Couleur de chair. Pilez, passez au tamis & broyez ensemble une partie de harderic ou ferret d’Espagne, & une égale partie de rocaille. Détrempez-les dans de l’eau gommée pendant trois ou quatre heures.
Rouge jaunâtre. Une once de ferret d’Espagne, autant de scories ou écailles de fer, deux onces de rocailles ; procédez comme pour la couleur précédente.
Instrumens du peintre sur verre. L’attelier doit être bien éclairé sans être expose à la trop grande ardeur du soleil : il ne doit pas être placé dans un lieu humide, & cependant il ne doit pas être frappé d’un air trop vif.
La table sur laquelle travaille l’artiste, doit être d’une hauteur commode pour un homme qui est le plus souvent assis lorsqu’il opere : elle ne peut avoir trop de longueur, & il est bon qu’elle ait au moins deux pieds & demi de large. Si elle est de lupin, elle doit être encadrée de chêne, & fondement établie fur les pieds.
Le plaque sein est un petit bassin de plomb ou de cuivre ovale qui contient la couleur noire avec laquelle on trace furie verre. Ce bassin doit être un peu incliné, afin que le noir se sépare du lavage dont il est couvert lorsque le plaque-sein est pose à plat.
La drague est une espece de pinceau composé de peu de brins de poil de chevre, longs d’un doigt au moins. Il fers à prendre le trait du dessin sur le verre. On employe plus communément à cet usage une plume qui ne soit ni trop molle ni trop dure.
Les pinceaux sont de poils de gris, les mêmes dont se servent les dessinateurs au lavis.
Les pinceaux qui servent pour la couleur jaune sont plus forts que les autres, plus longs de poils, & même de manche, parce que cette couleur devant être tenue toujours liquide, il faut que le peintre l’aille puiser au fond d’un pot qui a sept à huit pouces de profondeur, & la remue chaque fois qu’il en prend. On couche cette couleur plus épaisse que les autres, ce qui oblige à en charger davantage le pinceau.
La brosse dure est composée d’une trentaine de foies de sangle ; elle a la forme de celle des peintres en huile mais ceux ci en sont usage pour coucher la couleur, & les peintres sur verre pour en enlever le superflu dans les endroits qu’ils veulent éclaircir entierement ou laisser de demi-teinte. On a aussi des antes de pinceaux pointues, & ces pointes servent à enlever la couleur par hachures. Cette manœuvre est utile pour
traiter les cheveux, les poils de barbe, &c.
Le balai est un pinceau de poils de gris fort gros, & se terminant comme les bluffes des peintres à l’huile : c’est-à-dire, qu’il ne fait pas la pointe. Son usage est de balayer sur l’ouvrage sec la couleur qui en a été enlevée avec l’ante du pinceau. Il sert aussi à étendre de grandes teintes.
La brosse à découcher l’ochre a la forme de celle à nettoyer les peignes. Elle est d’usage pour enlever de dessus le verre recuit ce qui y est resté de l’ochre qui a fers de véhicule à l’argent dans la couleur jaune.
Le dessin est placé sous le verre que l’on couvre d’un morceau de plomb pesant environ trois livres pour l’empêcher de se déranger. On couvre de papier l’ouvrage déjà fait pour ne pas le gâter eu opérant.
Manieres de traiter la peinture sur verre. Il y a deux manieres de traiter cette peinture. La premiere convient aux ouvrages de grande proportion. Le peintre porte d’abord fur le verre, avec la couleur noire, le trait du carton : & il établit les ombres avec des hachures faites au pinceau ; ce travail, dans lequel il n’entre que du noir, peut être comparé à la gravure d’une seule taille. L’ouvrage doit sécher ensuite pendant deux jours, après lesquels l’artiste croise ses hachure, comme le graveur qui, après avoir ébauché son travail d’une seule taille, l’approche de l’effet en établissant une seconde taille sur la premiere. Il est d’usage de coucher au revers des pieces, sous les parties qui représentent des chairs, une teinte légere de carnation.
La seconde maniere tient du procédé de la gravure en maniere noire. Le peintre couvre tout son verre d’un lavis noir plus ou moins foncé suivant l’effet du morceau qu’il veut produire. On peut comparer cette premiere manœuvre à celle du graveur en maniere noire, qui graine sa planche entiere. On laisse lécher ce lavis. Ensuite avec une brosse dure & avec l’anteaigue du pinceau, on enleve entierement le lavis des parties lumineuses, on le laisse subsister dans toute son obscurité pour les fortes ombres, on l’adoucit pour les demi-teintes.
Cette premiere opération finie, en couche encore une fois fur le verre un lavis général, on le laisse sécher, & on procede ensuit comme la premiere fois. Enfin on retire le dessin de dessous le verre, on pose le verre lui-même sur un plan incliné, comme un tableau sur le chevalet, & l’on fait sur tout l’ouvrage, à la simple vue, les recherches qu’inspirent la science & le goût.
Maniere de colorier. Le verre traité suivant l’un des deux procédés que nous venons d’établir,