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%iir graveurs. Nous allons etfayer de prouver fuccintement ces vérités. Après ce que nous venons de dire fur la perfpeitive théâtrale , il feroit fuperfiii de déduire les raifons qui en feroient fentir la nécelTué pour les décorations ; c’eft le genre de peinture où on peut le moins le palTer de rous les détails de la perfpeiiive, puifqu’on n’y peut travailler d’après la nature , & que l’on imi’ation fcrupuleufe peut feule fuppléer la fcieiice dont nous parlons, dansles tableaux de médiocre étendue.

Néanmoins , comme il n’y a pas de points dans l’ouvrage d’un peintre , qui ne fe vcyent en raccourci , il n’efl guère poffible de rien exécuter avec fentiment ’& exailitude , fi l’on n’eft pas pénétré de la perfpeâive. Nousfommcs éloignés de croire que pour peindre une main ou une tête , on doive en faire le plan & l’élévation géométrales , pour enfuhe mettre ces parties mathématiquement en perfpeâive ; mais nous difons que celui qui l’aura bien étudiée , donnera la place à chaque chofe d’-jne manière plus précife & plus facile. Nous difons encore que l’étude approfondie de cette fcience, fait connoître au peintre tous les moyens que lui peuvent fournir les plans dont il peut alors concevoir la multitude, & par-là, il peut rendre immenfes les plus petits efpaces de la fuperficie qu’il doit remplir, & qu’il doit étendre dans tous les fens, pour tromper délicieufemcnt les yeux.

Dans ces temps heureux pour I’Art , où le peintre n’avoir pour but que celui d’inftruire, de toucher & de furprendre par les reffources que donnent la connoidance de la morale , & celle des fciences accefloires de la peinture ; dans CCS temp^ oil le fuc^ès dépendoit plus d’iine étude profonde Hc d’^ne vive fcnfibilité , que d’une hab tude purement pratique ; dans ce.s temps, dis-je , on femoit le prix de la perfpective pour le peintre, au point de le croireà-peuprès nul, quand il ne poflsdoit pas cette fcience. » Autant vauJroit-il mourir, difoit Lomazzo » danâ un’ de fes founers , que de vouloir defliner fans favoir la perfpedive. »

Tanto potria monr, quel che nonfappl In profpettlva dlfignar niente. , , . Quant au ftatuaire , nous ne voulons pas nous occuper à lui proui’er que , par rapport à l’exécution des bas-reliefs, il doit éire fort inftruit de la perlpeâive." Cette difcuffion feioit fuperflue , puifque l’art de faire des bas-reliefs, comme ont fait les modernes, eft celui de faire des deffins en fculpture. Pour nou.s mx’i nous rangeons à l’opinion de ceux qui n’en vifagentpasles bas-reliefs comme une imitation hiftorique j propre à tranfmettreàla poftérité les adi’ons compliquées par jtne repréfentatioii indioative des obj,etSj coWHis P E R ^41

l’ont faît les anciens ; nous croyons que les efforts que font les fculpteurs pour approfondir leurs Icènes par des plans préfentés perfpe^livement , ibnt inutiles. Cependant les objets qui ferventà ce genre de récit, devant montrer dans les fonds, des forêts, desédifices, desponts, &c. rien n’y fera choquant, comme le font beaucoup de bas-reliefs antiques , lî l’artiile a des notions de la perfpeâive. Mais laiffant de côtécette partie de l’art du ftatuaire, ne doit-il pas être delTinateurî Or, rend-on la nature de relief fur une fuperfîcie platte , fans ufer de perfpective , & l’art de copier la nature ne lùppofe-t’il pasaulli l’art de la regarder . ? Affurémenton Ix verra mal,fi, pour en rendre toutes les furfacesy on ignoré comment Se à quelle difiance il faut que l’œil les confidere, afin de les bien apprécier. En vain alléguera-t-on les fuccès desartifles célèbres qui ont ignoré les plus fimples notions de l’optique : c’eft un prétexte à la pareffe , & une autorité pour l’ignorance qui ne tourne ja-» mais à l’avantage de ceux qui la réclamenr. Quelques connoiffances de perfpeâive détermineront aulli heureufement le ftatuaire fur la grandeur qu’il peut donner à Ion ouvrage , fur les formes qu’il doit offrir d’après les proportions des édifices, & les dillances d’où il doit être vu. Par lamême raifon , les connoiffances qui fe puifenn dans les loix de l’optique & de la perfpeélive y. font indifpenfiibles pour l’architeâe. S’il ne juge pas mathématiquement quel eftet doit pro-duire l’enferuble & les détails de fes conftructions par rapport aux endroits d’où Us peuvent’ être regardes, il s’expofe aux erreur» les plu» groilieies, qjelle quefoit la beauté de fon imagination & toute fa profondeur dans les autres par-ties de l’art de bâtir. At.ffi les artrftes qui n’ignorent pas en quoi confifte la belle architecrure qui doit fatre l’ornement des cités, commencent par b’affurerparun deflin perfpeâif ^ de l’effet d’enfcmble de leurs conceptions ; & c’eft d’après ce deiGn qu’ils fondent l’opinion du public qui doit jouir de l’exécution. Quanr au» coupes , aux façades deffinées géométralement ,. on ne peut les ombrer avec jufteffe , fi l’on n’efl pas familier avec le traité des ombres en perspective ; & c’eft cette étude-là feule qui peut faire’ perdre dans les écoles de delTin d’architeéture ji les routines vicieufes qui font employer des om-^ bres & des reflets fi fou vent contraires à- la mar-che de la nature.-

Quoique l’art de la gravure ne s’employe îs’ plus fouvent qu’à traduire les ou-vrages de pein-ture par des moyens étrangers aux peintresmêmes, celui qui l’exerce ne doit pas moins* s’inftruire dans la perfpeétive , je ne dis pas feu-’ lement pour redreffer les fautes contre cette’ fcience qu’il rencontreroit dans un tableau digned’ailleurs d’être tranfmis à la poftérité par fon’ burin i îaais auffi pour faire fuivr© à toutes fef