la même chose, jusqu’à ce que la magnifie reste fondue au fond de la cornue. Suivant Kunckel, une once, ou même un e demi-once de magnésie suffit sur vingt livres de crystal. Cette composition est plus propre aux pâtes & aux émaux, qu’au grand verre.
Rouge transparent & plus beau. On dissout de l’or dans de l’eau régale, qu’ensuite on fait évaporer. On réitere cinq ou six fois cette opération en remettant toujours de nouvelle eau régale après chaque opération, ce qui donne une poudre que l’on fait calciner au creuset, jusqu’à ce qu’elle devienne rouge. Cela arrive au bout de quelques jours. Cette poudre mêlée peu à-peu dans un crystal eu verre en fusion, & purifiée par de fréquentes extinctions dans l’eau, donne au verre une fort balle couleur de rubis.
Rouge de rubis, ou Pourpre de Cassius. Faites dissoudre de l’or dans de l’eau régalé : étendez la dissolution jaune qui en proviendra dans une grande quantité d’eau claire & pure : ajoutez à ce mêlange une quantité suffisante de dissolution d’étain, faite aussi par l’eau régale, & saturée à plusieurs fois. Il tombera quelque temps après au fond du vaisseau, une poudre rouge très-belle & colorée en pourpre. Décantez la liqueur & faites sécher la poudre : faites-en fondre ensuite quelques grains avec du verre blanc ; elle lui communiquera la couleur du rubis. Au reste ce procédé est plus utile à ceux qui veulent faire des rubis factices, qu’à ceux qui voudront produire des tables de verre pour les paneaux des peintres-vitriers.
La difficulté du succès dans la teinture des masses de verre en rouge, ou le haut prix qu’auroit exigé cette teinture, engagea les anciens peintres-vitriers à faire l’essai d’un émail rouge fondant. On le réduisoit en poudre impalpable, on le détrempoit à l’eau, on l’étendoit sur le verre avec une brosse, on multiplioit les couches autant qu’il étoit nécessaire pour obtenir la teinte desirée, & on portoit ces tables de verre ainsi enduites au fourneau, où la couleur étoit cuite & parfondue. On distingue encore sur des morceaux de verre rouge du treizieme ou du quatorzieme siecle, les traces de la brosse avec laquelle on a étendu la couleur. Cette couleur n’est que sur une face du verre, & n’en pénétre pas la masse.
Maniere de colorer au fourneau de recuisson des tables de verre blanc. Le verre coloré en masse, étoit fort cher ; on cherchoit à l’épargner ; on employoit les plus petits morceaux qu’on ajustoit avec du plomb, & le travail du peintre-vitrier ressembloit à celui du peintre en mosaïque : mais quand on eut imaginé de ne colorer en rouge qu’une des surfaces du verre, on
transporta ce procédé aux autres couleurs, & l’art y gagna.
Les opérations dont on va donner le détail on été essayées par le savant Kunckel, & il assure qu’aucune ne lui a manqué.
Email ou Fondant qui sert de base aux couleurs. Prenez trente livres de plomb, & trente-trois livres d’étain : que ces métaux soient bien purs ; faites-les calciner, passez-en la chaux au tamis, & faites-la bouillir dans un vase de terre neuf & vernissé, rempli d’eau bien claire. Lorsqu’elle aura un peu bouilli, retirez-la du feu. Ôtez l’eau par inclinaison ; elle entraînera avec elle la partie la plus déliée de la chaux. Reversez de nouvelle eau sur la chaux qui sera restée dans le vase : faites-la bouillir & la décantez de même. Cette opération le réitere jusqu’à ce que l’eau n’entraîne plus de chaux. Calcinez de nouveau les parties les plus grossieres qui sont restées au fond du vase, & retirez-en, comme la premiere fois, la partie la plus déliée. Faites ensuite évaporer toute cette eau, en donnant un feu lent vers la fin de l’évaporation, précaution nécessaire pour que la chaux qui est au fond ne brule pas.
Prenez cinquante livres de cette chaux & autant de fritte faite avec le tarse & le caillou blanc, bien broyé & tamisé avec soin ; huit onces de sel de tartre, ou plutôt, suivant Kunckel, huit onces de potasse bien purifiée ; mêlez ces matieres, & mettez-les au feu pendant dix heures dans un pot de terre cuite. Après les avoir pulvérisées, vous, les mettrez dans un lieu sec, à couvert de toute poussiere. Cette poudre est la base de tous les émaux fondans.
Verre de fonte, ou rocaille. Le meilleur vient de Venise en forme de gâteaux : il est sans couleur, son épaisseur le fait seulement paroître jaunâtre. On peut prendre aussi des grains de chapelets, verds, jaunes, &c. de l’ancien verre des églises, ou de celui qu’employent les potiers. On réduit la rocaille en poudre très-fine après l’avoir broyée pendant vingt-quatre heures avec du vinaigre distillé.
Voici une maniere de faire la rocaille, donnée par Haudicquer de Bloncourt, dans son Art de la verrerie. Prenez une livre de sable très-blanc & très-fin, avec trois livres de mine de plomb ; pilez le tout ensemble au mortier, & mettez le dans un creuset fort & bien luté. Le lut étant sec, mettez-le dans un fourneau de verrier, ou dans un fourneau à vent, dont le feu soit violent, pour réduire cette matiere en verre.
Telles sont les, préparations des substances qui servent de base aux différentes couleurs propres à peindre sur le verre. Passons aux opérations nécessaires pour la composition des couleurs.
Noir. Partie d’écailles de fer, partie d’écailles