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en terîa’ns endrcîrs. Mais quand le cuîvfe cft d’une dureté convenable, & ; qu’il a été bien plané fous le marteau du cha..dronnier, il eft bien rare qu’il fafTe éprouver à l’artifVedesaccidens fâcheux. C’eft quand il eft mal fcrgé, qu’il confêrve des parties poreufes , & ofrre à fa furt face de petits trous qui gâtent les lumières ou ’ les endroits couverts de travaux tendres & délicats.

Les cuivres deflinés à la gravure , Te préparent par des ouvriers qui s’adonnent entièrement à cette partie , & qu’à Paris on nomme Cuivriers. Cependant fi l’on vouloir graver dans quelque ville où il n’y eût pas de ces fortes d’ouvriers accoutumés à féconder les artiftes , il faudroit que le graveur s’adreflat à un chaudronnier- or-’ dinaire , qu’il le guidât dans fes opérations , & I qu’il le chargeât peut-être lui-même d’en faire une partie.

C’eft le cuivrier qui coupe le cuivre avec des cifailles dans la proportion qu’il doit avoir ; c’efl :

lui qui le forge & le plane à froid, en le frappant 

avec un marteau armé d’acier fur une enclume aulll d’acier. Il ne doit pas fe hâter , ni fe lafTer ,’ trop tôt dans ce travail de la forge , puil’que c’eft ’ ce travail qui unit les parties du cuivre , en refferre les pores , en rend toute la fubfïance égale dans fa fermeté.

Un cuivre d’un pied de long ou à peu près , fur une larg ;eur proportionnée , doitavoirune ligne dVpaiffeur. Cette épaiffeur doit augmenter à mefure que la planche augmente de proportion. Une fort petite planche peut n’avoir guère qu’une demi-ligne d’épaifleur : mais il faut toujours qu’elle ait de la confiftance , & qu’elle ne plie pas fous la main du graveur.

Quand le cuivre efl bien forgé, bien plane, c’eft encore le cuivrier qui lui donne le poli , & dans un endroit oil il n’y auroitpas An cuivrier, ni de chaudronnier fort intelligent, le giaveur feroit obligé de prendre fur lui cette opération, Pour donner le poli-àla planche , on la fixe au moyen de quelques clous . fur une table épailTe & folide. Onehoifit, pour recevoir le poli , le côté du cuivre qui efl : le plus égal & qui offre le moins de gerfures. On en augmente encore i’égaliié au moyen d’un gros ébarboir ou grattoir, bien plus fort & d’une proportion bien plus grande que ceux dont les graveuts font ufkge. Quand la planche a été gratée par tout, & qu’elle n’offre plus d’inégalités ni de gerfures , on la frotte avec un morceau de grès, en l’arrofant avec de l’eau commune. On la polit ainû le plus également qu’il efl poffible, en pafPant le grès fortement dans tous les fens , & en continuant i^e mouiller le cuivre & legrès,jufqu’à ce qu’on ait fait dirparoître entièrement les égratigaures qu’alaifîees le brnniffoir.

Mais’ il efir aifé de fentir qu’un métal fnotté jiyec une fubftance auffi rude que 1^ grèsjoSre Befiux-Ans. Tome IL

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lui-même une furface rude , qui retîendroît Je noir s’il en étoit couvert , & rt efc parconféquenc pas encore convenable à recevoir les travaux da la gravure. Il faut donc faire fuccéder au grès une pierre-ponce fine & bien ehoifie , donc le grain foit médiocrement raboteux & qui faife l’effet d’une lime très-douce. On en frotte le cuivre d^ns tous les fer.s , en l’arrofant d’eau commune. On efface ainfi les traces du grès , puis on lave bien la planche.

Cependant il y refle encore les traces de la ponce , qui , toutes fines qu’elles pufTent erre , nuiroient encore à la gravure. On renouvelle donc encore la même opération avec une pierra douce à aigiiifcr, dont la couleur eft ordinairement celle de l’ardoifs, quoiqu’il s’en trouve aufli de jaunâtres & d’olivâtres : on employa cette pierre avec l’eau , comme le grès & la ponce.

On fait enfuite le même iifage d’an charboa choifi & préparé "de la manière que nous allons indiquer. On prend quelques charbons de faule bien doux, gros, pleins ; & qui ne foient pas fendillés : c’eft de ces fortes de charbons que les orfèvres fe fervent pour fouder , & on peut apprendre d’eux la manière de les connoîire & da les choifir. On en ratiflè bien l’écorce , puis oa les range dans le feu , en les couvrant d’autres charbons allumés & de beaucoup de cendre rouge, enlcrte qu’ils y foient bien exaAement enterrés , & qu’ils puiffent fe recuire fans être décompofés par l’air extérieur. On les laifTe fous cette efpéce d’enterrage pendant une heure & demie , plus ou moins félon leur grofTeur. Il vaut mieux qu’ils y reftent plusquemoins , afin qu’ils foient intérieurement atteints par le feu , & qu’il n’y refte plus aucune vapeur. Quand on juge qu’il eft temps de les retirer, on verfe de l’eau, fraîche dans un vafe , on les y jette enfemble iîc tout ardens , pour qu’ils foient faifis de la fraîcheur de l’eau, comme le feroit une barre d’acier que l’on voudroit tremper , 8c on les y lajfiè refroidir. BolTe trouve que Teau commune l’ufSc pour cette opération ; cependant j’ai vu des cu :«  vriers fort expérimentés qtii préféroient i’urins , 8c qui croyoient que fes fels communiqiient ait charbon plus de mordant. C’eft ccque 1 on pr^-» tiquoit déjà dès le temps de Boflc. Pour achever de polit le cuivre, on prend un de ces charbons, gros & ferme , & qui ne fe foie pas fendillé au feu. On donne à l’un de fes bout» une forme angulaire, s’il ne l’a pas naturelle-ment , & faififl’ant avec fermeté le bout oppofé, on frotte partout le cuivre avec cette partie an^ giileufe, en arrofant fou vent. Peu importe dan» quel fens on faffe ce frottement, pourvu qu’oi| iènt.e que le charbon morde fur la planche, & ; en détruife les raies qu’ont laifTées les pierres dont on l’a frottée. Quelquefois le charbon gliiTa fur le cyivr.e 5 lans erj mordre la furfsçe : alors il