontrent les uns les autres, & des couronnes y font promifes aux athlètes donc les qualités font les plus oppofées. La condition des prix eft de bien rendre les apparences de la nature, & il y a mille manières différentes de voir & de faifir ces apparences. La nature montre les objets plongés dans le milieu aérien qui les enveloppe -, telle eft l’apparence que faififTent les artiftes qui peignent sfumato. •Les différentes parties qui compofent les objets ont un caraftère qui leur eft propre : & c’eft ce caraftère dont font principalement frappés les artiftes qui l’expriment avec fentiment. (L.) SGRAFITTO, peinture alfgrafitto ; c’eft une manière de peindre introduite par le Polidore , & qui a été abandonnée après lui : le procédé en tenoit plutôt de la gravure que de la peinture. J^oye^ Égratigsè.

SILENCE (fubft. mafc.) Comme on dit qu’il y a du tapage dans un tableau, pour exprimer qu’il y a beaucoup de mouvement, on dit audi qu’il y a dans un tableau un grand filence , un beau filence ^ pour exprimer que la compoiition en élt lage ainfi que l’effet, que le tout-enfemble met l’ame du fpeftateur dans un état de calme dont il fe plaît à jouir. Le filenct fuppofe de la modération dans les mouvemens , & de la douceur dans l’effet. Il ne s’accorde point avec le grand éclat du coloris. C’eft plutôt dans les écoles de Rome ou de Lombardie qu’il faut chercher un aimable filence, que dans les écoles brillantes de Veçife ou de Flandre. (L. )

SIMPLICITE (fubft. fem.) Cette qualité, jointe à la beauté conditue le grand. Dès qu’on s’éloigne de lafmplicité, on abandonne le grand pour tomber dans l’apparat. Le grand ftyle fuppofe lajimplicité dans toutes les parties -, dans le fujet, dans les formes, dans les attitudes , dans les ajuftemens , iJans la compofition , dans l’ordonnance, dans les acceflbires, dans les effets, dans la couleur. Rien de fimple au contraire n’entre dans le ftyle d’apparat ; tout^y eft brillant, riche, faftueux. Le ftyle fimple & grand fuppofe une grande ame dans celui qui le poflède, un grand goût dans celui qui l’applaudir. Le ftyle d’appaia ; procure des fi’ccès plus faciles & plus univerfels. mais une gloire moins durable. A Rome, dit Mengs, où l’on a confervé plus qu’ailleurs le goût antique , on méprife cette variété d’objets qui font, parleurs différentes couleurs , le charme des tableaux du Titien , & l’on cherche au contraire à rendre les compofitions auffi fimples qu’il eft polTible. (L. )

SINUEUX (adj.) Ce mot n’appartient pas