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se rendre utile aux artistes. Nous croyons devoir le suivre préférablement aux autres écrivains qui ont traité le même sujet, mais qui n’avoient pas le même but, & à qui les connoissances de l’art étoient même absolument étrangères. En le prenant pour guide, nous nous permettrons quelquefois d’ajouter à son récit.

Les femmes, dans des temps fort anciens, portoient des vêtement de lin, de coton & d’autres étoffes légères ; il est prouvé aussi qu’eiles se vêtirent de drap. Dans les temps postérieurs, elles portèrent de la soie & même des étoffes tissues d’or. Les hommes, même avancés en âge, portoient des tuniques de lin peu de temps avant la guerre du Péloponèse.

Soit que les anciens statuaires se conformassent à ce qu’ils avoient le plus souvent sous les yeux, soit qu’ils cherchassent à imiter ce qu’ils trouvoient le plus favorable à leur art, on voit qu’ils aimoient à employer la toile pour les draperies de leurs figures.

Il ne faut pas croire que chez les anciens, l’usage de la toile fût aussi rare qu’on le pense communément. Le plus ancien des historiens, Hérodote, rapporte que les Grecs tiroient du lin de l’Egypte & de la Colchide. On sait que les prêtres d’Egypte en étoient vêtus : on sait que c’étoit avec une robe de lin qu’on descendoit dans l’antre de Trophonius. Dans l’Elide, on cultivoit & l’on mettoit en œuvre le plus beau lin. En Italie, les Samnites portoient des vêtemens de toile dans leurs expéditions. Les Ibériens de l’armée d’Annibal avoient des tuniques de lin teintes en couleur de pourpre. Enfin Varron, cité par Pline, remarquoit que les femmes de la maison des Serranus ne portoient pas de robes de lin, & il n’auroit pas observé cette circonstance comme une singularité, si l’usage du lin n’avoit pas été ordinaire dans les autres familles.

Les étoffes légères en coton & travaillées dans l’île de Cos étoient célèbres chez les Grecs. Elles servoient au vêtement des femmes ; au moins fut-il des temps où les hommes n’auroient pu en faire usage sans passer pour des efféminés. Ces étoffes étoient quelquefois rayées, quelquefois ornées de fleurs. Il paroît que les anciens ont connu la toile de coton claire & transparente que nous appellons mousseline, & une étoffe de soie semblable à nos gazes.

Il est vrai que la soie fut connue bien plus tard que le lin & le coton. L’usage ne s’en répandit à Rome que sous les Empereurs. Le tableau antique qu’on appelle la noce Aldobrandine représente des figures vêtues d’étoffes de couleurs changeantes. Ces mêmes couleurs, que n’admet ni le coton, ni le lin, ni la laine, se remarquent sur les copies des peintures antiques que l’on conserve au Vatican & sur plusieurs peintures d’Herculanum. S’il étoit bien certain que la soie n’a été connue en Europe qu’après les temps de la république Romaine, il seroit prouvé que le tableau de la noce Aldobrandine, & les originaux des peintures conservées au Vatican, n’ont été faites que sous les Empereurs.

Les anciens statuaires, & en général les artistes de l’antiquité, paroissent avoir employé de préférence les étoffes légères ; mais il est prouvé par quelques statues antiques, qu’ils ont aussi quelquefois fait usage du drap pour les draperies. C’est ce qu’il est aisé de reconnoître à l’ampleur & aux formes des plis.

Les anciens, & sur-tout les Romains, lorsque, sous les empereurs, ils le livrerent à un luxe effréné, ont fait usage d’étoffes d’or. Mais la manière dont elles étoient fabriquées ne leur laissoit pas assez de souplesse, pour qu’on pût les imiter avec succès dans les ouvrages de l’art. Les anciens ne savoient pas, comme les modernes, couvrir d’une très mince lame d’or un fil de chanvre ou de soie ; mais c’étoit avec un fil d’or pur qu’ils faisoient le tissu de leurs riches étoffes. Elles devoient être d’un grand prix, mais inflexibles ; elles ne pouvoient former que de gros plis d’une roideur désagréable, & qui ne se mouloient pas sur les formes du corps. Pendant que Winckelmann étoit à Rome, on y découvrit deux urnes funéraires, dans lesquelles on trouva des habits faits d’un fil d’or pur. Ces restes de l’antiquité auroient mérité d’être conservés, mais les propriétaires les firent fondre aussitôt. De l’étoffe trouvée dans l’une de ces urnes, on tira quatre livres d’or. C’est du moins ce que déclarèrent les moines du collége Clémentin, dans la vigne desquels elle fut déterrée. Winckelmann doute de la justesse de cette déclaration. On conserve dans le cabinet d’Herculanum quelques pièces de galon d’une fabrique semblable à celle de ces étoffes.

La tunique étoit le vêtement de dessous pour les deux sexes, & répondoit à notre chemise. Les Grecs lui donnoient le nom de chiton. La tunique n’étoit pas fendue sur le devant comme le sont nos chemises d’hommes ; elle étoit assez ouverte pour se passer comme les chemises de nos femmes, & on l’attachoit au dessus des hanches avec une ceinture.

Nous suivrons l’ordre que nous trace Winckelmann pour le costume des vêtemens, & nous commencerons par ceux des femmes.

Il observe que, dans leurs vêtement, il faut distinguer trois pièces différentes ; la tunique, la robe & le manteau. Il remarque que la tunique se voit à plusieurs figures déshabillées ou endormies, telles que la Flore


Farnèse,