Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60 PEI PEI


imitations naïves de la nature : On ignore l’année de sa mort. Il laissa en bas âge deux fils qui se sont fait un nom dans la peinture ; Jean & Pierre.

De Gheyn a gravé, d’après Breughel le vieux, un paysage orné de fabriques ; Cock une cascade de Tivoli & la laboratoire d’un alchymiste ; L. Vorsterman un querelle de paysans.

Jean Breughel naquit à Bruxelles vers 1589, suivant M. Descamps. On l’appelle Breughel de Velours parce qu’il aimoit à être richement vêtu & qu’il avoit coutume de porter des habits de velours en hiver, ce qui étoit alors un luxe remarquable. Il s’attacha d’abord à peindre des fleurs & des fruits, & ayant fait un assez long séjour à Cologne, il s’y établit une grande réputation dans ce genre. Mais à Rome, il étudia les beaux paysages de cette superbe contrée, joignit à cette étude celle de la figure humaine & des animaux, & ne peignit plus de fleurs & de fruits que comme d’agréables accessoires. Ses ouvrages furent recherchés en Italie ; ils le furent en Flandre où il revint s’établir ; ils ont été répandus dans toute l’Europe. Comme peintre de paysages, il aida Rubens, & fit plusieurs fois les fonds de ses tableaux : comme peintre de figures, il aida Steenwick & Monper & enrichit de figures leurs paysages. Les siens sont de la plus riche variété & de la touche la plus spirituelle. Sa couleur est belle, quoiqu’on lui reproche d’être un peu bleuâtre dans les lointains, & d’avoir quelquefois un peu de crudité. Il etoit heureux dans le choix de ses arbres, dans les formes qu’il leur donnoit. Les plantes, les animaux, les insectes, tout porte le caractère de la vérité. Ses fonds sont riches, sa touche légère, ses figures dessinées & touchées avec esprit. Il finissoit ses ouvrages avec autant de goût que de soin. On n’est pas certain de l’année de sa mort.

Le roi a sept tableaux de ce maître. Plusieurs de ses ouvrages ont été gravés par G. Sadeler.

Pierre Breughel, frère aîné de Jean. On l’appelle Breughel d’enfer, parce qu’il aimoit à peindre des incendies, des effets de feu, des scènes infernales. Il a surtout travaillé en Italie, où il a peint chez le grand duc de Toscane une tentation de Saint Antoine dans un beau paysage, & Orphée jouant de la lyre devant Apollon & Proserpine. On ne connoît ni les détails de sa vie, ni le temps de sa naissance & de sa mort.

Chedel a gravé d’après Breughel d’enfer un embrâsement de Troie ; & Ad. Hubertus, un départ de sorcières pour le sabat.

L’art de peindre se perpétua dans la même famille. Un Ambroise Breughel fut directeur de l’académie d’Anvers, & eut en 1672 un fils nommé Abraham, & surnommé le Napolitain,


arce qu’il a fait un long séjour à Naples. Il se distinguoit dans la peinture des fleurs & des fruits.


(106) Joseph Ribera, dit l’Espagnolet, né à Xativa, dans le royaume de Valence, en 1589. Ses parens qui étoient fort pauvres, eurent beaucoup de peine à seconder l’inclination qu’il montroit pour la peinture : ils parvinrent cependant à le placer chez un peintre inconnu, & quand il eut fait quelques progrès il entreprit le voyage d’Italie. Il étoit à Rome dans une, telle misere, qu’il n’avoit pour subsister que les restes des pensionnaires de l’académie. Secouru par un cardinal, il s’apperçut que l’aisance le détournoit du travail, sortit en fugitif du palais de son bienfaiteur, & rentra volontairement dans sa première pauvreté. Manquan de tout, il alla étudier à Parme les ouvrages du Corrége, & se fit une manière qui tenoit de celle de ce peintre. La jalousie la lui fit perdre. Il voulut faire tomber la réputation du Dominiquin, & choisit, pour y réussir, la manière du Caravage dont la force éxagérée affoiblit toutes les peintures qu’on lui oppose. Il devint dur & sec, comme son modèle qui, dit-on, fut quelque temps son maître, mais il dessina plus correctement. Malgré le défaut dans lequel il tomba par choix, il faut reconnoître que l’Espagnolet fut un peintre d’un rare talent. La haine dont on ne peut se défendre pour le persécuteur du Dominiquin ne doit pas nous rendre injustes.

Il ne se fixa point à Rome où il trouvoit un trop grand nombre de rivaux, & il s’établit à Naples. La faveur du vice-roi lui procura des richesses & un empire absolu sur tous les peintres de la ville.

Son caractère contribua peut-être beaucoup à lui faire adopter une couleur qui se rapprochoit de celle du Caravage : elle convenoit mieux qu’un coloris plus tendre aux sujets terribles qu’il se plaisoit à traiter. Un tableau representant Saint Barthélemy écorché commença sa réputation. Il aimoit sur tout à peindre les tourmens des héros de la sable, les tortures des martyrs, & à porter le terrible jusqu’à l’horreur. Il a fait plus de tableaux de chevalet que de tableaux d’église.

Ses figures sont ordinairement ingénieusement composées, bien drapées & traitées d’un pinceau méplat ; ses têtes sont bien peintes, les détails en sont vrais, les caractères variés. Son coloris plaît par la vigueur plus que par la vérité. Il cherchoit à faire senir la peau, à en exprimer les rides & les plis. Ces détails déruisent la grandeur du dessin ; ils ont été négligés par les maîtres qui ont cherché l’idéal, mais ils plaisent comme une imitation de la vérité, & peuvent être quelquefois bien placés. Son