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-enfuite légèrement parfondre pour leur donner àe la rondeur & les attacher.

Lorrqu’on étoit afTez heureux pour avoir une couleur foncée & folide , on n’avoît aucun moyen pour l’éclaircir & en faire une fuite de nuances différentes ; fi par malheur cette couleut devenoit plus foncée au feu & ne le trouvoit plus d’accord , i] ne refloit pas d’efpérance de pouvoir raccommoder ce défaut. Si une couleur le trouvoit dégradée par le feu , on ne pouvoir y remédier en mettant une autre couleur par dcflus , puifque cette dernière la’fToit toujours apprrcevoir les défauts de celle qui étoit deffbus ; ies reflets & les coups de lumière qui donnent de la rondeur & de la vérité aux objets, étoient toujours mal exécutés. Des couleurs cjui s’é'endoient trop& s’imbiboient dans les fonds ; des fentes iv des œiUers qui furvenoient dans les feux ; tout contribuoit à défoler un artifte, qui voyoit perdre ou devenir défeélueux, en moin,’, de deux minutes, un ouvrage qui lui avoir covlté cjuelquefois philieursmoisde travail. On ofe aff’urer qi ;e le blanc , don ; on va donner la compofirion , remîdie à tous ces inconvéniens , & que , par fon moyen , le peintre en email pourra compofer une palette de couleurs avec autant d’étendue & : de facilité qu’un peintre à l’huile. Il fe mêle également bien avec toutes les couleurs, fans leur donner aucune épaiffeur ;il leur donne même de la force, & ■ les met en état de (butenir tous les feux fani fe dégrader. On n’eft point obligé de ménager aucune partie des fonds, & l’on peint large ; ce t]ui fait que la peinture paroît mieux empâiée & plus mnëileufe. Ce blanc s’cmploye trèi-facilement ; ainfi on peut, par Ton moyen , rehauffer les couleurs & donner des coups de lumière où le peintre en a befoin. S’il arrive que quelques-unes des couleurs n’ayent pas réufli , on peut peindre par defTuS Se raccommoder l’ouvrage fans que les couleurs qui font deflbus , puiffent nuire. Si , en paffant l’ouvrage au feu , il arrive qu’il fe fafle un œillet ou quelque fente, on perce l’œillet avec un diamant, on remplit le troti avec le blanc mêlé de la couleur qui convient , on fait pa-rfonjre, & on peint deffus comme s’il n’étoit rien arrivé : on raccommode de même les fentes. Lorlirju’on doute de la qualité de Vémail , dont on s’eft fervi pour le fond , on peut , avant de peindre , mettre une couche de blanc tur toute la pièce , & la faire parfondre enfuite fous lamoufle ; on fènt aiiément que les couleurs deviennent alors plus analogues au fond , & font moins fujettes à foufFrirun changement. D’ailleurs, fl le fond avoit quelques taches , cette manœuvre empêcheroit que les couleurs puiffent en être gâtées.

Puifqu’au moyen du blanc on eft le maître â’é end.e les nuances des couleurs autant qu’on is dciire, il paroît ^u’à la rigueur , furtout lorf-E M A ■

qu’on peint en camayeu , on pourroït fînîr nlJ ouvrage en ne le failant pafTer qu’une fois au feu ; ce qui lëroit un grand avantage , principalement pour la peinture fur la poryelainc. Entre tous les métaux dont les diflblutions donnent des précipités blancs , Tétain paroît le plus propre à fournir le blanc dont on a befoin. On tire des précipités blancs du plomb & du bifmuch qui fe vitrifient aifément ; mais la moindre fubflance étrangère eft capable de les réduire, c’eft-à-dire , do leur reftiiuer leur forme métallique. Il n’en eft pas ainfi de l’étain dont la chaux fupporte un très-grand feu fans fe revivifier ; d’ailleurs , cette chaux fe mêle aifément avec le verre en fufiorî qu’elle rend opaque. blanc & facile à mettre en fonte ; elle a aufli l’avantage d’entrer pour beaucoup dans la compofition de l’émail blanc , fur lequel on peint, ce qui rend le blanc qu’on en tire, plus analogue au fond , & plus propre à s’y joindre. Il n’eft donc plus queftion que de trouver un moyen pour calciner l’étain , de façon que’la chaux enfoit extrêmement blanche. Parmi tous les difiérens procédés que l’on a effayés pour parvenir à ce but , il n’y en a point qui ait mieux réuffi que la calcination de l’étain par le fel marin. Il eft eflentiel que les chaux mé’alliques que l’on employé dans la peinture en émhil^ foient délivrées d’acide autant qu’il eft poïïible ; celui du fel marin eft plusaifeàchaffer que celui du vitriol , & mêtne que celui dû nirre ; d’un autre côté , le fel marin contient une bafe alka» line, très-facile à mettre en fufion, & propre par fa nature à rendre le verre opaque & : blanc par l’extrême divifion dans,laque !le elle eft. » Le choix de l’étain eft important à caufe de » la variation que l’on trouve dans les différens allisges que les potiers d’éta^n y mêlent, » S’il étoit poffible d’en trouver oïl il ny eût n point du tout d’alliage , ce feroit, fan’s contredit , le meilleur ; mais coinme il eft très-difficile de faire venir celui que l’on connoît » en Angleterre foi.’S le xom à’éiain vierge, oa n a.pris le parti de fe fervir de celui que les potif ^rs d’étain appellent cîain heuf ou haitt » doux.

» Pour le fel marin, le pliis blanc eft le meil-r n leur ; on le prend de i’efpéce de celui que n l’on met fur les petits pots de beurre qui vienncnt de Bretagne. Il eft encore mieux, pour n le purger de toutes les falerés qui pourroient « s’y rencontrer, de le faire diffoudre en v^rfaot « de l’eau deffus ; on filtre cette eau en la faifant paffsr au travers d’un papier gris. On la. » met fur le feu dans un vafe de terre ou de » porcelaine bien propre, jufqu’à ce que l’eaa » s’étant évaporée fur le feu , laiffe le fel à fec ; » par ce moyen, il fe trouve très-blanc : oa » met ce fel dans un creufet qui n’ait point encore feryi : on le couvre , j& on le tient au feu